[transcription des propos par Norman Adjari, https://www.youtube.com/watch?v=8xfdl8Hmbik]
Parce que nous pensons que lire, c’est mieux qu’écouter ou regarder, et parce que nous pensons qu’il est important de faire lire ce que disent nos collègues: nous voulons ouvrir une collection de documents qui consignent leurs propos. C’est pourquoi nous reproduisons aussi fidèlement que possible le texte de l’entretien public de Norman Adjari tenu dans une émission télévisée.
Journaliste: Alors en quoi est-ce qu’on peut pourquoi parler de racisme d’état aujourd’hui dans un pays comme la France où il n’ya pas de lois raciales comme il a pu y en avoir dans d’autres pays ? Pourquoi ne pas avoir utilisé une autre une autre expression ?
Norman Adjari: Peut-être, bon, je pense que le problème avec ce type de ce type de contre arguments c’est que ils sont porteurs d’une conception extrêmement naïve de ce que c’est qu’un état; c’est-à-dire que tant qu’il n’y a pas de lois explicite sur ces questions là sur la question raciale eh, bien il n’y a pas de racisme, de racisme d’état.
En réalité il semble qu’il faut procéder à l’ inverse c’est à dire qu’il faut d’abord considérer ce que fait l’état et non pas le discours simplement que l’état porte sur lui-même. C’est ça qui explique les statistiques que j’ai données tout à l’heure, c’est ça qui explique les autres types de violence, les types de discriminations innombrables que subissent les populations issues de l’immigration notamment africaines.
En réalité quand on dit que on est dans une situation qui est absolument différente de celle de l’apartheid ou d’autres régions de ce genre je pense qu’en réalité on commet un anachronisme.
Si on considère le discours sur lui-même que tenait l’état d’apartheid à partir de 1948 où cette en Afrique du Sud, où ce régime a été appliqué, on voit qu’en réalité on parlait de « développements séparés » et on avait sur ce qu’était cette politique de développements séparés toute une série de mots extrêmement sucrés pour dire ce que « ces terres que ça permettait le bon voisinage », que ça permettrait « l’unité du pays ».
En réalité, si vous écoutez ce que disait Hendrick Verwoerd qui était le premier ministre de l’état sud africain à l’époque, et leader du parti national qui a mis en place ces politiques: eh bien, vous faites tourner ses discours et vous vous dites que c’est à peu près le même discours que les hommes politiques tiennent aujourd’hui sur la laïcité ou sur la politique migratoire. Ce sont des choses « qui permettent de rendre possible l’unité de la nation », qui « permettent à chacun de s’épanouir dans la situation qui est la sienne », etc. 1
C’est l’idée selon laquelle les politiques sud-africains à l’époque seraient des gens qui seraient explicitement raciste ou qui affirmeraient absolument le racisme, c’est un anachronisme et c’est une aberration. Il y avait des lois raciales exactement comme il y a dans ce pays (en France) des lois islamophobe.2