Read More Depuis longtemps on n’avait pas parlé autant de laïcité. Pour de mauvaises et de bonnes raisons. Les mauvaises : d’abord la nature du débat politique, où les mots sont des armes. S’autoproclament militants de la laïcité ceux qui crient le plus fort, ceux qui jouent sur les peurs. Il y a certes des attaques contre la République : sans les minorer ni les exagérer, il faut les analyser, les dénoncer et les sanctionner.Mais la laïcité ne devrait pas se réduire à un catalogue de contrôles et d’interdictions. Elle est d’abord un principe de liberté qui repose sur la recherche d’un équilibre entre la liberté de chacun et celle des autres, entre la liberté de chacun et le bon fonctionnement collectif. On parle de la laïcité à tort et à travers, on l’instrumentalise, on la travestit, on l’invoque comme une potion magique pour résoudre tous les problèmes, de la question sociale jusqu’au terrorisme. Du coup, on n’y comprend plus rien, et on navigue dans l’abstraction.Des initiatives de terrainLes bonnes raisons. Nous avons constaté, avec l’Observatoire de la laïcité que j’ai eu l’honneur de présider depuis sa mise en place en 2013 jusqu’à sa suppression en 2021, une extraordinaire montée en puissance des initiatives de terrain, pour former et agir, qu’il s’agisse des grandes associations historiques comme la Ligue de l’enseignement, la Ligue des droits de l’homme, la Libre Pensée, Solidarité laïque, d’autres plus récentes comme Coexister ou Enquête, de collectivités locales, d’établissements scolaires, d’associations laïques ou citoyennes, d’universités, d’entreprises et bien sûr de l’Agence nationale de la cohésion des territoires et du CNFPT pour les agents des collectivités locales…Quels sont les enjeux maintenant ? D’abord, s’assurer de la qualité des formations. Les formateurs ne sont pas là pour infuser plus ou moins subrepticement leur idéologie personnelle. Ils doivent partir de situations concrètes en s’appuyant d’abord sur l’histoire et sur le droit. Ensuite porter la priorité sur l’école, où un incroyable retard a été pris.SimplifierC’est vrai qu’on demande de plus en plus à l’école, avec des moyens qui ne suivent pas : transmettre un savoir, acquérir non seulement des compétences mais un savoir-être, enseigner le bon usage des écrans, d’Internet et des réseaux sociaux, suppléer des familles en déroute, mais aussi transmettre des valeurs, le respect des autres, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine… et les principes sur lesquels fonctionnent la démocratie et la république… y compris la laïcité…Il faudrait non pas hiérarchiser, mais organiser, simplifier, donner aux personnels avant tout des outils pour faire face aux situations concrètes qu’ils rencontrent. C’est ce que nous avons fait avec Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, dans le cadre du plan de formation « Valeurs de la République et laïcité » piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires.Des femmes et des hommes engagésDans les centaines d’établissements où j’ai participé à des débats, animé des formations, y compris dans les quartiers « difficiles », partout j’ai rencontré des femmes et des hommes engagés, passionnés par leur métier en dépit de toutes les difficultés. C’est avec le souvenir vivant de ces rencontres que j’ai été profondément touché par le petit livre Maîtres d’école, paru aux éditions Encre de nuit.À lire aussiAu Maroc, enseigner la laïcité à la françaiseIl s’agit d’un journal tenu pendant plus d’un siècle, de 1768 à 1885, par quatre instituteurs de la même famille picarde. Avec ces quatre maîtres d’école, pleins d’humanité et de dévouement, nous retrouvons, vue d’en bas, la lente conquête de l’école laïque. Ainsi Aimable Julliart écrit-il le 28 août 1794 : « Si l’on adopte les propositions de Condorcet, les maîtres toucheront mille livres ; l’enseignement sera gratuit pour tous les citoyens. Voilà qui est très beau et très bien ! Mais que de difficultés dans l’application d’un pareil programme ! »Une volonté tenaceLe troisième enjeu est extérieur à la laïcité. Si la laïcité ne peut pas tout résoudre, elle-même ne peut fonctionner et être crédible que si elle s’inscrit dans une politique vraiment efficace de lutte contre les injustices, les discriminations et les inégalités. Nous en sommes loin. La mixité sociale et scolaire par exemple est dramatiquement insuffisante. Je sais qu’il est difficile d’y remédier.Mais je sais aussi qu’on peut y parvenir, quelques expériences récentes le prouvent, au prix d’une démarche participative associant toutes les parties prenantes : parents, enseignants, élèves, personnel de direction, administration, collectivités locales. Et il faut, ce qui manque trop souvent en France, une volonté tenace dans la durée. Jean Jaurès l’a très bien dit : « La République doit être laïque et sociale. Elle restera laïque parce qu’elle aura su être sociale. »
Depuis longtemps on n’avait pas parlé autant de laïcité. Pour de mauvaises et de bonnes raisons. Les mauvaises : d’abord la nature du débat politique, où les mots sont des armes. S’autoproclament militants de la laïcité ceux qui crient le plus fort, ceux qui jouent sur les peurs. Il y a certes des attaques contre la République : sans les minorer ni les exagérer, il faut les analyser, les dénoncer et les sanctionner.
Mais la laïcité ne devrait pas se réduire à un catalogue de contrôles et d’interdictions. Elle est d’abord un principe de liberté qui repose sur la recherche d’un équilibre entre la liberté de chacun et celle des autres, entre la liberté de chacun et le bon fonctionnement collectif. On parle de la laïcité à tort et à travers, on l’instrumentalise, on la travestit, on l’invoque comme une potion magique pour résoudre tous les problèmes, de la question sociale jusqu’au terrorisme. Du coup, on n’y comprend plus rien, et on navigue dans l’abstraction.
Des initiatives de terrain
Les bonnes raisons. Nous avons constaté, avec l’Observatoire de la laïcité que j’ai eu l’honneur de présider depuis sa mise en place en 2013 jusqu’à sa suppression en 2021, une extraordinaire montée en puissance des initiatives de terrain, pour former et agir, qu’il s’agisse des grandes associations historiques comme la Ligue de l’enseignement, la Ligue des droits de l’homme, la Libre Pensée, Solidarité laïque, d’autres plus récentes comme Coexister ou Enquête, de collectivités locales, d’établissements scolaires, d’associations laïques ou citoyennes, d’universités, d’entreprises et bien sûr de l’Agence nationale de la cohésion des territoires et du CNFPT pour les agents des collectivités locales…
Quels sont les enjeux maintenant ? D’abord, s’assurer de la qualité des formations. Les formateurs ne sont pas là pour infuser plus ou moins subrepticement leur idéologie personnelle. Ils doivent partir de situations concrètes en s’appuyant d’abord sur l’histoire et sur le droit. Ensuite porter la priorité sur l’école, où un incroyable retard a été pris.
Simplifier
C’est vrai qu’on demande de plus en plus à l’école, avec des moyens qui ne suivent pas : transmettre un savoir, acquérir non seulement des compétences mais un savoir-être, enseigner le bon usage des écrans, d’Internet et des réseaux sociaux, suppléer des familles en déroute, mais aussi transmettre des valeurs, le respect des autres, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité de la personne humaine… et les principes sur lesquels fonctionnent la démocratie et la république… y compris la laïcité…
Il faudrait non pas hiérarchiser, mais organiser, simplifier, donner aux personnels avant tout des outils pour faire face aux situations concrètes qu’ils rencontrent. C’est ce que nous avons fait avec Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, dans le cadre du plan de formation « Valeurs de la République et laïcité » piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
Des femmes et des hommes engagés
Dans les centaines d’établissements où j’ai participé à des débats, animé des formations, y compris dans les quartiers « difficiles », partout j’ai rencontré des femmes et des hommes engagés, passionnés par leur métier en dépit de toutes les difficultés. C’est avec le souvenir vivant de ces rencontres que j’ai été profondément touché par le petit livre Maîtres d’école, paru aux éditions Encre de nuit.
Il s’agit d’un journal tenu pendant plus d’un siècle, de 1768 à 1885, par quatre instituteurs de la même famille picarde. Avec ces quatre maîtres d’école, pleins d’humanité et de dévouement, nous retrouvons, vue d’en bas, la lente conquête de l’école laïque. Ainsi Aimable Julliart écrit-il le 28 août 1794 : « Si l’on adopte les propositions de Condorcet, les maîtres toucheront mille livres ; l’enseignement sera gratuit pour tous les citoyens. Voilà qui est très beau et très bien ! Mais que de difficultés dans l’application d’un pareil programme ! »
Une volonté tenace
Le troisième enjeu est extérieur à la laïcité. Si la laïcité ne peut pas tout résoudre, elle-même ne peut fonctionner et être crédible que si elle s’inscrit dans une politique vraiment efficace de lutte contre les injustices, les discriminations et les inégalités. Nous en sommes loin. La mixité sociale et scolaire par exemple est dramatiquement insuffisante. Je sais qu’il est difficile d’y remédier.
Mais je sais aussi qu’on peut y parvenir, quelques expériences récentes le prouvent, au prix d’une démarche participative associant toutes les parties prenantes : parents, enseignants, élèves, personnel de direction, administration, collectivités locales. Et il faut, ce qui manque trop souvent en France, une volonté tenace dans la durée. Jean Jaurès l’a très bien dit : « La République doit être laïque et sociale. Elle restera laïque parce qu’elle aura su être sociale. »
« Ce post est un relevé d’information de notre veille d’information »