Le Décolonialisme dans le Supérieur
La précarité des postes pèse lourdement sur les orientations scientifiques puisqu’elle transforme des
fonctions autrefois indépendantes en fonctions attachées. Au plan national, le taux de contractualisation
des emplois administratifs est de 38,8% du total des postes82. La filière dite ITRF c’est-à-dire des
personnels détachés de l’éducation nationale pour travailler dans les services est passé de 50% des
emplois il y a 20 ans à 36% aujourd’hui83.
Le domaine de l’enseignement n’est pas épargné et la carrière du chercheur libre au service de l’État-
stratège est devenue un Graal inaccessible : songeons que l’âge moyen d’entrée dans la carrière est de 33
ans ; l’âge moyen de la soutenance de thèse est de 29 ans. Aussi, la précarisation des emplois va
grandissant et la stabilité des équipes de recherche est remise en cause. À cette situation financière peu
favorable au développement d’une recherche de long terme s’ajoute une mécanique électorale
clientéliste : à l’Université, que l’on soit précaire ou titulaire, on vote souvent ; mais on ne vote pas pour
un représentant, comme c’est d’ordinaire la règle, mais pour un chef de service susceptible d’accorder
emplois, primes et augmentations. Pour ceux qui ne rentrent pas dans cette logique, des phénomènes de
censure, d’intimidation et de discrimination politique ont été instaurés, créant ainsi des clivages inédits
qui forcent l’alignement idéologique des jeunes doctorants sur des courants politiques légitimés par le
nombre d’obligés et de vacataires recrutés.
C’est dans ce contexte qu’intervient la promotion de la LPR consistant entre autres à supprimer
l’étape de « qualifications nationales » pour les Professeurs. Jusqu’alors, les recrutements des chercheurs
sont conditionnés par l’examen devant le Conseil National des Universités (CNU). Bien que loin d’être
parfait, ce mécanisme assurait le développement national et homogène de l’Institution. Ce ne sera
désormais plus le cas. Les militants du décolonialisme et de l’intersectionnalité seront dorénavant libres
de poursuivre leur entreprise d’accaparement de l’Université au gré de politiques locales. Pour répondre
à de pseudos-besoins territoriaux - en réalité politiques - ou favoriser l’implantation de filières
innovantes, les présidences clientélistes pourront sans rendre aucun compte favoriser cette orientation.
Une telle évolution fait peser une menace non négligeable sur le recrutement des professeurs du
secondaire de demain, puisqu’un n’oublions pas qu’un étudiant de 2021 peut devenir professeur certifié
en 2025. Si son cursus de formation n’est plus harmonisé ou n’est plus composé que d’études
intersectionnelles et décoloniales, qu’enseignera-t-il demain en classe ?
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