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Interview avec Stella KAMNGA

Pourriez-vous vous présenter, raconter votre parcours et les raisons pour lesquelles vous êtes venue en France?

Bonjour, je m’appelle Stella Kamnga, j’ai 26 ans et je suis étudiante en communication politique en France. Je suis venue en France avec pour objectif faire de grandes études, trouver un travail digne et bâtir une carrière.

Est-ce que, avant de venir en France, vous pensiez que la France était un pays raciste?

En toute honnêteté j’étais partagée. Malgré le fait que ma mère soit professeur de français et qu’elle m’ait enseigné la littérature française, il y avait ce sentiment anti-France toujours présent. On nous a toujours répété que c’est la France qui a tué Mouammar Kadhafi qui voulait créer les États-Unis d’Afrique, que c’est la France qui a crée la guerre en Côte d’Ivoire, que c’est la France qui pilote les chefs d’États africains et qui tue tous ceux qui essayent de la contredire, que c’est la France qui est à l’origine de nombreux conflits ethniques africains, de l’esclavage, de la colonisation, en somme de tous les maux africains. Quelqu’un dans une discussion m’a fait changer d’avis, un Français d’origine camerounaise qui aime ce pays et qui m’a fait comprendre que tant que je n’ai pas encore vécu en France, tant que je n’ai pas encore côtoyé les Français, je devrais m’abstenir de tout jugement et me faire ma propre idée une fois arrivée en France. Une fois arrivée en France, j’ai eu l’occasion de lui donner raison quand j’ai côtoyé la communauté africaine, principalement camerounaise. J’ai alors réalisé que si je devais réussir dans ce pays, je devrais les éviter à tout prix. 

Ces dernières années, l’espace universitaire français a été traversé par les idéologies communautaristes qui essaient d’assigner les gens à leur « race », leur couleur de la peau, leurs origines, leur sexe? Vous vous êtes reconnue dans ces idéologies? 

Les idéologies qui assignent les gens à leur race, couleur de peau ou leur sexe à mon humble avis contribuent à la segmentation de la société. Ce qui fait qu’il n’est donc plus rare aujourd’hui de voir la société être composée de communautés: la communauté LGBT, la communauté « noire » ou « racisée », la communauté juive, musulmane, chinoise pour ne citez que ces exemples là. Je suis déçue et surtout désolée d’assister à cette décrépitude; nous sommes avant tout des êtres humains, chacun avec ses particularités et ses émotions, et je pense que c’est parce que la société a eu du mal à tolérer ces différences que nous nous retrouvons aujourd’hui avec des groupes, des sous-groupes de personnes qui veulent rester entre elles pour ne pas avoir l’impression d’être jugées. Résultat des courses: la courbe de la victimisation a atteint le plus haut sommet des statistiques et malheureusement il devient plus facile pour certains de se plaindre que de se battre pour affronter la vie. 

On entend souvent parler du « racisme systémique » ou du « racisme d’État » en France.  Pensez-vous qu’il existe?  

Le racisme d’État à mon humble avis est aussi réel que le père Noël. En d’autres termes je n’y crois pas une seconde. Cela ne veut en aucun cas dire que je nie l’existence de discriminations envers les minorités, au contraire, je pense juste que ces discriminations n’ont pas vocation à empêcher un individu de s’accomplir dans la société. C’est simple, je pars du principe que si certains y sont parvenus, et bien il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas. Je crois sincèrement que la vie c’est comme un match de football, quand on naît pauvre on commence la partie avec un score de un à zéro; quand on naît pauvre et issu des quartiers difficiles sans famille instruite le score est de deux à zéro; quand on naît pauvre, issu d’une famille pauvre et non instruite faisant partie des minorités, là le score est de trois à zéro; ce qui veut dire qu’avant même que la partie ne commence on a déjà perdu le match. MAIS! Je n’oublie pas la fameuse REMONTADA, la victoire du FC Barcelone face au PSG en 2017 dont le score final était six à un en Ligue des champions quand on pensait que tout était joué. Je crois en une REMONTADA quand tout semble indiquer que le match est perdu d’avance. 

Est-ce que vous trouvez que les notions « blanc »/ « noir »/ « racisé » sont des étiquettes correspondant aux dominés ou dominants? C’est du moins, ce qu’avancent les nouvelles théories dites « décoloniales »

 J’ai l’impression que ceux qui élaborent ces théories fumeuses s’ennuient profondément. Comment voulez vous qu’on me qualifie? j’assume appartenir à la race noire, je suis noire. Autant la nature est remplie de superbes fleurs de toutes les couleurs, autant les humains sont également de plusieurs couleurs c’est un fait. Je suis NOIRE et je ne me sens pas dominée par qui que se soit ou quoique se soit. 

Selon certains  théoriciens, lorsque on est femme, et de plus, une femme « noire » on est une double victime de la domination « blanche ». On est victime, parce que femme dominée par les hommes (on parle de la société française qui serait « patriarcale »). Et on est victime parce qu’on est noire. Donc femme+noire = double victime. Que pensez-vous de cela?

 J’en pense que je suis noire et que je ne me sens pas victime, ni dominée par qui que ce soit ou quoique ce soit. Les femmes en ont fait du chemin depuis le droit de vote jusqu’à présent; pour ma part elles ne sont pas en concurrence avec les hommes et elles ont une force qui leur permet de se surpasser et d’accomplir littéralement l’impossible. Les néo-féministes de maintenant sont complètement mal lunées à mon avis; les hommes sont nos partenaires, pas nos adversaires. Ce n’est pas parce qu’il y a des crapules que tous les hommes sont forcément des crapules.

Il existe dans certaines facultés des ateliers non-mixtes, interdits aux « blancs ». Pensez-vous que cela relève de la lutte antiraciste? 

J’aimerais reformuler cette question: comment réagiraient les Noirs si en 2021 dans une faculté ils n’avaient pas le droit d’assister à un cours parce qu’ils sont noirs? Tous les racismes se valent.

Le combat pour l’égalité entre femmes et hommes passe, pour certains idéologues, par les attaques sur la langue, qui serait victime de la domination masculine. Pour réparer cette « injustice », les  mouvements féministes radicaux ont introduit l’écriture inclusive. Elle n’est pas fondée sur le fonctionnement de la langue mais sur la morale. Qu’en pensez-vous? 

Je le dis comme je le pense, l’écriture inclusive est une idiotie et moi je ne l’utiliserai jamais.

Ne pensez-vous pas que cette écriture clive plus qu’elle ne rétablit la « justice »? 

Je pense qu’il y a tellement d’injustice dans le monde qu’on ne saurait réparer en gribouillant une nouvelle écriture. J’attends de ceux et celles qui se sont lancés dans cette entreprise des actes concrets contre la famine chez les pauvres, la scolarisations des enfants en Afrique notamment celle des jeunes filles, l’éducation des femmes, la formation des jeunes, la lutte contre le terrorisme et  j’en passe. L’écriture va très bien et n’a besoin de rien. 

À votre avis, pourquoi, actuellement, on assiste à cette montée des idées qui sentent le racisme primaire et qui viennent des gens qui se disent « antiracistes »?

Il est beaucoup plus facile de reporter ses échecs personnels sur un tiers que de les assumer. Les prétendues victimes de racisme systémique, je vous parie ce que vous voulez, elles n’assument pas leurs choix de vie, généralement celles qui accusent la police ont toujours quelque chose à se reprocher. C’est pour ça qu’il est important de savoir se remettre en question, d’être toujours positif et de se dire que peu importe la difficulté, on va y arriver. 

Est-ce que vous avez rencontré des étudiants qui pensent comme vous et qui croient à l’universalisme à la française?

J’ai effectivement rencontré plein de personnes qui pensent comme moi. Même si les progressistes (NDLR: les wokes) sont plus nombreux, notre nombre est quand même conséquent et j’encourage les jeunes à plus de lucidité.

Est-ce que vous avez subi des pressions sur vous ou sur d’autres étudiants qui partagent vos idées?

Je reçois en effet des menaces sur mes réseaux mais aucune d’elles ne saurait me faire ployer le genou, mes convictions sont plus fortes. 

Quel message voudriez-vous adresser à vos concitoyens français ou, à plus forte raison, aux étudiants?

Ne vous laissez ni abuser ni dépasser par les idées dites progressistes. Le progressisme (NDLR: le wokisme) est un cancer qui prend du terrain et qu’il faut stopper avant qu’il ne soit trop tard. En outre, nous sommes nombreux issus de l’immigration qui vous comprenons, qui vous défendons, et surtout nous ne nous sentons pas représentés par les têtes de gondole qui parlent au nom des minorités en termes de victimes éternelles. VIVE LA FRANCE!

Merci à vous pour ce témoignage!

Collectif

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