Chantal Delsol: «Les tyrannies anciennes et nouvelles»

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Chantal Delsol: «Les tyrannies anciennes et nouvelles»

Read More  Réservé aux abonnésTRIBUNE – Le ministre de l’Intérieur a donné instruction aux préfets d’interdire les rassemblements d’ultra-droite. La philosophe rappelle qu’une démocratie peut punir des actes, mais en aucun cas punir des intentions. Le dernier livre de Chantal Delsol est «La Fin de la chrétienté» (Éditions du Cerf, octobre 2021). Le ministre de l’Intérieur enlève le droit de manifester à un certain nombre d’organisations dites d’extrême droite. Les mouvements sociaux sont en ce moment nombreux et bruyants. Dans les manifestations de ces derniers mois à la suite de l’annonce de la réforme des retraites, la foule a été compacte, mais les violences, rares. Par ailleurs, c’est plutôt (et même exclusivement) l’extrême gauche qui s’est singularisée dans les quelques épisodes violents – il est raisonnable de classer les activistes des black blocs à gauche plutôt qu’à droite. Alors, à quoi pense le ministre de l’Intérieur? Les pouvoirs s’en prennent volontiers aux dangers obsolètes, aux vieilles menaces valétudinaires dont il ne reste plus que le nom La philosophie politique fait depuis toujours cette constatation d’évidence: les gouvernants ont tendance à se trouver constamment en retard d’une panique. Et plus ils sont pusillanimes, plus ils sont en retard. Qu’est-ce que cela signifie? Les pouvoirs s’en prennent volontiers aux dangers obsolètes, aux vieilles… Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 86% à découvrir. 

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TRIBUNE – Le ministre de l’Intérieur a donné instruction aux préfets d’interdire les rassemblements d’ultra-droite. La philosophe rappelle qu’une démocratie peut punir des actes, mais en aucun cas punir des intentions.

Le dernier livre de Chantal Delsol est «La Fin de la chrétienté» (Éditions du Cerf, octobre 2021).

Le ministre de l’Intérieur enlève le droit de manifester à un certain nombre d’organisations dites d’extrême droite. Les mouvements sociaux sont en ce moment nombreux et bruyants. Dans les manifestations de ces derniers mois à la suite de l’annonce de la réforme des retraites, la foule a été compacte, mais les violences, rares. Par ailleurs, c’est plutôt (et même exclusivement) l’extrême gauche qui s’est singularisée dans les quelques épisodes violents – il est raisonnable de classer les activistes des black blocs à gauche plutôt qu’à droite. Alors, à quoi pense le ministre de l’Intérieur?

Les pouvoirs s’en prennent volontiers aux dangers obsolètes, aux vieilles menaces valétudinaires dont il ne reste plus que le nom

La philosophie politique fait depuis toujours cette constatation d’évidence: les gouvernants ont tendance à se trouver constamment en retard d’une panique. Et plus ils sont pusillanimes, plus ils sont en retard. Qu’est-ce que cela signifie? Les pouvoirs s’en prennent volontiers aux dangers obsolètes, aux vieilles…

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.