Menaces et tensions autour d’un livre sur le «frérisme» musulman

Menaces et tensions autour d’un livre sur le «frérisme» musulman

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Menaces et tensions autour d’un livre sur le «frérisme» musulman

Read More  DécryptageArticle réservé aux abonnésL’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler a été mise sous protection policière après la publication d’un ouvrage polémique, «le Frérisme et ses réseaux, l’enquête», où elle dénonce les dangers que la mouvance ferait peser sur les démocraties occidentales.par Bernadette Sauvaget et Simon Blinpublié le 5 mai 2023 à 3h19La vague d’attentats terroristes islamistes qui, depuis huit ans, a durement frappé la France – et pas seulement – a intensifié et clivé les débats autour de l’islam, l’islamisme, les liens entre la religion musulmane et la violence, son acclimatation – possible ou non – dans les systèmes démocratiques. Surtout s’est posée la question de son prosélytisme religieux et surtout de son entrisme politique. Pour certains, l’islamisme – le projet politisé de l’islam – est véritablement parti à la conquête de la France et même du monde. Bref, le «halal way of life» menacerait irrémédiablement le «democratic way of life» des sociétés occidentales.Essentiellement connue pour ses recherches sur le halal qu’elle mène depuis trente ans, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler a voulu apporter sa pierre à ces discussions hautement inflammables. Il y a trois mois, elle a publié un livre, le Frérisme et ses réseaux, l’enquête (éd. Odile Jacob, préfacé par Gilles Kepel), suscitant à son tour polémiques surjouées et invectives dangereuses. Condamnables, en l’état, puisqu’elles ont abouti à sa mise sous protection policière. A l’âpreté des insultes, il faudrait pourta 

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L’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler a été mise sous protection policière après la publication d’un ouvrage polémique, «le Frérisme et ses réseaux, l’enquête», où elle dénonce les dangers que la mouvance ferait peser sur les démocraties occidentales.

par Bernadette Sauvaget et Simon Blin

publié le 5 mai 2023 à 3h19

La vague d’attentats terroristes islamistes qui, depuis huit ans, a durement frappé la France – et pas seulement – a intensifié et clivé les débats autour de l’islam, l’islamisme, les liens entre la religion musulmane et la violence, son acclimatation – possible ou non – dans les systèmes démocratiques. Surtout s’est posée la question de son prosélytisme religieux et surtout de son entrisme politique. Pour certains, l’islamisme – le projet politisé de l’islam – est véritablement parti à la conquête de la France et même du monde. Bref, le «halal way of life» menacerait irrémédiablement le «democratic way of life» des sociétés occidentales.

Essentiellement connue pour ses recherches sur le halal qu’elle mène depuis trente ans, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler a voulu apporter sa pierre à ces discussions hautement inflammables. Il y a trois mois, elle a publié un livre, le Frérisme et ses réseaux, l’enquête (éd. Odile Jacob, préfacé par Gilles Kepel), suscitant à son tour polémiques surjouées et invectives dangereuses. Condamnables, en l’état, puisqu’elles ont abouti à sa mise sous protection policière. A l’âpreté des insultes, il faudrait pourta

 

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.