par le collectif de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires
Réponse à l’article « L’Observatoire du décolonialisme, faux think tank et vrai média d’opinion » en date du 26 juin 2021 (consulté le 26/06 à 11:12)
Sur la question du nom de notre collectif
Vous relayez le jugement de quelqu’un qui aurait dit: « le terme d’Observatoire donne un semblant de scientificité qui favorise l’adhésion du public ». Mais un Observatoire, avant d’être une institution, est un lieu où l’on place des télescopes. C’est par image qu’il existe un Observatoire de la diversité culturelle, un Observatoire des inégalités ou un Observatoire Européen de la Non-Discrimination et des Droits Fondamentaux. De même que Libération ne libère pas les gens, il est absurde de prétendre réserver le mot « observatoire » à une seule institution.
Sur la question de l’humour
Vous écrivez que « le mélange des tons et des genres est manifeste sur le site, qui ressemble parfois plus à un média potache qu’à un site universitaire ». Premièrement, un « site universitaire » est un site administratif, ce que nous ne sommes pas. Deuxièmement, en réduisant notre usage pédagogique de l’ironie à un « caractère potache », vous tordez la réalité des faits. Malgré plus de 270 articles publiés et signés par des universitaires sur notre site, votre article nous accuse d’être un faux « think tank » quand jamais il ne donne la définition d’un vrai.
Concernant les influences concrètes de l’observatoire
Vous écrivez que « l’Observatoire pulvérise la candidature de la chercheuse en sciences politiques Nonna Mayer ». Nous souhaitons rappeler que l’intervention de l’observatoire a consisté à publier sur son site une analyse serrée de ce qui concerne l’islamophobie dans un rapport de la CNCDH inspiré par Nonna Mayer, analyse correspondant à un extrait du livre Islamophobie intoxication idéologique de Philippe d’Iribarne paru chez Albin Michel.
Sur la méthodologie du rapport
L’article donne la parole à un « analyste » qui aurait dit du rapport: « c’est une espèce de bouillie qui fonctionne par un effet de juxtaposition ». Vous disqualifiez ainsi le rapport pour son prétendu manque de scientificité en prenant pour référence « des études lexicométriques ». Ce faisant, vous méconnaissez le fait que ce rapport n’a pas été publié dans une revue scientifique et ne prétend pas être une thèse. Il montre en revanche par de nombreux exemples en quoi le mouvement woke n’est nullement marginal, en dépit de ce qu’affirment ses défenseurs. Il n’y est pas question de « représentativité » (ce qui justifierait l’accusation impertinente de cherry picking) mais simplement de multiplicité des exemples de ces thèmes à l’université.
Sur la légitimité institutionnelle et scientifique
L’accusation d’ »approche para-scientifique » reprochée à notre collègue Nathalie Heinich dans son « Tract » Ce que le militantisme fait à la recherche trahit simplement l’ignorance de la différence entre une collection d’intervention et une revue scientifique. Quant à l’absence de « légitimité institutionnelle et scientifique » des membres de notre Observatoire, il faut vraiment ne rien connaître au monde académique pour oser une telle affirmation: nous attendons impatiemment une comparaison entre la bibliographie de nos publications scientifiques et celle de nos détracteurs.
Sur l’accusation d’absurdité
Vous écrivez que « l’absence de tout examen du fond des travaux publiés [est poussé] jusqu’à l’absurde ». Premièrement, c’est un grand classique de la critique que de balayer des faits qui dérangent en arguant que leur description ne serait pas suffisamment exhaustive ou objective. Notre objectif est tout autre: il vise à mettre fin au déni qui nous a été opposé lorsque nous avons exprimé nos inquiétudes sur la pénétration des idéologies identitaires dans l’Université. À ce titre et comme nous vous l’avions dit, nous sommes des lanceurs d’alerte et nous publions le florilège des observables.
Deuxièmement, vous relayez d’autres propos de collègues militants dont la verve est critique: « ça fait pitié, c’est dramatique ». Ces mêmes collègues qui nous accusent d’être « malhonnête[s] »1 lorsque nous parlons de travaux publiés par leurs auteurs ne voient en revanche aucun problème dans les accusations d' »islamophobie » portées contre Vincent Tournier et Klaus Kinzler. On aurait aimé que les journalistes d’ASI commencent par reconnaître ce qu’enseigne ce rapport avant de se précipiter dans un déni du problème inspiré par des collègues à la fois juges et partie, contrairement à l’impératif d’objectivité journalistique qui est pourtant censée constituer la référence de ce média d’opinion.