Le Décolonialisme dans le Supérieur
l’enseignement pour mieux décoloniser les programmes. Ainsi en histoire, il faut « enseigner la
racialisation du monde », puisque « les savoirs sur l’homme au XVIe siècle s’organisent autour de
l’invention des races », en lien avec l’histoire de la colonisation. Il faut également éduquer les étudiants
pour qu’ils deviennent de bons militants, à l’instar du groupe Black Lives Matter très actif à Sciences-
Po. Le mot d’ordre est de « faire des Universités des lieux où ces questions soient pensées, enseignées,
militées, diffusées ». Pour conclure, le directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration se
réjouit que la Sorbonne aille dans la bonne direction.
Sorbonne Université, VALE, « décoloniser l’imaginaire »
réception de la littérature postcoloniale : vers une “décolonisation de l’imaginaire” ? » Christine Lorre-
Johnston (Sorbonne Nouvelle) Cette présentation commencera par rappeler certains aspects
problématiques de la réception de la littérature postcoloniale ; on évoquera les travaux de Graham
Huggan sur « l’exotisme postcolonial » en Occident (2001), et ceux de Sarah Brouillette sur la
convergence entre des ouvrages postcoloniaux jugés exotiques et la demande d’un marché cosmopolite
globalisé (2007). Face à cet état de fait, comment sortir des clichés ? La notion de « décolonisation de
l’imaginaire », pour reprendre l’expression de Marie José Mondzain (2020), constitue une piste
d’ouverture essentielle, qui implique « l’accueil de l’étranger » plutôt que son exotisation. Cette
décolonisation passe souvent par un jeu sur les effets d’exotisme, ou un dialogue avec eux, qui ont pour
objectif de questionner la construction du regard posé sur l’autre. Pour illustrer ce processus,
j’aborderai le motif du cheveu africain dans Americanah (2013), le roman de Chimamanda
Ngozi Adichie, et dans Somnyama Ngonyama (2012- ), une série de photographies de Zanele
Muholi. Le cheveu, à la fois très public (visible de tous) et très privé (il fait partie du corps), est
une interface sémiotiquement chargée. C’est d’autant plus le cas pour le cheveu africain tel que
perçu par les Occidentaux, que ce soit dans une situation coloniale, postcoloniale ou post-esclavagiste.
Bien que s’inscrivant dans des contextes différents, ces deux œuvres nous interrogent sur la manière
dont les relations de race sont incorporées, et nous rappellent la violence et la portée de la colonisation
dans ses différentes formes.
62 https ://vale.sorbonne-universite.fr/?tribe_events=sem-vale-06-05-21-c-lorre-la-reception-de-la-litterature-
postcoloniale-vers-une-decolonisation-de-limaginaire
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