Le Décolonialisme dans le Supérieur
déterminisme structurel, ajoute une dimension supplémentaire. Parce que le racisme fait
progresser les intérêts à la fois des élites blanches (matériellement) et des gens de la classe
ouvrière (psychiquement), de larges segments de la société sont peu incités à l'éradiquer.
sont les produits de la pensée et des relations sociales. Non objectifs, inhérents ou fixes, ils ne
correspondent à aucune réalité biologique ou génétique ; les races sont plutôt des catégories que la
société invente, manipule ou évite selon les cas. Un autre développement, un peu plus récent, concerne
la racialisation différentielle et ses nombreuses conséquences. Des universitaires venant du droit ou des
sciences sociales ont attiré l'attention sur les façons dont la société dominante racialise différents
groupes minoritaires à différents moments, en réponse à des besoins changeants tels que ceux du
marché du travail. La notion d'intersectionnalité et d'anti-essentialisme est étroitement liée à la
racialisation différentielle - suivant l'idée que chaque race a ses propres origines et son histoire en
constante évolution. Aucune personne n'a une identité unitaire unique et facile à définir. Tout le monde
a des identités, des loyautés et des allégeances potentiellement conflictuelles et qui se chevauchent. Un
dernier élément concerne la notion d'une voix unique de « couleur » coexistant dans une tension
quelque peu inquiétante avec l'anti-essentialisme. Le statut de minorité, en d'autres termes, accorde le
droit pour parler de race et de racisme »( donc à certains et non à tous, note de l’auteur).
antirationalisme ; anti-Lumière ; rejet de l’égalité au sens classique, du libéralisme (aux Etats Unis cela
est plutôt vu comme une valeur de gauche socio-démocrate) et de la neutralité du droit ; obsession de la
construction sociale ; référence aux penseurs du marxisme culturel (Gramsci) et aux penseurs post-
modernes (Derrida) ; racisme comme état normal de la société ; déterminisme structurel ; convergence
d’intérêt ; expériences vécues (« lived expérience ») et subjectivisme comme base de la connaissance (et
non l’analyse rationnelle) et intersectionnalité. La CRT propose, aux dires de ses promoteurs, une vision
cohérente du monde basée sur la théorie du conflit où les groupes en conflit sont divisés selon les
lignes raciales et engagés dans des relations de pouvoir. Cette vision est proche du cauchemar
hobbesien : un monde en guerre permanent, qui trouverait sa résolution dans une utopie confuse
irréalisable et irréaliste. Un autre aspect est l’essentialisation de la race, en dépit du pseudo-anti-
essentialisme proclamé en raison du concept fourre-tout d’intersectionnalité. La race est la ligne de
démarcation entre les différents groupes : elle marque l’individu dès sa naissance et elle est permanente
et infranchissable. Ce livre date déjà de quelques années, mais sa diffusion dans le grand public est
récente (voir le succès des livres de R. diAngelo38 et I.X. Kendi39, deux militants vulgarisateurs de la
38 DiAngelo R. Fragilité blanche. Les Arènes (1 juillet 2020), 245 pages, ISBN-13 : 979-1037500717
39 Kendi IX. Comment devenir antiraciste. ALISIO (9 septembre 2020) , 413 pages ISBN-10 : 2379351104
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