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« La ‘cancel culture’, c’est bon pour Sylviane Agacinski, pas pour Jean-Marc Rouillan ou Virginie Despentes »

« La ‘cancel culture’, c’est bon pour Sylviane Agacinski, pas pour Jean-Marc Rouillan ou Virginie Despentes »

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Jean-Marc Rouillan est un militant d’extrême gauche, donc d’une gauche qui est vraiment de gauche, cofondateur du groupe terroriste Action directe qui a revendiqué quelque 80 attentats, dont plusieurs assassinats et tentatives d’assassinats, entre 1979 et 1987. Lui-même a été condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, pour les assassinats de l’ingénieur général de l’armement René Audran et du P.-D.G. de Renault Georges Besse.À LIRE AUSSI : Terrorisme : Jean-Marc Rouillan qualifié d' »ancien prisonnier politique » dans une tribuneDix-huit ans plus tard donc, en 2007, il a bénéficié d’un régime de semi-liberté qui lui a permis de travailler chez son éditeur. En 2008, ce régime a été suspendu puis révoqué parce que, dans un entretien accordé à L’Express, il avait fait l’apologie de la lutte armée. La semi-liberté lui a été de nouveau accordée en 2011, puis la liberté tout court en 2012. Cependant, dans une interview accordée en février 2016 à une radio, il célébrait « le courage avec lequel se sont battus les terroristes du 13 novembre ». Cela lui vaudra d’être condamné à huit mois de prison en 2016, peine aggravée par la cour d’appel en mai 2017, mais avec sursis et mise à l’épreuve, rassurez-vous. Mécontent néanmoins, Jean-Marc Rouillan Rouillan porte l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui lui donne raison le 23 juin 2022 : non seulement la cour d’appel de Paris a violé sa liberté d’expression, mais la condamnation qu’elle a prononcée n’était pas « proportionnée au but légitime poursuivi ».« Homophobe notoire »On comprend sans peine la décision de la CEDH. Le 17 janvier 2015, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo, Virginie Despentes avait elle aussi célébré le courage des tueurs. Ceux-ci, écrivait-elle alors dans Les Inrockuptibles, avaient accompli un « acte héroïque », parce qu’ils préféraient « mourir debout plutôt que vivre à genoux ». Or, non seulement la romancière n’avait pas été traduite devant les tribunaux, mais elle avait été élue six mois plus tard membre du jury du prix Femina et un an plus tard membre de l’académie Goncourt. Pourquoi pas l’inverse ? Pourquoi Jean-Marc Rouillan, qui a publié autant de livres que Virginie Despentes, n’a-t-il pas été élu à l’académie Goncourt ? Quelle injustice ! Toujours est-il que ce citoyen exemplaire, qui avait poursuivi son activité citoyenne en défilant aux côtés de ses amis les black blocs contre la loi Travail, était invité, le 28 mars 2023, par le groupe trotskiste Révolution Permanente, à prononcer une conférence dans un amphithéâtre de l’université de Bordeaux. Ce qu’il a pu faire sans encombre.À LIRE AUSSI : André Perrin : « L’idéologie dominante est celle de la gauche »D’aucuns s’en étonneront, qui se souviennent que le 24 octobre 2019 Sylviane Agacinski, invitée elle aussi à donner une conférence à l’université de Bordeaux – pas par Révolution permanente, il est vrai – en avait été empêchée par un groupe d’étudiants qui, se déclarant scandalisés qu’on laisse libre de s’exprimer une intellectuelle qualifiée par eux d’« homophobe notoire », avaient annoncé leur intention de « mettre tout en œuvre » pour que cette conférence n’ait pas lieu. Devant ces menaces de violences, l’université avait décidé d’annuler la venue de la philosophe.Il faut reconnaître que dans cette affaire, Sylviane Agacinski s’est débrouillée comme un manche. Si au lieu d’exprimer verbalement des réserves contre la PMA pour toutes et la GPA, elle avait commandité des dizaines d’attentats terroristes contre les homosexuels ou les transsexuels, si elle en avait elle-même occis deux ou trois, si elle avait célébré le courage de ceux qui se livrent à des pogroms ou à des ratonnades contre les LGBTQIA +, elle aurait certainement eu droit aux mêmes égards que Jean-Marc Rouillan. Voilà ce que c’est que d’être petit joueur ! 

Jean-Marc Rouillan est un militant d’extrême gauche, donc d’une gauche qui est vraiment de gauche, cofondateur du groupe terroriste Action directe qui a revendiqué quelque 80 attentats, dont plusieurs assassinats et tentatives d’assassinats, entre 1979 et 1987. Lui-même a été condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, pour les assassinats de l’ingénieur général de l’armement René Audran et du P.-D.G. de Renault Georges Besse.

À LIRE AUSSI : Terrorisme : Jean-Marc Rouillan qualifié d' »ancien prisonnier politique » dans une tribune

Dix-huit ans plus tard donc, en 2007, il a bénéficié d’un régime de semi-liberté qui lui a permis de travailler chez son éditeur. En 2008, ce régime a été suspendu puis révoqué parce que, dans un entretien accordé à L’Express, il avait fait l’apologie de la lutte armée. La semi-liberté lui a été de nouveau accordée en 2011, puis la liberté tout court en 2012. Cependant, dans une interview accordée en février 2016 à une radio, il célébrait « le courage avec lequel se sont battus les terroristes du 13 novembre ». Cela lui vaudra d’être condamné à huit mois de prison en 2016, peine aggravée par la cour d’appel en mai 2017, mais avec sursis et mise à l’épreuve, rassurez-vous. Mécontent néanmoins, Jean-Marc Rouillan Rouillan porte l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui lui donne raison le 23 juin 2022 : non seulement la cour d’appel de Paris a violé sa liberté d’expression, mais la condamnation qu’elle a prononcée n’était pas « proportionnée au but légitime poursuivi ».

« Homophobe notoire »

On comprend sans peine la décision de la CEDH. Le 17 janvier 2015, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo, Virginie Despentes avait elle aussi célébré le courage des tueurs. Ceux-ci, écrivait-elle alors dans Les Inrockuptibles, avaient accompli un « acte héroïque », parce qu’ils préféraient « mourir debout plutôt que vivre à genoux ». Or, non seulement la romancière n’avait pas été traduite devant les tribunaux, mais elle avait été élue six mois plus tard membre du jury du prix Femina et un an plus tard membre de l’académie Goncourt. Pourquoi pas l’inverse ? Pourquoi Jean-Marc Rouillan, qui a publié autant de livres que Virginie Despentes, n’a-t-il pas été élu à l’académie Goncourt ? Quelle injustice ! Toujours est-il que ce citoyen exemplaire, qui avait poursuivi son activité citoyenne en défilant aux côtés de ses amis les black blocs contre la loi Travail, était invité, le 28 mars 2023, par le groupe trotskiste Révolution Permanente, à prononcer une conférence dans un amphithéâtre de l’université de Bordeaux. Ce qu’il a pu faire sans encombre.

À LIRE AUSSI : André Perrin : « L’idéologie dominante est celle de la gauche »

D’aucuns s’en étonneront, qui se souviennent que le 24 octobre 2019 Sylviane Agacinski, invitée elle aussi à donner une conférence à l’université de Bordeaux – pas par Révolution permanente, il est vrai – en avait été empêchée par un groupe d’étudiants qui, se déclarant scandalisés qu’on laisse libre de s’exprimer une intellectuelle qualifiée par eux d’« homophobe notoire », avaient annoncé leur intention de « mettre tout en œuvre » pour que cette conférence n’ait pas lieu. Devant ces menaces de violences, l’université avait décidé d’annuler la venue de la philosophe.

Il faut reconnaître que dans cette affaire, Sylviane Agacinski s’est débrouillée comme un manche. Si au lieu d’exprimer verbalement des réserves contre la PMA pour toutes et la GPA, elle avait commandité des dizaines d’attentats terroristes contre les homosexuels ou les transsexuels, si elle en avait elle-même occis deux ou trois, si elle avait célébré le courage de ceux qui se livrent à des pogroms ou à des ratonnades contre les LGBTQIA +, elle aurait certainement eu droit aux mêmes égards que Jean-Marc Rouillan. Voilà ce que c’est que d’être petit joueur !

 

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