Rapport de l’Observatoire
central des thèses. Il ne nous appartient de juger du fond, ni de la forme : un jury s’est réuni, et le travail
est validé. Le florilège ne vaut que par l’accumulation des extraits dont l’emphase souligne un
vocabulaire dénotant une idéologisation assez forte autour des notions de race, de genre et d’écriture
inclusive. Par delà l’hyperspécialisation caractéristique de l’exercice, il est intéressant de voir que ce
vocabulaire redessine un monde très simple, reposant sur des concepts explicatifs tout aussi simples
dont la portée analytique est confuse. Des métaphores, comme « l’invisibilisation », sont prises au pied
de la lettre comme si la figure était la réalité qu’elle connote. Le monde ainsi simplifié ne correspond
pas à une réalité complexe. Enfin, on remarque l’abondance d’occurrence de concepts exprimés en
anglais : l’emprunt en l’occurrence n’est jamais expliqué.
(Dé)Construire la race chez les diplômé.e.s
diplômé.e.s du supérieur
l’enseignement supérieur en France. Elle s’appuie sur une enquête qualitative par entretiens
biographiques menés entre 2017 et 2019 auprès de diplômé·e·s de Master, né·e·s en France de parents
étrangers, ou arrivé·e·s en France pour leurs études. Elle met en perspective les parcours d’hommes et
de femmes d’origines diverses (Afrique du Nord et subsaharienne, Asie, Amérique du Sud, Outremer,
Europe), et de trajectoires sociales variées. Cette recherche interroge les variations dans les récits, et met
en lumière le processus de conscientisation du rapport de race, en interaction avec le rapport de classe
et de sexe. Dans ce travail, la conscientisation désigne un processus continu de traitement cognitif d’un
signal, lequel conduit, dans un contexte donné, à interpréter une situation comme racialisante ou non.
L’enquête montre que les caractéristiques sociales, politiques et migratoires des enquêté·e·s, leur degré
d’exposition au risque discriminatoire ou l’idée de « frustration relative » ne suffisent pas à expliquer
pourquoi certain·e·s enquêté.e.s interprètent leur expérience en termes de race et de racisme, quand
d’autres ne le font pas. L’hypothèse principale défendue dans ce travail met l’accent sur le rôle de la
socialisation dans la conscientisation des rapports de race. Mon travail discute et précise alors la notion
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