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Signataires
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L’enquête sur l’« islamo-gauchisme » à l’université doit être confiée à une instance indépendante du ministère, estime un collectif de 130 universitaires.
Le 16 février, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, a créé l’événement en alertant sur la présence de l’« islamo-gauchisme » à l’université et en demandant qu’une mission d’évaluation de ce risque soit confiée au CNRS.
Nous nous réjouissons de constater que, certes avec un certain retard, notre ministre ait enfin compris l’existence d’un problème, contrairement à la Conférence des présidents d’université, qui a répondu à cette annonce par un communiqué consternant de corporatisme et de déni du réel – communiqué qui devrait lui ôter le droit de prétendre représenter la « communauté universitaire ». Cependant, nous ne pouvons appuyer la proposition telle qu’elle est présentée par la ministre, et ce pour deux raisons.
La première raison tient au périmètre du problème à régler : en octobre 2020, après le refus de plusieurs organisations et syndicats de qualifier l’assassin de Samuel Paty d’« islamiste », l’actualité pointait clairement l’« islamo-gauchisme » comme l’objet immédiat d’une inquiétude légitime.
Et ceux qui, aujourd’hui, prétendent que ce terme a été créé par la droite ou l’extrême droite et que ce concept ne renvoie à « aucune réalité scientifique » font simplement preuve d’inculture ou de mauvaise foi, puisqu’ils ignorent ou prétendent ignorer qu’il a été forgé, il y a vingt ans déjà, par le politiste et historien des idées Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS, sur la base d’analyses historiques précisément documentées, dont témoigne notamment son livre La Nouvelle Judéophobie (Mille et une nuits, 2002).
Mais aujourd’hui, se focaliser sur ce terme constitue une erreur d’analyse : il y a bel et bien un problème dans l’enceinte universitaire, mais ce n’est pas tant celui de l’« islamo-gauchisme » que celui, plus généralement, du dévoiement militant de l’enseignement et de la recherche. Car se développent de façon inquiétante pléthore de cours, articles, séminaires, colloques qui ne sont que du militantisme déguisé en pseudo-science à coups de théories fumeuses (« racisme d’Etat »), de néologismes tape-à-l’œil (« blanchité ») et de grandes opérations de découverte de la Lune, présentant par exemple comme de lumineuses avancées scientifiques l’idée que nos catégories mentales seraient « socialement construites » (mais qu’est-ce qui ne l’est pas dans l’expérience humaine ?) ou que, « intersectionnalité » oblige, être une femme de couleur expose à être moins avantagée socialement qu’être un homme blanc… Quelle que soit la légitimité des causes politiques ainsi défendues, l’indignation ne peut tenir lieu de pensée, ni le slogan d’argumentation raisonnée.
Garantir la diversité et la pluralité
C’est dire qu’il y a urgence à rendre le monde universitaire à sa mission : produire et transmettre des connaissances, dûment étayées et vérifiées, et non pas des convictions politiques, fussent-elles animées des meilleures intentions.
Mais – et c’est là notre second désaccord avec notre ministre – ce travail de régulation de l’offre académique ne peut et ne doit se faire qu’en interne, au sein des instances universitaires dont c’est le rôle. Toute autre initiative pourrait être accusée, à juste titre, d’ingérence ou de censure, alors qu’il s’agit bien de garantir la qualité du travail académique et sa cohérence avec ses missions. Or cette instance existe : il s’agit du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES).
Le HCERES, qui est une institution indépendante du ministère – indépendance destinée à s’accroître, au terme de la loi –, a vocation à apprécier la qualité des travaux et des formations, de manière à informer les organismes et les universités en vue des prises de décision. Dans ce cadre précis, il pourrait, en se saisissant du problème, certifier la qualité des maquettes pédagogiques, des enseignements proposés, des programmes des séminaires et des colloques. Or, cette offre est de plus en plus tirée du côté des studies à l’américaine (gender studies, queer studies, postcolonial studies, ethnic studies, etc.) qui, en ne tenant pas compte des compétences garanties par l’organisation en disciplines (l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie, etc.), favorisent la contamination du savoir par le militantisme.
Nous en sommes au point où certains représentants de ces studies se révèlent incapables de faire la différence entre l’un et l’autre : telle cette enseignante se présentant sur Mediapart comme « universitaire féministe » tout en se plaignant que son enseignement soit discrédité comme militant… Un simple inventaire, au niveau national, de ce type de productions devrait suffire à en délimiter l’étendue et, le cas échéant, en entraîner la limitation, ne serait-ce que pour garantir la diversité et la pluralité de l’offre d’enseignement.
En s’emparant en toute indépendance de cette problématique majeure pour la qualité de la science française, le HCERES pourrait légitimement étayer la gouvernance des universités. Et le ministère, en prenant toutes les garanties pour que ce travail s’effectue dans les meilleures conditions de rigueur, de pluralisme et d’efficacité, pourrait permettre à tous les acteurs du dispositif de sortir dignement d’une crise qui n’a que trop duré.
Premiers signataires
Belinda CANNONE (Université de Caen)
Alain EHRENBERG (CNRS-INSERM-EHESS, Paris)
Luc FERRY (ancien ministre de l’Education, de la Jeunesse, de la Recherche et des Universités)
Béatrice GIBLIN (Université Paris 8)
Nathalie HEINICH (CNRS-EHESS, Paris)
Jacques JULLIARD (EHESS, Paris)
Gilles KEPEL (Université PSL, Ecole Normale Supérieure)
Catherine KINTZLER (Université de Lille)
Pierre MANENT (EHESS, Paris)
Samuel MAYOL (Université Sorbonne Paris nord)
Pierre NORA (EHESS, Académie française)
Bernard ROUGIER (Université de Paris Sorbonne nouvelle)
Xavier-Laurent SALVADOR (Université Paris 13)
Jean SZLAMOWICZ (Université de Bourgogne)
Pierre-André TAGUIEFF (CNRS-Sciences Po, Paris)
Claudine TIERCELIN (Collège de France)
Autres signataires
Daniel ABERDAM (INSERM, Paris)
Joubine AGHILI (Université de Strasbourg)
Alya AGLAN (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Michel ALBOUY (Université de Grenoble)
Joëlle ALLOUCHE (CNRS, Paris 12)
Sophie ARCHAMBAULT DE BEAUNE (Université Lyon 3)
Matthieu ARNOLD (Université de Strasbourg)
Fabrice BALLANCHE (Université Lyon 2)
Isabelle BARBERIS (Université Paris-Diderot)
Patrick BARRAU (Université Aix-Marseille)
Christian BASSAC (Université Lyon 2)
Myriam BENARROCH (Université Paris Sorbonne)
Marc BIED-CHARRETON (Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines)
Andreas BIKFALVI (Université de Bordeaux)
Guillaume BONNET (Université de Dijon)
Yves BOTTINEAU-FUCHS (Paris 7, école d’architecture Paris-Val-de-Seine)
Rémi BRAGUE (Université Paris 1 et LMU Munich)
Joachim BRANDAO DE CARVALHO (Université Paris 8)
Pierre-André BUVET (Université Paris 13)
Dominique CASAJUS (CNRS, Paris)
Claude CAZALÉ BÉRARD (Université Paris Nanterre)
Jean-Marc CHADELAT (Université Paris-Sorbonne)
Adrien CHAPEL (Université Paris-Cergy)
Guylain CHEVRIER (Université Paris 13 Sorbonne Nord)
Joseph CICCOLINI (Université Aix-Marseille)
Anna COGNET (École des Psychologues Praticiens)
Laurent COLLET (Université Paul Valéry-Montpellier 3)
Charles COUTEL (Université d’Artois, Arras)
Danielle DELMAIRE (Université de Lille)
Albert DOJA (Université de Lille)
Michel DREYFUS (CNRS, Université Paris 1)
Michel ERMAN (Université de Bourgogne)
Marie-Claude ESPOSITO (Sorbonne Nouvelle)
Marie ESTRIPEAUT-BOURJAC (Université de Bordeaux)
Laurent FEDI (Université de Strasbourg)
Michel FICHANT (Université Paris-Sorbonne)
Mathieu FLONNEAU(Université Paris 1-Sorbonne)
Pierre FRESNAULT-DERUELLE (Université Paris 1-Sorbonne)
Marc FRYD (Université de Poitiers)
Edith FUCHS (IEP Paris)
Alexandre GADY (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Jacques Athanase GILBERT (Université de Nantes)
Monique GOSSELIN-NOAT (Université de Paris Ouest-Nanterre)
Gabriel GRAS (CEA)
Yana GRINSHPUN (Université Paris-Sorbonne nouvelle)
Gilles GUGLIELMI (Université Paris 2 Panthéon-Assas)
Philippe GUMPLOWICZ (Université Evry Paris-Saclay)
Hubert HECKMANN (Université de Rouen)
Emmanuelle HENIN (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Philippe d’IRIBARNE (CNRS, Paris)
François JOST (Université Paris-Sorbonne nouvelle)
Pierre JOURDE (Université Grenoble-Alpes)
Jean-Charles KHALIFA (Université de Poitiers)
Joël KOTEK (Sciences Po Paris et ULB)
Marcel KUNTZ (CNRS, Université de Grenoble-Alpes)
Arnaud LACHERET (Arabian Gulf University)
Monique LAMBERT (Université Paris 8)
Emmanuel LECLERCQ (Université de Rouen)
Anne-Hélène LE CORNEC UBERTINI (Université de Brest)
Joan LE GOFF (Université Paris-Est Créteil)
Pierre LE GUERINEL (Université de Montpellier)
Jacqueline LEON (CNRS, Paris)
Andrée LEROUSSEAU (Université de Lille)
Franck LESSAY (Université Paris 3-Sorbonne nouvelle)
Laurent LOTY (CNRS, Paris)
Catherine LOUVEAU (Université Paris-Saclay)
Danièle MANESSE (Université Paris 3)
Jean MARIEU (Université Bordeaux-Montaigne)
Joseph MARTINETTI (Université de Nice)
Ferdinand MELIN-SOUCRAMANIEN (Université de Bordeaux)
Michel MESSU (Université de Paris-Saint-Germain)
Nathalie MOURGUES (Université Paris-Est-Créteil)
Frank MULLER (Université de Strasbourg)
Lion MURARD (CNRS-INSERM-EHESS, Paris)
Bruno OLLIVIER (Université des Antilles)
Gilles PAGES (INSERM, Nice)
Hélène PALMA (Université Aix-Marseille)
Rémi PELLET (Université de Paris)
René POMMIER (Université Paris-Sorbonne)
Joël PRIOLON (Université Paris-Saclay)
André QUADERI (Université de Nice)
Gérard RABINOVITCH (Institut européen Emmanuel Levinas, Paris)
Charles RAMOND (Université Paris 8)
Jean-Jacques RASSIAL (Université Aix-Marseille)
François RASTIER (CNRS-INALCO, Paris)
Catherine RESCHE (Université Paris 2 Panthéon-Assas)
Virginia RICARD (Université de Bordeaux-Montaigne)
Marc ROLLAND (Université de Dunkerque)
François ROUDAUT (Université de Montpellier)
Jean-Michel ROY (ENS Lyon)
François de SAINT-CHERON (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Georges-Elia SARFATI (Université de Clermont-Auvergne)
Pierre SCHAPIRA (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Etienne SCHNEIDER (Université de Strasbourg)
Jean-Paul SERMAIN (Université Paris Sorbonne nouvelle)
Perrine SIMON-NAHUM (CNRS, Paris)
Bruno SIRE (Université de Toulouse-Capitole)
Alain SPALANZANI (Université Grenobles-Alpes)
Antoine SPIRE (Université Technologique de Compiègne)
Claire SQUIRES (Université de Paris)
Marcel STAROSWIECKI (Université de Lille)
Véronique TACQUIN (Première supérieure, Paris)
Pierre-Henri TAVOILLOT (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Thibault TELLIER (Sciences Po Rennes)
André TIRAN (Université Lyon 2)
Vincent TOURNIER (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble)
Christophe TOURNU (Université de Strasbourg)
Dominique TRIAIRE (Université de Montpellier)
Gilles VERGNON (Sciences Po Lyon)
Martine VERLHAC (Première supérieure, Annecy)
Pierre VERMEREN (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Yves-Marie VISETTI (CNRS, Université Paris-Diderot)
Christophe de VOOGT (Sciences Po, Paris)
Elodie WEBER (Université Paris-Sorbonne)
Yves-Charles ZARKA (Université Paris-Sorbonne)
Françoise ZONABEND (EHESS, Paris)
Anne ZRIBI-HERTZ (Université Paris 8)
Patrick ZYLBERMAN (Université Paris-Sorbonne)
Alcorac ALONSO DENIZ (chargé de recherches CNRS)
Patrice ANDRÉ, (INSERM)
Roland ASSARAF (CNRS,Sorbonne Universités)
Laurent BOUVET (UVSQ)
Philippe CAPELLE-DUMONT (Université de Strasbourg)
Jean-Louis CHARLET (Aix Marseille)
Michel CHEIN (université de Montpellier)
Jacqueline COSTA-LASCOUX (CNRS)
Annie FOURCAUT (université Paris-Panthéon Sorbonne)
Jean-Pierre KHERLAKIAN (Université de Limoges)
Robert KOPP (Université Paris IV Sorbonne et université de Bâle)
Jean-Yves MASSON (université paris 4 Sorbonne)
Olivier MILLET (université de Paris Sorbonne)
Hervé PASQUA (univ Paris Sorbonne)
Dominique PRADELLE (Sorbonne Université)
Claude SECROUN (université de Reims)
Didier SOULLIET §Université de Bourgogne)
Christian TROTTMAN (Université de Bourgogne)
Christian BELIN, université Paul Valéry
Sarah BEN NEFISSA directrice de recherches, Institut de Recherche et Développement (IRD)
Peter BERNHARD, université Toulouse I
Dominique BODIN, Université Paris Est Créteil
Bernard BOËNE, Université de Rennes-II
Jean-Luc BONNIOL, Université d’Aix Marseille
Christophe BOUTIN, université de Caen
Anne BROGINI, PU, université Côté d’Azur
Evelyne BUISSIERE, professeure de philosophie enseignant en classe préparatoire littéraire
Yoann CHENY, MCF, université de Lorraine
Antoine DESJARDINS, professeur, Ecole Supérieure des Arts Décoratifs
Petr DVORAK, PhD., senior researcher, Institute of Philosophy, Czech Academy of Sciences, Prague
Wissâm FEUILLET. professeur de lettres modernes, Lycée Marie Curie
Jean-Luc GAFFARD, Professeur Émérite, Université Côte d’Azur, Institut Universitaire de France
Nice François GIRODON, PU, université de Bourgogne
Frank KOVACS, professeur d’histoire géographie
Jean-Pierre Le DANTEC, professeur honoraire ENS d’architecture de
Paris-la-Villette
José LEROY, professeur agrégé de philosophie
Julien LÉVY, professeur associé HEC Paris
Ludovic MONTET, professeur, ESMD Lille
Chantal NICOLE-DRANCOURT, directrice d recherches au CNRS
Hervé PASQUA, PU, Université de Nice Côte d’Azur
Anne RICHARDOT, MCF université de Lille
Baldine SAINT-GIRONS, PEU, université Paris X Nanterre
Bernard SASSO, University College Swansea
Gérald SFEZ, Première supérieure, Lycée La Bruyère (Versailles).
Michael A. SOUBOTNIK, MCA à la retraite de l’Université Gustave Eiffel
Didier SOUILLER, professeur émérite des Universités, Université de Bourgogne
Roxane TANZY, professeur de philosophie, Saint-Denis
Benoît TOCK, Université de Strasbourg
Rolf WINTERMEYER, professeur émérite Paris III Sorbonne nouvelle
Tewfick ACLIMANDOS, Chercheur associé à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France
Marie CALAIS, Professeur Agrégée d’Histoire
Vladimir COUPRIE, enseignant de philosophie ( Lycée Fénelon)
Aurélien DUPOUEY-DELEZAY, Professeur d’Histoire et Géographie (Mayotte)
Anne-Catherine KOVACS, Professeur d’Histoire et Géographie, (lycée Mahatma Gandhi de La Réunion)
Maurice MERCHIER, Professeur en classes préparatoires
Humberto MORALES, Professeur des universités (UBO-Université des Andes, Mérida, Venezuela)
Luc PACALET, Professeur de français
François RIPOLL, Université fédérale Toulouse Midi Pyrénées
Stéphane VENTOS, Professeur d’Histoire-Géographie