« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
et les mots pour le dire viennent aisément. »Théorème de la blanchité
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Le jargon scientifique est un outil rhétorique d’une force extrême qui connote le sérieux. Un peu comme une vitrine de salon de massage thaïlandais en centre-ville proteste de la probité morale du propriétaire pour mieux couvrir les turpitudes des sous-sols, l’usage de termes scientifiques ou apparentés couvre souvent l’ineptie.
Le décolonialisme part d’un aphorisme simple: toute affirmation « tu es » procède d’une grille de lecture culturelle liée à un « Je » qui reflète en miroir l’opinion main stream de cette culture. Soit le « Je » y adhère, soit au contraire il s’y soumet.
Ce mécanisme est un « colonialisme » de l’esprit reposant sur un aphorisme simple:
Coloniser c’est mal.
Or éduquer: c’est coloniser les esprits.
Donc éduquer c’est mal.
Ce colonialisme existe à tous les niveaux d’une société: au niveau micro-local où les rapports de force sont soutenus par une vision condescendante du colon pour le colonisé; au niveau démocratique où le colon impose sa grille politique; au niveau scolaire, où le colon impose sa vision de l’histoire; au niveau mondial, où le colon impose sa vision de l’économie.
Le colon, en l’espèce, est porteur des germes d’une culture dominante à tous les niveaux: il est occidental et donc soumis à l’Empire américain, il est capitaliste, il est hétérosexuel: en un mot – il est blanc.
Mais attention: pas « blanc » comme vous le pensez – c’est pour ça qu’on le dit plus souvent en anglais.
Il est white, ça veut dire qu’il pense comme un occidental.
Et sont donc non-white tous ceux qui revendiquent un autre observatoire sur leur propre identité que celui imposé par la société blanche. Étant entendu que dès qu’un « blanc » – entendu dans ce sens – assigne à un autre une identité, il est dans le colonialisme: il ne reste plus aux « blancs » qu’à se taire pour laisser s’exprimer la non-blanchité assumée des groupes minoritaires
Tout cette déconstruction – pardon: ce déconstructivisme – serait mignon.ne.s si d’une telle affirmation ne procédait pas la nécessité impérieuse et revendiquée de déconstruire tous les « privilèges » de la culture blanche là où elle s’exprime dans la société: la République et toutes ses institutions, à commencer par l’école. Ainsi, on s’intéresse à « l’examen des processus de racialisation en tant que rapport de pouvoir à l’œuvre dans les mondes éducatifs français, et la manière dont ils s’articulent avec les rapports sociaux de sexe et de classe, notamment. Autrement dit, il s’agit d’interroger la manière dont les rapports sociaux de classe, de « race », de sexe s’entremêlent, interagissent les uns avec les autres et structurent ensemble (Pfefferkorn, 2007) le champ de l’éducation » [source: ici]
De ce constat, qui pourrait être discuté – mais non puisqu’on le rappelle:
« La disqualification de l’intersectionnalité traduit en effet aussi, profondément, un refus net d’accepter (et même de discuter) les prémisses épistémologiques de ce concept
[source ici ]» »https://mouvements.info/cartographie-du-surplomb/
découle l’idée que le colonialisme spirituel pollue les esprits, et que les esprits doivent donc être dépollués dans tous les « observatoires » scientifiques: la science est coloniale, la langue est coloniale, la littérature est coloniale, la culture est coloniale.
L’intersectionnalité consiste à regrouper les forces de bonne volonté pour lutter contre l’hégémonie blanche qui prévaut dans la civilisation occidentale. C’est en quelque sorte le bras armé d’une guerre sainte menée contre l’occident.
Au sommet de la pyramide des dominations subsiste, selon ces gens, le seul « état colonial »: Israël. Décoloniser, en un mot, revient pour eux à débarrasser le monde d’Israël. Ce en quoi le décolonialisme sert de paravent au nouvel antisémitisme.
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