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Militantisme dans les écoles: l’art woke de traire le Mammouth

Militantisme dans les écoles: l’art woke de traire le Mammouth

[par Mikhaïl KOSTYLEV]

Depuis que Le Figaro a consacré un dossier à l’idéologie woke dans les écoles, c’est un torrent de tweets rageurs qui s’abat sur le journal… et sur l’Observatoire, dont il cite les travaux.

C’est le grand concours du déni et de l’insulte. Un pigiste déconstruit appelle même à « crever le Figaro« , qui ne nous aurait cités que « pour faire croquer les copains » — si c’était vrai, mon compte bancaire le saurait… — et accuse ensuite le journal, sans rire, de manquer de déontologie.

https://twitter.com/Ariel_Guez/status/1459111126390743044
https://twitter.com/Ariel_Guez/status/1459111135819575299

Mais nier les faits ne les mènera à rien… pour une raison très simple: cinq minutes sur Google suffit à les déterrer.

Dix ans d’impunité totale ont fait oublier toute prudence aux enseignants woke. Ils se vantent ouvertement de piétiner leur devoir de réserve et de promouvoir leurs opinions politiques auprès des enfants dont ils ont la charge. Et les associations militantes s’en cachent à peine moins – juste ce qu’il faut pour garder les subventions octroyées par le ministère.

Maintenant que le vent tourne, ils aimeraient bien le faire oublier… au moins jusqu’aux présidentielles. Hélas, les faits sont trop visibles pour être cachés sous le tapis.

Classes déconstruites

En effet, loin de se cacher, la minorité de professeurs woke affiche volontiers sur les réseaux sociaux son action politique dans les classes.

• Une assistante maternelle se propose de « déconstruire les stéréotypes de genres avec les enfants le plus souvent possible » parce que « les enfants sont cerné.e.s par l’hétéronormativité ».

• Une CPE va éduquer les collégiens de son internat « à cesser de violer » (sic !):


https://www.instagram.com/p/CLKX8mjg6Gr/

D’autres signent même des tribunes collectives, comme celle des 314 professeurs annonçant sur Slate qu’ils politiseront l’enseignement de la langue en rendant les accords grammaticaux « au choix » et en ne sanctionnant plus les formes fautives:

https://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin

• Certaines féministes en herbe postent d’ailleurs de touchantes petites déclarations d’amour à leur beau prof déconstruit, qui parle si bien d’intersectionnalité et de domination masculine. C’est le mythe d’Abélard et Héloïse… revisité façon Evergreen:

Aussi choquante qu’elle soit, cette situation était prévisible. L’idéologie woke s’est imposée dans les universités ces dernières années, surtout dans des filières où l’Éducation Nationale est un débouché important (sociologie, linguistique…). Un certain nombre de militants se retrouvent donc professeurs du primaire, du secondaire, ou surveillants pendant la durée de leurs études.

Et une fois dans l’Éducation Nationale, on ne peut pas espérer qu’ils respectent un « devoir de neutralité » … qui va à l’encontre de tous leurs principes.
Leur dogme fondamental est que la neutralité, laïcité, etc., comme toutes les valeurs « universalistes », ne sont qu’un camouflage des idéologies dominantes. Rien n’est neutre, « tout est politique » : c’est leur devise.

S’ils passent vraiment les bornes, invoquer leur « liberté pédagogique » leur permet de s’en tirer à bon compte. En 2019, dans l’Ain, un professeur d’histoire antispéciste s’est mis en tête d’organiser un cours sur le « véganisme »… directement recopié sur le site de l’association végane militante L214. En y ajoutant des vidéos traumatisantes prises dans les abattoirs pour dégoûter ses 5èmes de la viande. Malgré les plaintes des parents, aucune sanction n’a été prise.

Un cas d’école

Sur un blog hébergé par Mediapart, on trouve le témoignage très éclairant d’une doctorante en sociologie, embauchée comme surveillante dans un collège de banlieue parisienne.

Elle accuse l’établissement de l’exploiter en lui faisant faire des remplacements non prévus par son contrat… et on la croit volontiers, c’est un abus fréquent. Mais elle en profite aussi pour faire de la propagande politique auprès d’enfants de 12 ans.

Un matin, on l’appelle pour assurer au pied levé un cours d’histoire de 5ème : elle saute de joie en apprenant qu’il porte sur la Révolution d’Octobre.

https://blogs.mediapart.fr/violencedutravailcom/blog/030220/la-candidate-ideale

 Le pire, c’est que les programmes sont déjà très indulgents envers Lénine et sa Révolution, à peine moins meurtrière que l’ère stalinienne (8 à 20 millions de victimes selon les historiens). Pour s’être fait « engueuler » par le professeur, notre doctorante a dû pousser l’ « endoctrinement » des élèves vraiment loin…

Mais elle l’envoie paître et refuse tout simplement de donner des cours non politisés. Si on tient à lui imposer des remplacements, elle se permettra en retour d’y faire du militantisme.

Cela dure… jusqu’au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo. La direction la soupçonne alors d’avoir tenu des propos pro-jihadistes aux élèves – un malentendu selon elle. Menacée d’un signalement, elle ne peut plus désormais faire de prosélytisme auprès des gamins, et ça la rend malade:

https://blogs.mediapart.fr/violencedutravailcom/blog/030220/la-candidate-ideale

Après des mois de conflits avec l’encadrement et de militantisme mis en sourdine, elle craque. Elle plonge dans la drogue, « met des années à s’en remettre », mais nous assure maintenant avoir trouvé sa voie: elle « anime des ateliers d’Éducation pop’ aussi dans le cadre scolaire auprès d’enfants d’immigrés ».

Pour ceux qui l’ignoreraient, « Éducation populaire » est un joli nom pour « agit-prop de gauche radicale » — un de ses représentants en France est le (très talentueux militant) Franck Lepage:

Notre militante a trouvé un moyen de recommencer son prosélytisme auprès des élèves… en toute liberté cette fois, car elle n’est plus surveillante, mais simple intervenante associative.
Ces « interventions » d’associations dans les lycées posent souvent problème. Dans l’article du Figaro, le Ministère se veut rassurant: le système serait très contrôlé, les associations ayant besoin d’un agrément du Ministère pour intervenir dans les classes. C’est vrai… sur le papier.

Dans les faits, une fois l’agrément donné, les contrôles sont rares. L’organisation des interventions, qui relève des établissements eux-mêmes, est souvent déléguée à des surveillants déjà surchargés de travail: les incidents ne sont quasiment jamais signalés.

Fin 2015, des intervenants de SOS Racisme dérapent au collège Sonia Delaunnay (19è arr.). Ils expliquent aux enfants que si les « racisés » ont des mauvaises notes, c’est à cause du « racisme structurel » présent chez leurs professeurs. Ceux-ci se sont indignés… sans aucune conséquence pour l’association, qui s’est contentée d’affecter les militants concernés ailleurs.

Traire le Mammouth

Il y a plus inquiétant. Certaines associations, vieux partenaires de l’Éducation Nationale, se sont peu à peu radicalisées sans que le Ministère semble en avoir pris conscience.

Ce phénomène a été décrit de l’intérieur, notamment chez Act Up. Les militants woke y ont manœuvré pour expulser l’ancienne génération « universaliste » des postes de direction. Ils font ensuite passer le but initial de l’association au second plan, imposant à la place leurs idéologies politiques (racisme intersectionnel, décolonialisme, etc.).

Or, l’association reste conventionnée avec l’Éducation Nationale… et les militants invités à faire des interventions dans les classes.

Le cas le plus représentatif est le Planning Familial. Association censée assurer l’accès à la contraception à tous, financée principalement sur fonds publics, elle intervient non seulement dans les écoles, mais aussi dans les hôpitaux, qui lui délèguent même certaines tâches.

On s’attendrait donc à ce qu’elle soit neutre… c’est tout le contraire! Elle fait la promotion ostensible des concepts woke (« déconstruire les rapports de domination », « classisme », « validisme »).

L’argent donné par l’État et les collectivités locales pour l’accès à la contraception sert des causes très différentes: promotion des relations polyamoureuses, défense des migrants, transactivisme

Certaines de leurs instances ne veulent plus utiliser le terme « femme », mais « personne sexisée » (sic), et évoquent le risque de « tomber enceint·e ». D’autres refusent même de condamner l’excision car ce serait du féminisme universaliste », leur bête noire

Au point que la pourtant sympathisante Marlène Schiappa a failli leur retirer leur agrément en 2019. Il faut dire que les militants avaient fait fort: ils voulaient carrément retirer la notion de laïcité de leur charte! Pour une association qui prétend intervenir dans les écoles, c’est un comble…

La raison? La laïcité serait un faux-nez hypocrite de l’ « islamophobie ». C’est toujours la même guerre de l’idéologie woke contre les valeurs universalistes que l’école est censée défendre… mais dont on voudrait qu’elle finance les ennemis.

Et qu’elle leur permette de faire de la propagande dans les classes. Le Mammouth est complaisant, il leur a donné subsides et moyens d’action auprès des jeunes, sans y regarder à deux fois. Mais ils en ont abusé trop ouvertement pour pouvoir aujourd’hui le cacher.

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