Le Décolonialisme dans le Supérieur
Menaces de perturbation d’un débat
l’UFR de Droit et Sciences politiques de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, le 27
février 2020 : la projection au cinéma UGC du dernier film de Roman Polanski, J’accuse, suivie d’un
débat avec un historien (Bertrand Joly), une sociologue (Dominique Schnapper) et une juriste (Nathalie
Wolff). Le motif invoqué est que l’auteur du film a été accusé de viols : « A celles et ceux qui nous
dirons (sic) qu’il faut séparer l’homme de l’artiste, de l’œuvre, nous répondons que nous refusons de
nous soumettre à ce principe patriarcal et élitiste qui encourage le pardon pour les puissants. Nul
violeur, aussi puissant et influent soit-il, ne devrait échapper à ses crimes, qu’il soit cinéaste, auteur,
homme politique, producteur, milliardaire... ». Elles appellent à un rassemblement devant le cinéma :
« Nous réclamons donc l’annulation de cet évènement et des excuses de l’UVSQ aux femmes
agressées par Roman Polanski que l’organisation de cette projection moque, dénigre et rejette leur
viol » (sic).
Empêchement de faire cours
consacré aux usages publics de l’histoire, l’enseignante, maître de conférences en histoire
contemporaine, avait prévu que la séance du 11 février 2020 serait consacrée aux représentations de
l’Affaire Dreyfus, et notamment au film J’accuse de Roman Polanski. Dès le premier cours, des
réserves ont été émises par deux étudiantes, qui ont été discutées collectivement. A la sortie de cours à
12h, un slogan sur feuilles A4 écrit en capitales noires avait été collé dans le hall face à la salle :
« Polanski pédocriminel. L’étudier = complicité ». Lors de la séance suivante, le 11 février, un groupe
d’une quinzaine de jeunes femmes étrangères au cours est entré en B131 alors que la porte était encore
ouverte. Elles se sont disposées derrière l’enseignante, entre le bureau et le tableau, tandis que la
personne qui tenait lieu de leader s’est placée devant l’enseignante, s’asseyant sur une table du premier
rang. Elles ont annoncé qu’elles étaient là pour empêcher la discussion sur le film de Polanski, et
qu’elles ne quitteraient la salle que lorsque l’enseignante les aurait assurées qu’elle n’en parlerait pas, ce
qu’elle a refusé de faire. L’enseignante a cependant proposé de discuter des raisons pour lesquelles elle
souhaitait maintenir cette discussion, et des enjeux de liberté académique qui y étaient associés. La
meneuse a affirmé à plusieurs reprises que le groupe n’était pas là pour discuter, que cette salle n’était
pas la propriété de l’enseignante, et que celle-ci n’avait pas le droit de décider seule ce qui s’y passait.
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