fbpx

Le castor.e et sa rongeur.e, fable pour enfant

par XLS

On rappelle que le castoreum est une huile médiévale utilisée en médecine pour tout guérir issue de la capacité de l’animal à s’auto-mutiler les génitoires en cas de danger.

Il n’y a pas de rougeure honteuse, et c’est très bien, même si pour ce qui me regarde je déteste me gratter la virilité – surtout en public – alors que parfois la féminité me démange, même dans le métier. C’est de la belle ouvrage ? C’est une peu forte ? Remarquez bien que pour être homme, je ne déteste pas l’humanité, toute féminine qu’elle puisse être. 

J’avais une amie, docteure de clinique vétérinaire, qui élevait une rongeure castore et un sauterelle. Abstracteure de quintessence, elle farfouillait, avec une amie batteure dans un groupe de jazz, les recettes d’autrefois pour y trouver les ficelles qui guériraient les aviateures du mal de l’air grâce à sa cobaye et à l’insecte. Son mari, professionnel du basculeur bimoteur, était sage-homme à l’hopital. Désespéré de se voir ainsi préférer une batteure, une castor, une aviateure et un sauterelle, vira son cutiréacteur et se mit à faire le pute. Ce qui ne manqua pas de faire jaser la public du département de gynécologie, où il ne tarda pas à se tailler une réputation d’homme de mauvaise vie. Son ami d’enfance, qui était esthèticien au cabinet d’épilation voisin de l’hopital, lui prépara un bon gâteau dont l’abaisse ne prenait pas. « D’abaisse à abbesse – lui dit-il – il n’y a qu’un pas, que tu devrais franchir : plutôt que de faire le pute, pourquoi ne ferais-tu pas curé ? » « Curé ! lui dit le sage-homme, plutôt mourir. Sœur, à la rigueur ! » « Un sœur au couvent ? Mais tu n’y penses pas » « Et pourquoi pas – s’énerva Monsieur l’impétrante – les droits de l’homme ne disent rien à ce propos. » « De l’homme, peut-être… mais de l’abbesse, je ne sais pas ». C’est fâchée que notre héroïne s’en retourna au bois, avec l’air furieux d’un homme prêt à tout, d’une femme aussi. Un homme-sage de mauvaise vie qui traîne au bois tard le soir ne manque pas d’attirer les regards de ses consœurs qui, pour se moquer, l’appelait monsieur la reine. Et après tout, se disait-il, si une femme peut être conseiller, pourquoi un homme ne serait-il pas Reine ? 

Et la castore, alors ? la cobaye et sa copine le mâle ? Pendant ce temps, le sauterelle et son amie rongeure sirotaient des roteuses, que leurs ami-e-s ni roteures ni roteurs, leur servaient avec admiration. « Alors comme ça, vous connaissez une docteure mariée à un sage-homme qui fait le pute en attendant d’être élu sœur, ou reine ? Mais alors, la docteure ne sera-t-elle pas un jour Monsieur la Roi ? Madame la frère ? Quelle chance vous avez, les enfantes – toi aussi sauterelle ». « Merci, oui, tu as raison, nous connaissons de la belle monde ! Je pense que nous irons chez la coiffeure avant toutes ces cérémonies » Rien n’était fait bien sûre, mais on avait la possibilité de rêver. « Ca tombe bien », lui répondirent la remmailleuse et la repasseuse qui siègeaient en face d’elle – et de lui, « il y a un cabinet d’esthéticiens en face de l’hôpital ».  « Passe-moi l’agrafeur, je prend l’adresse et je ne veux pas la perdre » « Tiens, l’ami-e ». Et voilà que l’on retrouve le chemin du tapineuse.

Celui-là ne perdit pas de temps, et la monarchie n’étant plus, il s’était inscrit sur les listes d’électeurs et d’électrices, puis sur les listes de candidats et de candidates qui se présentaient aux fonctions de président et de présidente. Afin de gagner les faveures en jouant les flatteures de quelques illustres personnages, le tapineuse s’en alla sur le champ de course de sa municipalitée ou madame la maire, mère amère émérite de deux bouseuses sans le sou, s’adonnait à sa vice préférée, le pari. La maire vicieuse veille, et parie sur la trotteure de son choix avant que la trotteuse ne marque l’heure où la baroqueuse autrefois coqueleuse qui fait l’arbitresse sur l’hippodrome tire le coup fatidique qui voit la fermeture des paris. La guichetière alors, mais le guichetier aussi – entendons-nous bien – rembarrent les parieur et les parieuses en convoquant les gardes et les gardesses qui veillent au grain – et à la graine – afin que tous, et toutes, rentrent dans les rangs – ou les rangées, c’est selon.

Le pute astucieux s’approche obséquieux et lui tend une main amicale sous le prétexte fallacieux de lui parler d’une amie violoneuse commune, alors que la bougre ne voulait jamais que lui vendre son projet d’être pair du royaume, enfin députée. « Un pute, pair ? », s’exclama la maire, « n’est-ce pas un peu curieuse ? » « Que voulez-vous que je vous réponde, Maire. Je suis seule, et c’est trop peu pour être paire ; et père, ma femme préfère les castores ».

La docteure en effet avait définitivement fait sa coming-out, et avouait à qui voulait l’entendre, que le sauterelle est ingrat, et la castore, sympa. « Laissez-moi faire un discours, je suis bonne discoureuse, et vous verrez, j’emporterai la foule, et le foulon. » « Le foulon ? – rétorqua la maire hagarde – Qu’avez-vous donc contre la foulonne ». « Rien, au contraire ! Je prends l’accon et je reviens ». « L’accon ? qu’avec vous contre la … » La maire fut interrompue par le départ des trotteures que la trotteuse imperturbable avait contraintes à y aller. « Je reviens, donc » dit celle qui tenait son poste par agnation. La batelier sur l’accon lui fit franchir le fleuve par deux fois, le ramenant de l’autre rive avec un beau discours. L’homme sage apostropha la foule, et le foulon : « Chère Foule, Cher foulon, Chers amis, Chères amies, Chères consœurs, chers confrères, avant-main, avant-mine, catin, catine, putain, putine, aujourd’hui est une grande journée qui verra vaincre le pute du bois au con sacré consacré sœur par ses frères d’errance et reine par ceux que la cognation n’effraient pas. » A ces mots, la foule et le foulon ne se sentirent plus de joie et élirent notre prostitué au rang de Monsieur la Maire, cette dernière ayant fini jockeyeuse pour trotteure spécialisée.

C’était le début d’une longue carrière de pair de la natione qui commençait. Et l’abstacteure ? Par trop abstraite par sa tache difficile, elle voulut devenir la nouvelle dey goy d’Alger, refusant de faire la lad pour l’amère maire d’autrefois. La castore, pas funkye pour un sou, s’en fut avec une grizzlye groggye, dont la huskye était amie d’une disce-jockeye d’un speakeasy où le whisky coulait à flot. Son aïeuse, en effet, cul-terreuse avait acheté un bout de terrain où elle avait pu devenir l’entrepreneure entreprenante de travaux attendus par la population, mais aussi les habitants, de la ville, pour ne pas dire du coin. 

La morale de cette histoire, c’est qu’à bien y regarder, il est difficile de dire que la modification politique des genres en langue soient un fait de simplification. Mais je doute d’avoir été convaincant.

Xavier-Laurent Salvador

Xavier-Laurent Salvador

Linguiste, Président du LAIC