Le 15 décembre 2022, le Café Laïque de Bruxelles était attaqué par une meute de militants trans. Intrusion en force dans le local, bris de mobilier, jets d’excréments… un autre de ces cancels violents dont le wokisme nous en a donné l’habitude.
Leur cible ? Une conférence des psychanalystes Caroline Eliacheff et Céline Masson, coupables de s’opposer aux opérations de changement de sexe chez les enfants. Les transactivistes les ont donc condamnées au silence. Les précédentes conférences de Lille et Paris avaient déjà dû être annulées : pressions sur la mairie, invasion de la salle par une foule hurlante…
L’attaque de Bruxelles n’est qu’un épisode de la campagne de censure de longue haleine contre les « sceptiques du genre » : en février 2024 encore, les transactivistes empêchaient une conférence de SOS Éducation. Sauf qu’ici – bêtise ou sentiment d’impunité ? – le harcèlement s’est organisé en public sur Twitter : nous avons pu sauvegarder les messages avant que les militants ne les effacent.
C’est l’occasion parfaite d’observer comment on fabrique un cancel. On verra que la méthode d’intimidation est bien rodée, et même graduée : campagne de calomnie sur les réseaux sociaux, menaces verbales puis saccage physique des locaux. Et, à travers trois profils de « chasseurs de TERFs », qui y participe, les relaie, et quelles sont leurs motivations.
Le début du cancel
Le 13 décembre, les milieux trans belges se réveillent, et s’inquiètent que rien ne soit encore prévu pour empêcher la conférence. On propose aussitôt plusieurs stratégies pour décourager le public : inonder le Café Laïque de mauvaises notes TripAdvisor fictives, réserver toutes les places en avance pour que la salle soit vide… mais c’est trop tard, la salle affiche complet. Que faire ?
Une dizaine de transactivistes en débattent : aucun ne semble professionnel ou même militer dans une association connue. Mais s’il est très improvisé, le cancel n’est pas pour un déchaînement de colère aveugle pour autant. Il fait l’objet de calculs politiques poussés : on cherche à évaluer l’« impact » médiatique de l’action suivant l’importance de la cible.
La cible a d’ailleurs été désignée « d’en haut », même si de manière informelle. Le parti trotskiste décolonial Révolution Permanente appelait une semaine plus tôt à attaquer les conférences Masson/Eliacheff, dans un article largement relayé par les transactivistes.
L’auteur s’y indigne qu’à Issy-les-Moulineaux (conférence prévue le 13 décembre), l’organisateur ose résister au « bad buzz » et à la « dénonciation des réseaux sociaux », et encourage le « sabotage » des évènements pour qu’ils soient, comme les précédents « annulés ou fortement compromis ». Ailleurs, il qualifie pourtant la cancel culture trans de « spectre agité par la presse de droite » : allez comprendre…
Outre le déni, on voit ici un autre trait caractéristique des cancels : la cible est moins les conférencières que l’organisateur. C’est logique : si C. Eliacheff et C. Masson étaient susceptibles de céder, elles l’auraient fait depuis longtemps. Comme tous les opposants à l’idéologie transgenre, elles ont reçu plus que leur mesure de calomnies et menaces de morts sur les réseaux sociaux. L’organisateur est lui une cible plus facile : il a des intérêts matériels (le local) ou immatériels (sa réputation) à protéger. La perspective de se voir étiqueter « transphobe » ou saccager sa salle en refroidirait plus d’un. A Lille le 17 novembre, c’est lui qui jette l’éponge : une foule hurlante de 200 personnes envahit l’endroit, couvre la voix des intervenants et risque de tout casser. A Paris trois jours plus tard, le local utilisé appartient à la mairie, très déconstruite : quelques coups de fils de militants, appuyés par l’association LGBT+ Act-Up, suffisent à faire annuler l’évènement.
A Bruxelles, nos transactivistes vont tenter de répéter la manœuvre – intimider le Café Laïque pour qu’il annule la conférence. Et entamer d’abord une campagne de diffamation sur Twitter, lancée par un acharné de la « chasse aux TERFs » : JadeWhirl.
« JadeWhirl » – la calomnie en ligne et le harcèlement téléphonique
Militant belge d’une trentaine d’année vivant en France, « Jade » se définit comme « femme trans » et « lesbienne militante » : c’est donc un homme attiré par les femmes, mais qui se revendique lui-même « femme » et « féministe radicale ». Très engagé, un article hagiographique le décrit même comme une « femme rempart » défendant les trans contre les TERFs (féministes refusant l’idéologie transgenre) sur les réseaux sociaux. Face à leur « haine », il déclare étudier la « rhétorique du discours anti-trans » pour le contrer en l’analysant d’un « regard critique ».
La réalité est moins belle. Sur les réseaux sociaux, la contre-argumentation de « Jade » se résume
à citer quelques rares articles de Gender Studies, noyés dans un flot d’insultes – qui ne pense pas comme lui est « fasciste », un « echo chambers qui fait tourner du matériel complotiste et de la désinformation d’extrême droite », etc – ou même de calomnie sans frein. Des parents d’élèves demandent qu’on enseigne, non l’idéologie du gender, mais la différence réelle entre les sexes ? Jouant sur les mots, Jade les accuse de vouloir « enseigner le sexe à leurs enfants » (sic), d’être des « tarés » pédophiles membres d’une « secte anti-trans » à qui il faut les leur retirer d’urgence…
Propos outranciers, mais pas originaux : Jade répète en fait au mot près la rhétorique du complotiste queer américain Caelan Conrad. La méthode est vieille comme le monde : l’attaque en miroir. De nombreux psychiatres, dont Eliacheff et Masson, constatent « un embrigadement idéologique de type sectaire » autour de la transidentité ? On les accuse eux-mêmes de former une « secte ». Les agressions dans les toilettes des écoles se multiplient ? Ce sont les gender critic les agresseurs d’enfant, etc.
Et cela va se sentir : quand Jade lance la campagne de diffamation contre le Café Laïque, le 13 novembre à 22 heures, il accuse aussitôt Eliacheff et Masson d’être des « idéologues liées à l’extrême-droite chrétien [sic] » … des USA. Sans doute trop bon élève à l’école, « Jade » ignore que copier sans changer quelques détails, c’est se faire prendre à coup sûr.
Autre technique de Jade : accuser les conférencières de promouvoir les « thérapies de conversion », dont elle se pare du titre de « victime ». On a décrit dans un autre article le hoax militant des « thérapies anti-trans » : jamais observées en France, elles ont pourtant servi à faire voter une loi criminalisant toute opposition à l’idéologie transgenre. Ne pas croire au genre et le dire est aussitôt assimilé à une « promotion des thérapies », et vaut menace de procès.
Le message de Jade est largement relayé (dix-sept fois) : les autres transactivistes lui emboîtent le pas, répétant les mêmes accusations et en ajoutant d’autres.
Tout ce qui peut être utilisé pour salir le Café Laïque doit l’être, jusqu’au plus grossier. Il a publié sur Twitter une caricature d’islamiste tirée de Charlie Hebdo ? C’est une preuve de « racisme décomplexé ». Plus tard, on l’accusera d’« antisémitisme décomplexé » … sans même s’embêter à expliquer pourquoi : calomnions, calomnions, il en restera toujours quelque chose.
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Pourtant soumis à un torrent de messages accusateurs, l’organisateur ne plie pas. JadeWhirl passe donc à la deuxième phase : le harcèlement téléphonique. Elle met en ligne le numéro du Café Laïque, demandant expressément à ses contacts d’« empêcher [ces transphobes] de s’installer tranquillement ». Détail touchant, elle y ajoute l’indicatif belge, pour que les trans étrangers puissent eux aussi contribuer à la guerre des nerfs : un cancel, oui, mais inclusif.
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Dommage pour eux : l’équipe du Café Laïque ne cède toujours pas. Pis, elle « se permet de bloquer les numéros des personnes » qui la harcèlent, ainsi que leur compte Twitter ! Nos transactivistes se plaignent, sans rire, d’un déni de démocratie :
Les militants ignorent qu’ils sont tombés sur un os. A lire leurs messages, ils ne semblent pas très bien connaître le Café Laïque, de création récente. Ils sauraient sinon qu’il est géré par Fadila Maaroufi, ex-musulmane opposée au wokisme, rompue donc aux chantages à l’« islamophobie » et harcèlements militants. Toute la stratégie usuelle du cancel s’effondre : elle est basée sur l’hypothèse que l’organisateur est le « ventre mou » de l’évènement. Que faire s’il résiste ?
Quand Jade admet l’échec du harcèlement sur Twitter et téléphonique, nous sommes au matin du 15. La conférence est dans quelques heures : seule manière restante de l’empêcher, l’invasion en meute du local. Mais Jade (selon ses dires) est en France : d’autres militants vont s’en charger.
MorueModerne – l’invasion du local et les jets d’excréments
Dans la campagne de harcèlement en ligne et par téléphone, JadeWhirl se trouve secondé par le très actif « MorueModerne ». Vivant à Bruxelles, marié, la trentaine, « Morue » se définit comme « femme trans non-binaire» mais surtout « fluide » : c’est à dire « évolugenre, a-genre, femme, genre-doute ou neutre selon les moments » (sic).
N’essayez pas de traduire, cette phrase est absurde. Tout est emmêlé ou redondant : « a-genre » et « neutre » ont le même sens, « genre-doute » et « évolugenre » n’en ont aucun de connu. Et pour cause : ils ont apparemment été inventés par… l’intéressé lui-même, dont le plus grand plaisir est
« qu’on hésite sur le genre à lui donner ». Tout une transidentité militante fait de même : les 10, 52, 72 genres « exotiques »… sont en fait surtout des farces, de la provocation pour affirmer son militantisme et irriter les « réacs , que les conservateurs ont souvent tort de prendre au sérieux.
En bref, « MorueModerne » est donc un homme vivant avec un autre homme, mais qui se définit comme femme, et se prétend parfois pour la galerie « entre les deux ». Comme JadeWhirl, il revendique fièrement sa « militance féministe », ici dans une série d’articles très éclairants. Cela consiste apparemment pour lui à jouer à la femme, écrire des longs textes comme s’il en avait le corps : « comment et pourquoi je ne me lave plus le vagin et la vulve » (sic), « quel soutien-gorge me va », etc.
On comprend mieux maintenant les « transféministes » : s’approprier le combat des femmes, c’est une autre manière de s’en rêver une – et tant pis si réalité, logique, et les femmes elles-mêmes en souffrent. Le rêve doit continuer à tout prix, quitte à exiger des rapports homosexuels forcés : selon MorueModerne, aucun homme ne devrait refuser de coucher avec une « femme trans » non-opérée comme lui. « Bâtir une sexualité sur la présence ou l’absence de certains organes génitaux est abscons », déclare-t-il. « [Ne pas vouloir coucher avec] celleux d’entre nous qui ont un pénis est donc transphobe par essence, mais surtout transmisogyne et homophobe » (sic).
Quand on va si loin dans le fantasme, l’existence même d’une voix dissonante est insupportable.
De tous les transactivistes, MorueModerne est le plus acharné et ordurier envers les conférencières : du « fumier », de la « merde », etc. L’ironie, c’est qu’ici tout role model féminin est abandonné. Suivi à la lettre pour discuter chiffons et gels intimes, on l’oublie opportunément quand il s’agit d’aller casser la gueule de ses ennemis politiques. MorueModerne pousse dès le départ à organiser une descente en règle : « Chuis chaud pour aller devant les portes et les virer. Qui veut venir ?/Marre de voir ces transphobes revenir comme le mauvais vents ».
De mâle excitation, il en oublie même de se « genrer » au féminin. Et parle sans inquiétude de virer les conférencières à lui toute seul : deux femmes d’un certain âge, vous pensez…
MorueModerne appelle encore deux fois à en découdre au Café Laïque – situé, dit-elle « tout près de chez lui ». L’après-midi du 15, il dit « être sur place » mais ne pas vouloir « y aller tout seul ». JadeWhirl répond « ne pas savoir si quelque chose est organisé ».
Le 15 à 18 heures, la conférence commence normalement : par précaution, on ferme les portes du Café Laïque. Vers 18h30, quelqu’un les ouvre pour sortir téléphoner : une vingtaine de militants s’engouffrent aussitôt dans le local, cassent du mobilier, bousculent l’assistance et jettent des excréments et de la boue sur les conférencières.
Leurs tracts, pancartes et slogans reprennent exactement l’argumentaire de JadeWhirl et ses amis : les conférencières encourageaient les « thérapies de conversion », le Café Laïque serait « raciste » et « islamophobe »… cependant, masqués et se revendiquant d’un anonyme « Collectif Ursula », les casseurs ne sont pas identifiables. Impossible de prouver la participation de MorueModerne et autres partisans de l’attaque sur Twitter. Pris à partie sur les réseaux sociaux, ils nient… tout en se réjouissant du cancel : « Cheh », ils l’ont bien mérité !
L’indignation sur les réseaux sociaux est l’occasion d’une nouvelle vacherie, façon flèche de Parthe. MorueModerne encourage les transactivistes à « signaler » abusivement en masse les messages de soutien au Café Laïque, dans l’espoir que la censure automatique les efface sans examen.
La conférence doit être interrompue et reportée : les militants ont gagné. Allons voir maintenant comment ils exploitent leur victoire médiatique.
3) « Evil » le keyboard warrrior et zététicien woke
Le soir même du cancel, la transosphère est en joie : les militants se congratulent devant les photos du local saccagé :
Pour avoir l’« impact fort » désiré, la diffusion doit être la plus large possible. Ici, un keyboard warrior connu s’en est chargé : « Evil le Bestiaire » ou « Nonoche3 »
« Evil » a même fait bien plus : il a relayé toute la campagne du début à la fin, des premiers appels au « sabotage » aux cris de joie devant sa réussite huit jours plus tard. Y compris les appels au harcèlement de JadeWhirl, à saccager de local de MorueModerne…son but était indéniablement de pousser les transactivistes bruxellois à l’action (physique).
« Evil » relève d’une autre catégorie de transactivistes : les spécialistes du trollage. S’autoproclamant « fléau des réacs », on le voit fréquemment s’en prendre aux conservateurs sur les réseaux sociaux, les insulter, leur prêter des « -phobies » imaginaires, les menacer ensuite de procès… il a d’ailleurs rationalisé le procédé, et créé une astucieuse bibliothèque d’images où tous les trolleurs woke peuvent piocher. D’un copier-coller, clouez le bec à votre adversaire : qualifiez-le d’« ordure transphobe » qui doit se taire, ramenez tous ses arguments à une « panique morale »…
Evil n’aime visiblement pas prendre de risques. Il se garde bien de participer au cancel qu’il a relayé, laissant ceux qu’il a encouragés s’exposer seuls. Et quand il publie une image « Les TERFS au bûcher », slogan habituel des transactivistes, lui, la tronque hypocritement pour qu’on ne puisse pas l’accuser d’appeler au meurtre.
Comme « Jade », « Evil » aimerait bénéficier de la caution de la « science » pour faire taire ses adversaires politiques. Lui le fait en se revendiquant « zététicien » : on dit aussi « rationaliste » ou « sceptique ». Courant intellectuel tout à fait respectable né dans les années 80 pour lutter contre les gourous du paranormal, la zététique se donne pour but de développer les moyens d’autodéfense intellectuelle du public en utilisant l’analyse du discours et des biais cognitifs.
Hélas, une partie des wokes s’est emparée de l’étiquette pour donner une justification scientifique à leur campagne de censure. « Evil » a ainsi formé avec d’autres le collectif revendiqué d’extrême-gauche « Zet-Ethique ». Convaincus que « la science est politique », on les voit professer que ceux qui n’y croient pas sont des « droitards et autres centristes » (sic) n’ayant pas leur place dans le mouvement. Dès 2021, ils s’en prennent violemment à eux sur les réseaux sociaux. Libération a chaudement approuvé cette tactique de coucou, présentée par un vertueux combat contre le « communautarisme » (sic).
Zet-Ethique attaque ensuite les zététiciens eux aussi déconstruits, mais jugés trop mous. On les voit instruire un hilarant procès en tièdisme transactiviste : l’accusé s’en tire avec quelques sophismes et assurances de pureté militante. Il ne se permettrait jamais de « biologiser » lui ne relayerait pas des « paniques morales d’extrême-droite », quand même ! » Hélas, les choses ont été trop loin, et une guerre interne picrocholine fait désormais rage sur Twitter entre zétapos « modérés » et politiques « radicaux »… qui ne diffèrent en réalité que d’une nuance de wokisme.
Dans les deux factions, le procédé est le même : citer comme de la « science » les thèses d’une minorité de militants-chercheurs de gauche radicale, souvent faussaires notoires. On voit les uns recycler sans citer leur provenance la théorie d’Eliane Viennot sur un grand complot de linguistes « masculinistes » contre l’écriture inclusive, basée sur une demi-douzaine de citations tronquées. Et les autres, sous prétexte d’ « écouter des compétences » sur la chasse, inviter un Pierre Rigaux qui n’en a pourtant aucune expertise connue… à part être le chef de file des antispécistes anti-chasse français, souvent surpris à manipuler les faits.
Seule différence, les « modérés » abordent parfois des domaines non-politisés (paranormal, platisme) où ils se montrent intéressants. Les « radicaux » obsédés de sociologie woke ne savent eux que parler « discrimination » et « oppression », et leurs « analyses » se résument souvent à des procès d’intention à leurs adversaires, justifications des cancels en cours, voire francs mensonges militants à leur lecteurs.
Ceci n’est pas une chasse aux sorcières (visuel d’Evil)
On voit par exemple notre zététicien « prouver » que l’« islamophobie » règne en France par l’histoire d’un musulman envoyé quatre ans en préventive pour une seule fausse dénonciation de visionnage de vidéo djihadiste. Il oublie que l’homme a surtout avoué avoir transporté des armes destinées aux frères Kouachi… alors que c’est dans le contenu même du lien qu’il fournit : mais bon enfant d’Internet, Evil sait que moins d’une personne sur cent ne prend la peine de vérifier les sources.
L’ironie finale, c’est le profil de notre trolleur : homme blanc issu d’une famille fortunée de vieille noblesse française, « Evil » qui ne cesse d’asséner des leçons de légitimité à tout le monde, n’aurait d’après ses propres critères à en donner à personne. Ce n’est surprenant qu’en apparence : on sait depuis l’affaire Boudarel que c’est parmi les dominants honteux d’eux-mêmes que se recrutent les plus acharnés des « décoloniaux ».
Ceci n’est pas d’un somptueux humour involontaire (visuel d’Evil)
Et c’est chez eux que la haine de l’Ennemi est la plus forte. Les LGBTQ+, « racisés » et autres luttent surtout par passion communautaire ou ethnique : ils ne se sont pas profondément engagés dans l’idéologie woke, et ne font qu’en emprunter le langage, parce qu’il est dans l’air du temps.
On a vu, rappelons-le, même les talibans se revendiquer « inclusifs ». Toute une extrême-gauche post-marxiste est dans le cas inverse : elle croit sincèrement au wokisme comme moyen de de secouer un système capitaliste qu’elle déteste, la sympathie envers les minorités ne vient qu’en second plan.
D’après Evil, certaines « oppressions » valent plus que d’autres (visuel d’Evil)
Plus intellectuelle, elle se retrouve fréquemment à parler en leurs noms, souvent à rebours de leurs intérêts. On ne verrait pas sinon des antifas américains appeler à une « Homosexual Intifida » en soutien au Hamas… qui exterminerait ces infidèles sodomites sur l’heure. Sur le profil d’Evil , « fléau des réacs », on trouve beaucoup de messages contre les conservateurs, bien peu pour soutenir les « communautés » LGBTQ+. On finit par se demander si ces dernières ne sont pas surtout un prétexte pour attaquer les premiers.
Si j’étais woke et obsédé par la « représentativité », je me poserais d’ailleurs la question : où sont les « dominés » dans l’affaire de Bruxelles ? Journalistes, harceleurs, casseurs, relayeurs, le cancel semble avoir été entièrement porté à bout de bras par des mâles (biologiques) blancs occidentaux urbains, tous de gauche radicale. Transidentité mis à part, le manque de « diversité » est criant.
Toute l’ironie du cancel tient à cela. Il faut donner raison à « Evil » : oui, la liberté d’expression est bien un « privilège d’hommes blancs »… mais pas de tous : de ceux qui, parce qu’ils portent des jupes ou soutiennent ces derniers par opportunisme politique, pensent avoir le droit de forcer les femmes à se taire.