Rapport de l’Observatoire
Le CNRS et l’islamo-gauchisme : histoire d’un déni
telles que « racisme systémique », « théories du genre » ou « islamophobie » sont employées
communément. Frédérique Vidal a réagi en employant les mêmes mots que le ministre de l’Éducation
Nationale Jean-Michel Blanquer pour le même constat alarmant. Plutôt que d’acter la réalité des choses,
la CPU et le CNRS renvoient le Gouvernement à des « propos de comptoir ».
intellectuelle. Certes, « islamo-gauchisme » est bien un terme d’usage polémique plutôt qu’un « terme
scientifique », mais que peut bien vouloir dire qu’il « ne correspond à aucune réalité scientifique » ? Les
rédacteurs du communiqué du CNRS ont oublié que la réalité n’est pas scientifique : il existe, en dehors
de la science, une réalité que les sciences prennent pour objet d’étude. On peut donc critiquer autant
qu’on voudra le terme « islamo-gauchisme », cela ne permettra pas de conclure à l’inexistence de la
réalité qu’il désigne : la convergence de fait entre certains groupes d’extrême gauche et des mouvances
islamistes. Comme le disait Juliette à Roméo : « Ce que nous appelons rose embaumerait autant sous un
autre nom. »
d’un directeur de recherche au CNRS, Pierre-André Taguieff ? Nous renvoyons à la tribune que ce
dernier a publiée dans Libération le 26 octobre 2020, « Aux sources de l'“islamo-gauchisme”», pour une
mise au point sur la valeur descriptive de l’expression et les querelles de mots qu’elle suscite. La fixation
sur l’« islamo-gauchisme », qui n’est qu’une donnée du problème, envenime le débat et masque
malheureusement l’enjeu fondamental : l’emprise croissante des idéologies à l’université qui entrave la
libre création des savoirs et censure la transmission des connaissances.
devenir une instance de contrôle des universités. La seconde raison, c’est qu’il est effectivement loin
d’être épargné par les dérives idéologiques. Quand le CNRS fait un rapport, par exemple, sur la
pandémie de Covid-19, le sociologue Éric Fassin y contribue pour développer ses vues sur
84 Texte élaboré à partir d’un entretien publié dans Le Figaro.
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