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Arménie : « Réveillons nos consciences face aux prémices d’un nouveau nettoyage ethnique »

Arménie : « Réveillons nos consciences face aux prémices d’un nouveau nettoyage ethnique »

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Les drapeaux du Nagorny Karabakh, à gauche, et de l’Arménie, à droite, lors d’une manifestation le 5 décembre 2020 à Erevanafp.com/Karen MINASYANL’Arménie, pays aux dimensions relativement modestes mais stratégiquement important au cœur du Caucase, à la culture chrétienne millénaire mais fondée à présent sur la constitution d’une démocratie laïque, se voit aujourd’hui menacée par l’impérialisme toujours plus agressif de nouvelles dictatures, au premier rang desquelles émerge, un peu plus d’un siècle après le génocide dont elle fut déjà victime en 1915 (avec le massacre de 1 million et demi de ses citoyens), la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.C’est, plus précisément encore, sa région la plus sacrée au regard de son historique dimension socio-philosophique, l’Artsakh, mieux connue sous le nom de Haut-Karabakh, que l’intégrité territoriale tout autant que la souveraineté nationale de cette même Arménie, devenue indépendante en 1991 suite à l’effondrement de l’Union soviétique, se voient mises aujourd’hui, depuis 2020, le plus directement en danger. Et ce par l’intermédiaire de cette autre dictature contemporaine qu’est celle de l’un de ses pays limitrophes, l’Azerbaïdjan du non moins despotique Ilham Aliyev, ambitieux bras armé, dans cette région au passé tumultueux, sinon souvent douloureux, des appétits expansionnistes, nostalgiques de l’ancien Empire ottoman et donc sans cesse plus voraces sur les plans politique, économique et militaire, de la Turquie, encore et toujours, d’Erdogan.La Russie elle-même, dans le passé, avait soutenu l’Arménie, ancienne république soviétique. Mais les dictatures, on le sait, changent facilement leur politique étrangère au gré de leurs intérêts les plus immédiats. Aussi, désormais engagé dans sa guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a-t-il donc abandonné les Arméniens, victimes de la dictature azerbaïdjanaise, à leur triste sort, privilégiant dès lors l’amélioration de ses relations avec Erdogan, tout en soignant les tyrans susceptibles de se ranger dans le camp « antioccidental ».Tragédie annoncéeAinsi, en cette même enclave du Haut-Karabakh, toujours plus isolée sous la double férule totalitaire de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, pays en outre secondés là par une milice composée de quelques milliers de djihadistes les uns plus fanatiques que les autres, sont-ce plus de 150 000 habitants qui, injustement privés de conditions de vie les plus élémentaires et abandonnés dès lors à un aussi cruel sort, se voient aujourd’hui contraints de subir, dans un silence étonnamment assourdissant, sinon une indifférence quasi générale par rapport au reste du monde, les sanguinaires prémices d’un nouveau, énième, nettoyage ethnique.D’où, précisément, cet appel, urgent et solennel, que nous, signataires de cette pétition, humanistes épris de ces valeurs morales et principes universels que sont la liberté, la justice et la tolérance, lançons aux gouvernements de nos démocraties les plus éclairées, et en particulier celles de l’Union européenne, où la diaspora arménienne est par ailleurs considérable, afin qu’elles viennent plus concrètement en aide, de manière plus efficace et sans plus attendre au vu du péril grandissant pour ces milliers de civils innocents, à l’Arménie.Nous en appelons donc enfin ici aussi, face à cette tragédie pourtant annoncée, au réveil de nos consciences : c’est là, cet impératif moral en forme de secours humain, une noble et juste cause, où il en va également, par-delà même la survie du peuple arménien au Haut-Karabakh, de notre propre civilisation !Signataires : Daniel Salvatore Schiffer (philosophe, écrivain, directeur de l’ouvrage collectif « Penser Salman Rushdie »), Marc Alpozzo (philosophe, essayiste), Elisabeth Badinter (philosophe),Dominique Baqué (philosophe, critique d’art), Stéphane Barsacq (écrivain), Florence Belkacem (écrivaine, journaliste), Véronique Bergen (philosophe, écrivaine), Marie-Jo Bonnet (historienne), Jeannette Bougrab (essayiste, docteure en droit, ancienne secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à la Vie Associative), Jean-Marie Brohm (sociologue, professeur émérite des Universités), Belinda Cannone (écrivaine), Sophie Chauveau (écrivaine), André Comte-Sponville (philosophe), Sara Daniel (journaliste, grand reporter), Jean-Philippe Domecq (écrivain, romancier, essayiste), Luc Ferry (philosophe, ancien ministre de l’Education nationale), Renée Fregosi (philosophe, politologue), Antoine Gallimard (président des Editions Gallimard et du groupé éditorial « Madrigall), Franz-Olivier Giesbert (journaliste, écrivain), Christian Godin (philosophe), Nathalie Heinich (sociologue), Dominique Jamet (journaliste, écrivain), Jacques Julliard (historien, essayiste, journaliste), François Kasbi (écrivain, journaliste), Arno Klarsfeld (avocat), Jean-Paul Lévy (avocat honoraire, ancien membre du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris, ancien membre du Conseil national des Barreaux (France), Isabelle de Mecquenem (philosophe, membre du Conseil des sages de la laïcité), Edgar Morin (sociologue, philosophe),Bruno Moysan (musicologue), Véronique Nahoum-Grappe (anthropologue, chercheuse en sciences sociales), Yves Namur (écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique), Eric Naulleau (écrivain, essayiste),Fabien Ollier (directeur des éditions QS ? et de la revue Quel Sport ?), Michelle Perrot (historienne, professeure émérite de l’Université de Paris Diderot),Laetitia Petit (psychanalyste), Sabine Prokhoris (philosophe, psychanalyste), Christiane Rancé (écrivaine), Robert Redeker (philosophe), Stéphane Rozès (politologue, essayiste), Boualem Sansal (écrivain), Eric-Emmanuel Schmitt (écrivain, dramaturge),Dominique Schnapper (sociologue, directrice d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), membre honoraire du Conseil constitutionnel), Annie Sugier (présidente de la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF)), Pierre-André Taguieff (philosophe, politologue, historien des idées, directeur de recherche au CNRS), Valérie Toranian (journaliste, rédactrice en chef), Valérie Trierweiler (journaliste, écrivaine), Maral Ulubeyan (philosophe), Patrick Vassort (sociologue, directeur de publication de la revue Illusio), Jean-Claude Zylberstein (avocat, éditeur, écrivain). 

Les drapeaux du Nagorny Karabakh, à gauche, et de l’Arménie, à droite, lors d’une manifestation le 5 décembre 2020 à Erevan

afp.com/Karen MINASYAN

L’Arménie, pays aux dimensions relativement modestes mais stratégiquement important au cœur du Caucase, à la culture chrétienne millénaire mais fondée à présent sur la constitution d’une démocratie laïque, se voit aujourd’hui menacée par l’impérialisme toujours plus agressif de nouvelles dictatures, au premier rang desquelles émerge, un peu plus d’un siècle après le génocide dont elle fut déjà victime en 1915 (avec le massacre de 1 million et demi de ses citoyens), la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.

C’est, plus précisément encore, sa région la plus sacrée au regard de son historique dimension socio-philosophique, l’Artsakh, mieux connue sous le nom de Haut-Karabakh, que l’intégrité territoriale tout autant que la souveraineté nationale de cette même Arménie, devenue indépendante en 1991 suite à l’effondrement de l’Union soviétique, se voient mises aujourd’hui, depuis 2020, le plus directement en danger. Et ce par l’intermédiaire de cette autre dictature contemporaine qu’est celle de l’un de ses pays limitrophes, l’Azerbaïdjan du non moins despotique Ilham Aliyev, ambitieux bras armé, dans cette région au passé tumultueux, sinon souvent douloureux, des appétits expansionnistes, nostalgiques de l’ancien Empire ottoman et donc sans cesse plus voraces sur les plans politique, économique et militaire, de la Turquie, encore et toujours, d’Erdogan.

La Russie elle-même, dans le passé, avait soutenu l’Arménie, ancienne république soviétique. Mais les dictatures, on le sait, changent facilement leur politique étrangère au gré de leurs intérêts les plus immédiats. Aussi, désormais engagé dans sa guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a-t-il donc abandonné les Arméniens, victimes de la dictature azerbaïdjanaise, à leur triste sort, privilégiant dès lors l’amélioration de ses relations avec Erdogan, tout en soignant les tyrans susceptibles de se ranger dans le camp « antioccidental ».

Tragédie annoncée

Ainsi, en cette même enclave du Haut-Karabakh, toujours plus isolée sous la double férule totalitaire de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, pays en outre secondés là par une milice composée de quelques milliers de djihadistes les uns plus fanatiques que les autres, sont-ce plus de 150 000 habitants qui, injustement privés de conditions de vie les plus élémentaires et abandonnés dès lors à un aussi cruel sort, se voient aujourd’hui contraints de subir, dans un silence étonnamment assourdissant, sinon une indifférence quasi générale par rapport au reste du monde, les sanguinaires prémices d’un nouveau, énième, nettoyage ethnique.

D’où, précisément, cet appel, urgent et solennel, que nous, signataires de cette pétition, humanistes épris de ces valeurs morales et principes universels que sont la liberté, la justice et la tolérance, lançons aux gouvernements de nos démocraties les plus éclairées, et en particulier celles de l’Union européenne, où la diaspora arménienne est par ailleurs considérable, afin qu’elles viennent plus concrètement en aide, de manière plus efficace et sans plus attendre au vu du péril grandissant pour ces milliers de civils innocents, à l’Arménie.

Nous en appelons donc enfin ici aussi, face à cette tragédie pourtant annoncée, au réveil de nos consciences : c’est là, cet impératif moral en forme de secours humain, une noble et juste cause, où il en va également, par-delà même la survie du peuple arménien au Haut-Karabakh, de notre propre civilisation !

Signataires : Daniel Salvatore Schiffer (philosophe, écrivain, directeur de l’ouvrage collectif « Penser Salman Rushdie »), Marc Alpozzo (philosophe, essayiste), Elisabeth Badinter (philosophe),Dominique Baqué (philosophe, critique d’art), Stéphane Barsacq (écrivain), Florence Belkacem (écrivaine, journaliste), Véronique Bergen (philosophe, écrivaine), Marie-Jo Bonnet (historienne), Jeannette Bougrab (essayiste, docteure en droit, ancienne secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à la Vie Associative), Jean-Marie Brohm (sociologue, professeur émérite des Universités), Belinda Cannone (écrivaine), Sophie Chauveau (écrivaine), André Comte-Sponville (philosophe), Sara Daniel (journaliste, grand reporter), Jean-Philippe Domecq (écrivain, romancier, essayiste), Luc Ferry (philosophe, ancien ministre de l’Education nationale), Renée Fregosi (philosophe, politologue), Antoine Gallimard (président des Editions Gallimard et du groupé éditorial « Madrigall), Franz-Olivier Giesbert (journaliste, écrivain), Christian Godin (philosophe), Nathalie Heinich (sociologue), Dominique Jamet (journaliste, écrivain), Jacques Julliard (historien, essayiste, journaliste), François Kasbi (écrivain, journaliste), Arno Klarsfeld (avocat), Jean-Paul Lévy (avocat honoraire, ancien membre du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris, ancien membre du Conseil national des Barreaux (France), Isabelle de Mecquenem (philosophe, membre du Conseil des sages de la laïcité), Edgar Morin (sociologue, philosophe),Bruno Moysan (musicologue), Véronique Nahoum-Grappe (anthropologue, chercheuse en sciences sociales), Yves Namur (écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique), Eric Naulleau (écrivain, essayiste),Fabien Ollier (directeur des éditions QS ? et de la revue Quel Sport ?), Michelle Perrot (historienne, professeure émérite de l’Université de Paris Diderot),Laetitia Petit (psychanalyste), Sabine Prokhoris (philosophe, psychanalyste), Christiane Rancé (écrivaine), Robert Redeker (philosophe), Stéphane Rozès (politologue, essayiste), Boualem Sansal (écrivain), Eric-Emmanuel Schmitt (écrivain, dramaturge),Dominique Schnapper (sociologue, directrice d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), membre honoraire du Conseil constitutionnel), Annie Sugier (présidente de la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF)), Pierre-André Taguieff (philosophe, politologue, historien des idées, directeur de recherche au CNRS), Valérie Toranian (journaliste, rédactrice en chef), Valérie Trierweiler (journaliste, écrivaine), Maral Ulubeyan (philosophe), Patrick Vassort (sociologue, directeur de publication de la revue Illusio), Jean-Claude Zylberstein (avocat, éditeur, écrivain).

 

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