Le Décolonialisme dans le Supérieur
science et ses divers domaines d’application comme la technologie et la médecine. Nous avons vu ses
effets dévastateurs dans l’idéologie identitaire nazie qui a mis les sciences exactes et la médecine sous
camisole identitaire. Les physiciens Johannes Stark et Philippe Lenard, tous deux prix Nobel, voyaient
dans la théorie de la relativité et la mécanique quantique une science juive étrangère à l’esprit allemand.
Les « Hygiene Institute » avaient promu l’hygiène raciale et le corps médical collaborait activement à la
pureté raciale. Dans le camp communiste, ce furent les aberrations d’un Lyssenko, qui voyait dans la
génétique mendélienne une excroissance de l’esprit bourgeois incompatible avec le constructivisme
social communiste. En dehors du destin tragique du généticien Vavilov, cela avait causé des famines et
des milliers de morts.
l’horizon et signalaient la tentation d’une nouvelle emprise idéologique sur les sciences. La notion de
« décolonisation de la science » avait fait surface, exemplifiée par le mouvement « Science must fall »
venant d’Afrique du Sud et promu par des étudiants de l’université de Cape Town16. Une vidéo assez
insensée était apparue sur les réseaux sociaux qui prônait la destruction totale des acquis de la science
désignée comme science blanche. Cela a été repris dans un article qui affirmait notamment que
« L'image coloniale de la science comme domaine de l'homme blanc continue même de façonner la
pratique scientifique contemporaine dans les pays développés » puis « Le racisme scientifique flagrant
du XIXe siècle a maintenant cédé la place à l'idée de l'excellence en science et en technologie qui est un
euphémisme pour l’obtention de financement, l’obtention des infrastructures et le développement
économique. »17.
empêché la publication d’un commentaire dans le journal prestigieux Nature sous la plume d’une
certaine Linda Nordling pour justifier le mouvement décolonisateur de la science18. Si l’auteur n’est pas
d’accord pour détruire toute la science, comme œuvre de l’homme blanc, elle est néanmoins en faveur
d’une décolonialisation, selon elle, plus subtile. Selon les mots de l’auteur de cette tribune « La
décolonisation est un mouvement visant à éliminer, ou du moins à atténuer, l'héritage disproportionné
de la pensée et de la culture européennes blanches dans l'éducation. Il ne s’agit pas seulement
d’augmenter le nombre de scientifiques noirs, bien que cette « transformation » raciale soit une partie
importante du processus. C'est aussi démanteler l'hégémonie des valeurs européennes et faire place à la
philosophie et aux traditions locales que les colons avaient écartées » et « Dans les sciences naturelles,
cela se complique, car le sens de la décolonisation n'est pas bien défini et sa pertinence est contestée. La
16 https ://www.youtube.com/watch?v=C9SiRNibD14
17 Deb Roy R. Decolonise science – time to end another imperial era (2018). (https ://theconversation.com/decolonise-science-time-
to-end-another-imperial-era-89189).
18 Linda Nordling L. How decolonization could reshape South African science. Nature, 554, 159-162 (2018)
58