Read More Un supporteur de Donald Trump, le 27 avril 2023 à Manchester (New Hampshire). SPENCER PLATT / AFP Un peu plus d’un an après la tenue à la Sorbonne d’un colloque présidé par Jean-Michel Blanquer intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », l’offensive contre ladite « déconstruction » continue. A l’occasion de la parution des actes de ce colloque en mars, les organisateurs et organisatrices de celui-ci se répandent sur les ondes et distillent le même message : la « déconstruction » saperait les fondements de la civilisation occidentale, menacerait l’ordre social et familial, etc. Une fois encore, on multiplie les amalgames et les contresens, puisque celles et ceux qui conspuent la « déconstruction » n’ont évidemment lu, pour la plupart, ni les œuvres de Jacques Derrida ni celles des penseuses et penseurs qu’on rassemble sous ce nom. Une fois encore, on recourt aux invectives. Ainsi une professeure de littérature comparée de la Sorbonne traite-t-elle de « crétins » certains de ses éminents collègues du même établissement, dont les travaux en littérature comparée et en études anglophones sont reconnus nationalement et internationalement. Cela parce que l’un et l’autre initient leurs étudiants à ces œuvres conspuées, ainsi qu’aux nombreuses problématiques élaborées ou réélaborées dans le champ des études de genre, avec la rigueur intellectuelle, la patience et le raffinement dans la pensée qui les caractérisent. L’attaque contre la déconstruction n’est pas nouvelle. Elle a commencé il y a au moins trente ans, aux Etats-Unis. Déjà, des polémistes réactionnaires – dans le sillage du politologue américain Samuel Huntington – accusaient la déconstruction d’être un agent de l’étranger. Aujourd’hui, c’est Eric Zemmour, en France, et bien d’autres à sa suite qui accusent les « déconstructeurs » de représenter le parti de l’étranger. Ironie de l’histoire, les prétendus défenseurs de la « rationalité française » reprennent ainsi une antienne développée dans les milieux conservateurs américains. La nouveauté, aujourd’hui, c’est l’association de la déconstruction, d’une part, audit wokisme, d’autre part, à un champ d’enseignement et de recherche, les études de genre, dont la déconstruction constituerait la matrice intellectuelle. Nos démocraties menacées Or, il importe de noter que l’attaque contre la déconstruction, aux Etats-Unis, n’était pas une réponse au wokisme. Signe d’un tournant réactionnaire et instrument d’un agenda politique qui ont leur propre logique, elle a commencé bien avant le renouveau des luttes antiracistes ou antisexistes qu’on désigne aujourd’hui sous ce nom à la vindicte publique. Il vous reste 54.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Un peu plus d’un an après la tenue à la Sorbonne d’un colloque présidé par Jean-Michel Blanquer intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », l’offensive contre ladite « déconstruction » continue. A l’occasion de la parution des actes de ce colloque en mars, les organisateurs et organisatrices de celui-ci se répandent sur les ondes et distillent le même message : la « déconstruction » saperait les fondements de la civilisation occidentale, menacerait l’ordre social et familial, etc. Une fois encore, on multiplie les amalgames et les contresens, puisque celles et ceux qui conspuent la « déconstruction » n’ont évidemment lu, pour la plupart, ni les œuvres de Jacques Derrida ni celles des penseuses et penseurs qu’on rassemble sous ce nom.
Une fois encore, on recourt aux invectives. Ainsi une professeure de littérature comparée de la Sorbonne traite-t-elle de « crétins » certains de ses éminents collègues du même établissement, dont les travaux en littérature comparée et en études anglophones sont reconnus nationalement et internationalement. Cela parce que l’un et l’autre initient leurs étudiants à ces œuvres conspuées, ainsi qu’aux nombreuses problématiques élaborées ou réélaborées dans le champ des études de genre, avec la rigueur intellectuelle, la patience et le raffinement dans la pensée qui les caractérisent.
L’attaque contre la déconstruction n’est pas nouvelle. Elle a commencé il y a au moins trente ans, aux Etats-Unis. Déjà, des polémistes réactionnaires – dans le sillage du politologue américain Samuel Huntington – accusaient la déconstruction d’être un agent de l’étranger. Aujourd’hui, c’est Eric Zemmour, en France, et bien d’autres à sa suite qui accusent les « déconstructeurs » de représenter le parti de l’étranger. Ironie de l’histoire, les prétendus défenseurs de la « rationalité française » reprennent ainsi une antienne développée dans les milieux conservateurs américains. La nouveauté, aujourd’hui, c’est l’association de la déconstruction, d’une part, audit wokisme, d’autre part, à un champ d’enseignement et de recherche, les études de genre, dont la déconstruction constituerait la matrice intellectuelle.
Nos démocraties menacées
Or, il importe de noter que l’attaque contre la déconstruction, aux Etats-Unis, n’était pas une réponse au wokisme. Signe d’un tournant réactionnaire et instrument d’un agenda politique qui ont leur propre logique, elle a commencé bien avant le renouveau des luttes antiracistes ou antisexistes qu’on désigne aujourd’hui sous ce nom à la vindicte publique.
Il vous reste 54.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
« Ce post est un relevé d’information de notre veille d’information »