Report d’une conférence sur l’islam à la Sorbonne : censure ou mesure de sécurité ?

Report d’une conférence sur l’islam à la Sorbonne : censure ou mesure de sécurité ?

Collectif

Tribune des observateurs

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Report d’une conférence sur l’islam à la Sorbonne : censure ou mesure de sécurité ?

Read More  Le livre Le Frérisme et ses réseaux, paru en janvier chez Odile Jacob, a déclenché des polémiques. La conférence dédiée a-t-elle été annulée, ou reportée ? « Le livre n’a pas véritablement fait de polémique, estime Florence Bergeaud-Blackler. Par contre, le report de la conférence, effectivement, a créé une polémique ces derniers jours parce que j’avais été invitée par la Sorbonne pour faire pour présenter mon livre, et j’ai appris qu’elle était suspendue et que l’on ne me donnait pas de dates alternatives précises. J’ai donc réagi sur Twitter en disant que j’étais très étonnée et pour informer les personnes qui s’étaient inscrites à cette conférence ».
« Ce que je souhaitais faire dans cet ouvrage, c’est donner une définition plus précise du frérisme. », explique l’anthropologue. « Il s’agit d’une idéologie issue de deux branches revivalistes islamiques, l’une arabe, héritière de Hassan el-Banna, et l’autre une branche indo-pakistanaise issue de Sayyid Abul Ala Maududi. Elle précise que « ces deux tendances se sont rencontrées sur les campus américains et européens dans les années 1960 et se sont donné une nouvelle mission puisqu’ils étaient sommés de faire la hijra, c’est à dire de partir retourner dans leur pays pour vivre en tant que musulman, mais ont changé leur projet en faveur de l’instauration de la société islamique mondiale et mondialisée ».
Les questionnements méthodologiquesLa menace que représente le frérisme en France est-t-elle réelle ? N’avez-vous pas tendance à l’accroître pour justifier votre objet d’étude, ce que font certains chercheurs ? « C’est une question un peu étonnante, répond Florence Bergeaud-Blackler. Mon livre n’est pas une dénonciation, c’est une démonstration, un ensemble de démonstrations dont j’attends des réfutations, et non pas des critiques à la volée ou des calomnies. Elle ajoute : je pense que certains chercheurs qui on dénoncé mon travail ont accrédité la thèse d’une sorte d’islamophobie d’Etat dont seraient les porte-parole certains chercheurs comme moi ». Certains chercheurs pointent cependant des  manquements méthodologiques au travail de Florence Bergeaud Blakcker et relatent leur expérience de chercheurs aux côtés de l’anthropologue. C’est notamment le cas du sociologue spécialiste de l’islam en France, Omero Marongiu-Perria.
Des risques pour la liberté académique…Que dit la suspension de cette conférence sur l’état du monde académique ? Que faudrait-il faire ? « Il faudrait rendre très difficile la possibilité de suspendre ou d’interdire une conférence à l’université par des académiques, estime l’anthropologue. Il n’est pas normal que des gens comme moi, qui disposent de diplômes, se voient suspendre leurs conférences sans aucun motif. Elle ajoute : suspendre, c’est anormal, discuter une thèse, en revanche, cela fait partie de l’académie. Et il faut que ces conférences et ces débats se tiennent pour que l’on puisse en discuter. Sinon, on accrédite la position de ceux qui veulent les faire taire ». 

Le livre Le Frérisme et ses réseaux, paru en janvier chez Odile Jacob, a déclenché des polémiques. La conférence dédiée a-t-elle été annulée, ou reportée ? « Le livre n’a pas véritablement fait de polémique, estime Florence Bergeaud-Blackler. Par contre, le report de la conférence, effectivement, a créé une polémique ces derniers jours parce que j’avais été invitée par la Sorbonne pour faire pour présenter mon livre, et j’ai appris qu’elle était suspendue et que l’on ne me donnait pas de dates alternatives précises. J’ai donc réagi sur Twitter en disant que j’étais très étonnée et pour informer les personnes qui s’étaient inscrites à cette conférence ».

« Ce que je souhaitais faire dans cet ouvrage, c’est donner une définition plus précise du frérisme. », explique l’anthropologue. « Il s’agit d’une idéologie issue de deux branches revivalistes islamiques, l’une arabe, héritière de Hassan el-Banna, et l’autre une branche indo-pakistanaise issue de Sayyid Abul Ala Maududi. Elle précise que « ces deux tendances se sont rencontrées sur les campus américains et européens dans les années 1960 et se sont donné une nouvelle mission puisqu’ils étaient sommés de faire la hijra, c’est à dire de partir retourner dans leur pays pour vivre en tant que musulman, mais ont changé leur projet en faveur de l’instauration de la société islamique mondiale et mondialisée ».

Les questionnements méthodologiques

La menace que représente le frérisme en France est-t-elle réelle ? N’avez-vous pas tendance à l’accroître pour justifier votre objet d’étude, ce que font certains chercheurs ? « C’est une question un peu étonnante, répond Florence Bergeaud-Blackler. Mon livre n’est pas une dénonciation, c’est une démonstration, un ensemble de démonstrations dont j’attends des réfutations, et non pas des critiques à la volée ou des calomnies. Elle ajoute : je pense que certains chercheurs qui on dénoncé mon travail ont accrédité la thèse d’une sorte d’islamophobie d’Etat dont seraient les porte-parole certains chercheurs comme moi ». Certains chercheurs pointent cependant des  manquements méthodologiques au travail de Florence Bergeaud Blakcker et relatent leur expérience de chercheurs aux côtés de l’anthropologue. C’est notamment le cas du sociologue spécialiste de l’islam en France, Omero Marongiu-Perria.

Des risques pour la liberté académique…

Que dit la suspension de cette conférence sur l’état du monde académique ? Que faudrait-il faire ? « Il faudrait rendre très difficile la possibilité de suspendre ou d’interdire une conférence à l’université par des académiques, estime l’anthropologue. Il n’est pas normal que des gens comme moi, qui disposent de diplômes, se voient suspendre leurs conférences sans aucun motif. Elle ajoute : suspendre, c’est anormal, discuter une thèse, en revanche, cela fait partie de l’académie. Et il faut que ces conférences et ces débats se tiennent pour que l’on puisse en discuter. Sinon, on accrédite la position de ceux qui veulent les faire taire ».

 

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.