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Sur les associations étudiantes féministes dites intersectionnelles

Sur les associations étudiantes féministes dites intersectionnelles

[Par Charles Coutel]

Depuis moins de trois années maintenant, fleurissent dans les universités, souvent greffées à des collectifs ou associations féministes comme Nous Toutes, de nombreuses associations étudiantes se revendiquant de l’intersectionnalité. Construites sur le terreau des théories décoloniales nécessaires à la compréhension de la domination blanche et du privilège associé, de jeunes étudiantes, convaincues par leurs pairs enseignants et professeurs de l’islamophobie et du racisme français, se politisent afin d’entrer dans le monde des idées. Originaires des universités de Lyon, Marseille, Paris, elles sont exportées avec les théories décoloniales et les enseignants chercheurs qui les portent sur tout le territoire, dans de plus petites universités et dans ses composantes, comme dans les INSPE, censés assurer la formation des professeurs des écoles et lycées de la République. 

Axée sur la promotion de la diversité, sur la valorisation des signes ostentatoires comme le port du voile religieux, elles se veulent novatrices et créatrices d’un féminisme du 21e siècle, censé construire la société inclusive et multiculturelle de demain. 

Simplement, pour se construire sur la base d’un collectif pensant et agissant, encore faut-il que les socles de valeur et d’actions du rassemblement soient définis et communément partagés. Nous avons examiné celles d’un collectif féministe intersectionnel composé d’étudiants en SHS et sciences politiques. Se réclamant de l’intersectionnalité, il en définit les contours sur son site Internet par « une conception du féminisme qui n’est pas figée. Chacun.e des membres est libre d’avoir sa propre vision du féminisme, tout en respectant la perception des autres ». La formule est libérale pour une parole libérée, dans un groupe dont on ne perçoit que peu les fondements philosophiques et l’orientation des actions. La naïveté s’invite à la table de la jeunesse. Mais les objectifs sont définis. Il vise « à promouvoir la situation de personnes qui subissent des formes de discrimination ou de domination afin d’offrir un espace de visibilité aux femmes à partir de leur genre, de leur origine, de leur ethnicité de leur orientation sexuelle, de leur âge ou handicap ». C’est donc la promotion de situations de discriminations qui fonde l’action, et non plus la promotion de la force des femmes à s’émanciper des logiques théologico-politiques héritées du patriarcat et des religions. Car il n’est plus conseillé de s’émanciper de ses propres chaines, mais de celle des institutions d’État, racistes et islamophobes puisqu’héritières du colonialisme. Partant du principe que le port d’un signe religieux est librement consenti et qu’il provoque des discriminations dans une société laïque, les jeunes femmes sont considérées comme victimes et non comme actrices de leur exclusion. L’inversion dialectique est initiée. Mais elle ne s’arrête pas là. 

Ces associations sont ouvertes et libres de recevoir toutes paroles et tous partages d’expériences qui construisent le féminisme de la part de personnes trans, LGBT, ou racisées. Leur accueil est inconditionnel, aucune hiérarchie de valeur n’est accordée, aucun doute de la parole n’est autorisé, excepté chez celle des personnes « blanches ». Celles-ci, porteuses d’un héritage colonial suspect, ne sont pas conscientes de leurs propres procédés psychiques inconscients qui se veulent excluants. Des tutoriels d’associations partenaires comme le Lallab (collectif de femmes musulmanes) ou le collectif Pamplemousse sont disponibles, comme en témoigne cette capture d’écran Facebook de l’association estudiantine citée à propos de la fragilité blanche de 2021 : 

La fragilité blanche est un terme repris par la sociologue des minorités Robin DiAngelo (2011, 2018) qui décrit les mécanismes de défense des personnes blanches quand est évoquée la question du racisme. Le concept « des larmes de femmes blanches » fait référence à la réaction émotive face à la mise en lumière de leur racisme, émotivité qui détourne le problème du véritable sujet de discussion.

D’aucuns apprécieront certainement le pictogramme de la femme blanche en pleurs, à la tête sectionnée… 

La naïveté initiale s’efface au profit du projet politique porté par les pairs et camarades décoloniaux procédant par militance politique comme en témoigne le collectif Pamplemousse. Ce collectif « solidaire de l’anti capitalisme de l’antispécisme et de l’anti fascisme » « exige des cours sur les problématiques de genre et d’intersectionnalité afin de lutter contre les violences sexistes LGTBIphobes et racistes à l’intérieur de l’IEP et partout ». 

Le projet politique est associé aujourd’hui au projet universitaire et porté par de nombreux chercheurs en sociologie, anthropologie, sciences humaines et sociales convaincus de leurs missions de conversion psychique et morale d’une société qu’il déteste. Sous couvert de travaux intersectionnels, par l’entrée de « l’empowerment » (en sciences humaines et sociales, l’empowerment désigne un processus sociopolitique qui articule une dynamique individuelle avec un engagement collectif et une action sociale transformative) donc de la libération des sujets et de la déconstruction des institutions, nombreux sont ceux qui arment les esprits et les bras des étudiants, en faveur de l’inversion dialectique anomique, qui conduit à la radicalité des esprits. 

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