La Vendée et la supercherie décoloniale 

La Vendée et la supercherie décoloniale 

Vincent Tournier

Maître de conférences en science politique à l'IEP de Grenoble.
Si le film Vaincre ou mourir ne restera pas forcément dans les annales du Septième art, reconnaissons-lui au moins le mérite d’avoir permis de lever le voile sur cette supercherie. 

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La Vendée et la supercherie décoloniale 

A l’échelle française, l’événement cinématographique de ce début d’année est certainement la sortie du film Vaincre ou mourir sur la guerre de Vendée. Le film est-il bon ? est-il réussi ? Ce n’est pas sûr. Il est d’ailleurs descendu en flèche par Le Monde et Telerama.

Mais au-delà des appréciations techniques ou artistiques, le plus frappant est de relever la différence de traitement avec les nombreuses productions qui s’attachent à dénoncer les crimes de la colonisation, comme récemment avec le film Tirailleurs.

Le contraste est ici énorme, abyssal même. Aucune pitié, aucune nuance. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire le compte-rendu dans Le Monde du documentaire « Exterminez toutes ces brutes » de Raoul Peck, diffusé sur Arte en décembre 2021. Alors que ce film se lance dans une dénonciation totale de la colonisation, avec une surenchère délirante aussi infantile que risible, le journaliste s’empresse de dédouaner les défauts en se félicitant que l’auteur rende son humanité aux « brutes » en question (les colonisés), de sorte que le film invite « l’humanité tout entière (et plus seulement les descendants des colonisés) à partager le fardeau » de ces tragédies ». 

Une telle indulgence aurait pu s’appliquer à Vaincre et mourir. On aurait pu imaginer le commentaire suivant : certes, le film n’est pas très bon, il est même franchement passable sur le plan technique, mais il a le mérite de mettre en avant, avec peu de moyens, une part sombre de l’histoire de la Révolution et de la République, un moment peu glorieux qui a tendance à être oublié dans les programmes scolaires et la mémoire nationale. 

La raison de ce contraste ne fait évidemment pas mystère : elle est de nature politique. Les Vendéens représentent la droite monarchiste, catholique et conservatrice. Ils sont donc l’ennemi, et il n’est guère pensable d’adopter leur point de vue, ce qui conduit à être indulgent avec les armées républicaines. Inversement, les mouvements décoloniaux incarnent les opprimés, la liberté, l’avenir. Adopter leur point de vue est donc parfaitement concevable, salutaire même. La sympathie va naturellement vers eux et la haine peut légitimement se déployer envers leurs adversaires, en l’occurrence la République, laquelle ne mérite cette fois-ci aucune sympathie. 

Ces différences de réactions étaient prévisibles mais elles ont le mérite de mettre en évidence toute la supercherie du décolonialisme. Celui-ci se targue de faire une analyse lucide du passé et du présent de la France, mais il se contente de plaquer une grille de lecture militante. Si le film Vaincre ou mourir ne restera pas forcément dans les annales du Septième art, reconnaissons-lui au moins le mérite d’avoir permis de lever le voile sur cette supercherie. 

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.