Dans un article récemment paru sur le site du Monde et intitulé « Le concept de religion est une invention chrétienne seulement pertinente dans un cadre occidental », un chercheur du CNRS soutient la brillante idée que :
« Je considère que la « religion », au sens où nous l’entendons en Occident, n’est qu’une vision, qu’une construction particulière du monde, celle des chrétiens, comme les communistes, les nazis, les épicuriens ou les animistes en ont eu une. »
https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/11/15/le-concept-de-religion-est-une-invention-chretienne-seulement-pertinente-dans-un-cadre-occidental_6059789_6038514.html
Exit en une phrase l’Antiquité occidentale gréco-romaine sortie du champ des religions, exit le Moyen-Orient, exit l’Afrique; exit en un phrase l’histoire des religions (Mircea Eliade, qui ne répondra pas, se fait dézinguer en une phrase); exit le folklorisme qui se débat depuis un siècle pour survivre.
Voilà: la sociologie range Dumézil et Lévi-Strauss dans le placard des trucs dont on se souvient vaguement mais qui vraiment, bouh, prennent trop de place et nous empêchent de réfléchir entre sociologues.
Il faut DÉ-CO-LO-NI-SER les religions.
Le christianisme, les animistes bantous, le moines shaolin et Hitler: tout ça c’est la même chose: une « grille de lecture » on vous dit.
Saint Thomas d’Aquin ? Une grille.
Augustin ? Une grille.
Jérôme ? Une grille.
Bruce Lee ? Une grille.
Goebels ? Une grille.
Une collection de grilles.
Des grilles partout.
On reste ému devant tant de finesses, mais on peine à partager l’émoi du journaliste (« iconoclaste », « revigorant ») devant ce sage émérite décoré par les instances américaines pour une recherche dont on n’a pas voulu chez nous – mais qui nous revient par la fenêtre.
Le gars fait des « Religious studies » – pas de l’Histoire des religions, hein. Nan, nan: des religious studies. C’est vrai qu’en américain, ça fait plus chic, plus hype.
J.B.