Le Décolonialisme dans le Supérieur
« appelé à l’annulation de ce type de manifestations ». La demande émanait de l’ANCMSP,
Association Nationale des Candidats aux Métiers de la Science Politique.
Les organisateurs ont répondu que « le droit de grève est un droit fondamental mais aussi une
liberté qui doit être respectée et laissée à l’appréciation de chacun. Nous respectons les chercheurs
qui renoncent à leur participation et décident de faire grève ; cependant, il n’est pas question de
céder à quelque forme de pression qui nous conduirait à annuler purement et simplement la
manifestation alors que la majeure partie des participants s’est organisée pour venir et participer ».
Le colloque a été maintenu.
Pressions pour suspendre les enseignements
Le 23 janvier 2020 est posté un mail d’un enseignant sur la liste de diffusion de l’EHESS : « Cet
après-midi la "section FERC Sup CGT de l'EHESS" vient de publier un communiqué à propos du
blocage du 105 boulevard Raspail. On peut y lire ce paragraphe : "Le maintien d'un certain nombre de
séminaires, notamment de tronc commun, a amené les assemblées générales des masterant⸱e⸱s à
décider du blocage du 105 boulevard Raspail ce matin. Si le maintien de votre séminaire s'inscrit
dans la conviction que le regard des sciences sociales est plus que jamais nécessaire face à
l'amplification des violences institutionnelles, sociales et policières, vous êtes plus que bienvenu⸱e⸱s
pour envisager en assemblée générale ou auprès du comité de mobilisation d'autres formes de
production et de circulation du savoir universitaire."
Ces deux phrases sont sidérantes. D'abord le blocage du 105 a été décidé après de nombreuses
affirmations, tant par écrit que dans les AG, du respect de la liberté de celles et ceux, étudiants compris,
qui souhaitaient maintenir leurs séminaires. Ensuite la déclaration qui soumet l'exercice de cette liberté à
une adhésion au point de vue des bloqueurs sur les sciences sociales et, mieux encore, à la proclamation
"en assemblée générale" ou "auprès du comité de mobilisation" d'une volonté d'abandonner
l'enseignement de la recherche au profit "d'autres formes de production et de circulation du savoir
universitaire", est une manière de penser et d'agir – de pensée de l'action – plus qu'étonnante dans
notre Ecole. N'est-il pas profondément contradictoire de s'opposer à la LPPR au nom d'une défense
de la liberté de chercher et d'enseigner et, d'un autre côté, dans le cadre d'une mobilisation contre ce
projet de loi, de prétendre peser sur le contenu même des enseignements de celles et ceux qui ne
92