Rapport de l’Observatoire
redoutablement efficaces. À l’heure où l’on voit des disciplines comme l’ancien français (essentiel pour
comprendre mille ans de littérature) disparaître des maquettes comme le latin avant lui et de nouvelles
studies coloniser les amphithéâtres, un point de rupture a été dépassé et il devient essentiel de faire
connaître ces questions hors du cercle fermé de l’Université. Les analyses de l’Observatoire du
décolonialisme et des idéologies identitaires nourriront le débat.
étudiants ne rencontrent plus les chercheurs qui font les programmes. Les classes préparatoires sont
affranchies des équivalences que déterminait la seule Université ; certaines écoles peuvent délivrer un
doctorat ; des organismes para-universitaires contrôlent la formation des enseignants. L'Université est
donc dépouillée de sa prérogative, la certification des diplômes, qu’elle partage alors avec des
institutions concurrentes.
responsabilité » y est désormais implanté. Ses ravages dans l’Enseignement Supérieur sont identiques à
ceux que l’on constate dans le milieu hospitalier. Or la Recherche est un enjeu national. Ce n’est plus
vraiment le cas : les orientations stratégiques sont déterminées par des incitations financières à répondre
à des projets dont les cadres sont préconçus par l’Europe qui, comme l’a récemment montré notre
collègue Bernard Rougier dans Le Point, utilise ce moyen « pour imposer un modèle multiculturel81 ». La
logique incitative de son financement repose sur une série d’appels cadrés par les instances : les
financements s’obtiennent en s’inscrivant dans des « cadres » qui font la part belle à l’intersectionnalité
et au décolonialisme. Le démantèlement des filières de validation scientifique classiques au profit de
logiques d’évaluation et de « reporting » menés par des comités anonymes ouvre la porte à toutes les
demandes sociales ou politiques qui deviennent le critère principal des gestionnaires cherchant à flatter
les responsables publics. On obtient alors à l'université une synthèse du pire de ce que peuvent produire
la planification bureaucratique et le management capitaliste. Dans ce contexte, nous avons alerté dans
une tribune collective sur la montée du mouvement décolonial qui répond parfaitement aux incitations
européennes. En effet, à la faveur du délitement des missions, des chercheurs militants confondant
propagande et recherche ont investi le monde académique et procèdent à une occupation méthodique
des postes-clés : élections de présidents et des conseils universitaires, commission de recrutements pour
la cooptation des jeunes Maîtres de Conférences et recrutements de vacataires ou d’allocataires de
bourses de thèses contraints de suivre un mouvement qui leur promet la sortie de la précarité.
80 Tribune parue dans Le Figaro du 8 février 2021
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