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Arabie saoudite : « Quand le ministère du tourisme invite les personnes LGBT à visiter le pays… »

Arabie saoudite : « Quand le ministère du tourisme invite les personnes LGBT à visiter le pays… »

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Plusieurs médias internationaux l’ont noté, le site Internet « Visit Saudi », qui promeut l’attractivité touristique du royaume, a ajouté deux thèmes à la rubrique « questions fréquemment posées » qui ont pu surprendre les observateurs étrangers.La première est : « Les personnes LGBT sont-elles les bienvenues en Arabie saoudite ? », la deuxième est : «Les couples non mariés sont-ils les bienvenus en Arabie saoudite ? » Ces deux questions sont légitimes, notamment pour des touristes occidentaux qui hésiteraient à se rendre en Arabie saoudite, mais ce qui est étonnant, c’est que le ministère du tourisme n’a désormais aucun complexe à les poser et à y répondre de façon très claire.Dans les deux cas, la réponse est la même : «Tout le monde est bienvenu en Arabie saoudite et nous ne vous poserons de toute façon pas de telles questions à votre arrivée. » Il est même précisé que les couples non mariés sont autorisés à partager un hébergement et, bien entendu, nous trouvons sur le site une phrase indiquant qu’il est important d’agir publiquement en respectant les coutumes du pays que l’on visite.Couples non mariés et homosexuels illégauxPourtant, la loi est particulièrement claire concernant les couples non mariés et l’homosexualité : ce sont des pratiques illégales et punies pénalement (cela peut aller jusqu’à la peine de mort dans les deux cas). Nous avions cependant expliqué, dans le livre La femme est l’avenir du Golfe, que les condamnations étaient rarissimes dans les faits et que, pour le cas de l’homosexualité, ce n’était invoqué qu’en complément d’un motif plus grave, pour alourdir une peine (et encore, les dernières condamnations semblaient remonter aux années 2000).La pratique, nous l’avons vu avec le cas de la personnalité non mariée la plus connue du royaume, Cristiano Ronaldo, tend davantage vers le développement d’une forme de tolérance comme celle qui était promue par les Émirats arabes unis. Lors de notre premier voyage en couple, nous avions, ma compagne et moi, eu quelques frayeurs au moment de passer la douane avec nos trois enfants alors que nous n’étions pas mariés. Personne ne nous a posé la question, pas plus qu’à l’hôtel, alors que tous les anciens expatriés nous avaient prévenus que cela risquait d’arriver. Déjà, on sentait que, face à des lois très dures, fermer les yeux discrètement semblait être la meilleure solution.Il ne faut pas être dupeLes médias occidentaux, comme souvent, sont dubitatifs lorsqu’ils commentent ce changement de ton. On a ainsi pu lire que cette communication était faite pour « rassurer », pour « se donner une image », pour des raisons financières ou encore que la population ne l’accepterait pas… En réalité, il ne faut pas être dupe : les Saoudiens comprennent parfaitement l’anglais et lisent la presse internationale. Ils savent parfaitement que le royaume s’ouvre et ne s’y opposent pas car ils en profitent : après des années où ils ne pouvaient quasiment rien faire, l’ouverture, même modeste, représente une opportunité dont ils auraient bien tort de se priver. Ils savent aussi que, dans d’autres pays, les mœurs sont différentes et que la volonté d’accueillir le monde en Arabie saoudite va leur faire rencontrer des gens qui ne leur ressemblent pas. Le royaume d’Arabie saoudite a adopté depuis plusieurs années un cap qui semble se confirmer sur tous les aspects, qu’ils soient économique, diplomatique, social, sécuritaire : celui d’une croissance économique et d’une prospérité qui ne peut se faire que dans un contexte de stabilité, de paix civile et régionale dont le moteur est la tolérance revendiquée à tous les niveaux. C’est ainsi que peuvent s’expliquer les rapprochements diplomatiques avec la Chine, la Syrie, l’Iran et la relative neutralité vis-à-vis d’Israël. C’est dans ce contexte que s’expliquent les investissements dans tous les domaines mais aussi les avancées sociales comme la promotion de plus en plus spectaculaire de femmes à tous les niveaux de la société, l’une d’entre elles vient d’ailleurs de s’envoler dans l’espace.Une certaine idée de toléranceLe connaisseur du terrain notera aussi que, en se promenant dans les rues de Riyad, la présence policière ou militaire se fait désormais beaucoup plus discrète que dans n’importe quelle ville européenne. Nous sommes ici aussi dans une illustration de la volonté de pacifier, adoucir et promouvoir une certaine idée de la tolérance à des fins tout à fait économiques. Alors que les analystes avaient quitté un pays engagé dans une guerre interminable au Yémen, qui avait organisé un blocus de son voisin qatarien et dont la gestion des opposants était pour le moins brutale, il est assez compliqué de réaliser qu’en parallèle l’Arabie devient un pays qui se veut « business friendly » et donc cherche à présent à éviter toute forme de troubles régionaux, quitte à forger des alliances qui paraissaient invraisemblables il y a quelques années. Riyad était le siège du wahhabisme et la police religieuse terrorisait les habitants. Aujourd’hui, on entend à peine les appels à la prière, que la baisse du volume imposée par les autorités rend quasiment inaudibles. Nul ne sait quand cet écart entre la norme écrite, toujours très sévère, et la communication officielle suivie dans une certaine mesure par la pratique réelle va arrêter de s’agrandir. Aujourd’hui, donc, les LGBT sont officiellement « comme tout le monde », bienvenus en Arabie saoudite… et le code pénal prévoit toujours la peine de mort contre eux. Après tout, la législation est la même aux Émirats arabes unis, et personne n’y prête plus attention. Les plus pessimistes parleront d’hypocrisie, les optimistes, dont je suis, parleront de modernité arabe qui, après tout, arrange aussi bien les conservateurs que les libéraux et dont rien ne dit qu’elle n’est pas durable. 

Plusieurs médias internationaux l’ont noté, le site Internet « Visit Saudi », qui promeut l’attractivité touristique du royaume, a ajouté deux thèmes à la rubrique « questions fréquemment posées » qui ont pu surprendre les observateurs étrangers.

La première est : « Les personnes LGBT sont-elles les bienvenues en Arabie saoudite ? », la deuxième est : «Les couples non mariés sont-ils les bienvenus en Arabie saoudite ? » Ces deux questions sont légitimes, notamment pour des touristes occidentaux qui hésiteraient à se rendre en Arabie saoudite, mais ce qui est étonnant, c’est que le ministère du tourisme n’a désormais aucun complexe à les poser et à y répondre de façon très claire.

Dans les deux cas, la réponse est la même : «Tout le monde est bienvenu en Arabie saoudite et nous ne vous poserons de toute façon pas de telles questions à votre arrivée. » Il est même précisé que les couples non mariés sont autorisés à partager un hébergement et, bien entendu, nous trouvons sur le site une phrase indiquant qu’il est important d’agir publiquement en respectant les coutumes du pays que l’on visite.

Couples non mariés et homosexuels illégaux

Pourtant, la loi est particulièrement claire concernant les couples non mariés et l’homosexualité : ce sont des pratiques illégales et punies pénalement (cela peut aller jusqu’à la peine de mort dans les deux cas). Nous avions cependant expliqué, dans le livre La femme est l’avenir du Golfe, que les condamnations étaient rarissimes dans les faits et que, pour le cas de l’homosexualité, ce n’était invoqué qu’en complément d’un motif plus grave, pour alourdir une peine (et encore, les dernières condamnations semblaient remonter aux années 2000).

La pratique, nous l’avons vu avec le cas de la personnalité non mariée la plus connue du royaume, Cristiano Ronaldo, tend davantage vers le développement d’une forme de tolérance comme celle qui était promue par les Émirats arabes unis. Lors de notre premier voyage en couple, nous avions, ma compagne et moi, eu quelques frayeurs au moment de passer la douane avec nos trois enfants alors que nous n’étions pas mariés. Personne ne nous a posé la question, pas plus qu’à l’hôtel, alors que tous les anciens expatriés nous avaient prévenus que cela risquait d’arriver. Déjà, on sentait que, face à des lois très dures, fermer les yeux discrètement semblait être la meilleure solution.

Il ne faut pas être dupe

Les médias occidentaux, comme souvent, sont dubitatifs lorsqu’ils commentent ce changement de ton. On a ainsi pu lire que cette communication était faite pour « rassurer », pour « se donner une image », pour des raisons financières ou encore que la population ne l’accepterait pas… En réalité, il ne faut pas être dupe : les Saoudiens comprennent parfaitement l’anglais et lisent la presse internationale. Ils savent parfaitement que le royaume s’ouvre et ne s’y opposent pas car ils en profitent : après des années où ils ne pouvaient quasiment rien faire, l’ouverture, même modeste, représente une opportunité dont ils auraient bien tort de se priver. Ils savent aussi que, dans d’autres pays, les mœurs sont différentes et que la volonté d’accueillir le monde en Arabie saoudite va leur faire rencontrer des gens qui ne leur ressemblent pas.

Le royaume d’Arabie saoudite a adopté depuis plusieurs années un cap qui semble se confirmer sur tous les aspects, qu’ils soient économique, diplomatique, social, sécuritaire : celui d’une croissance économique et d’une prospérité qui ne peut se faire que dans un contexte de stabilité, de paix civile et régionale dont le moteur est la tolérance revendiquée à tous les niveaux. C’est ainsi que peuvent s’expliquer les rapprochements diplomatiques avec la Chine, la Syrie, l’Iran et la relative neutralité vis-à-vis d’Israël. C’est dans ce contexte que s’expliquent les investissements dans tous les domaines mais aussi les avancées sociales comme la promotion de plus en plus spectaculaire de femmes à tous les niveaux de la société, l’une d’entre elles vient d’ailleurs de s’envoler dans l’espace.

Une certaine idée de tolérance

Le connaisseur du terrain notera aussi que, en se promenant dans les rues de Riyad, la présence policière ou militaire se fait désormais beaucoup plus discrète que dans n’importe quelle ville européenne. Nous sommes ici aussi dans une illustration de la volonté de pacifier, adoucir et promouvoir une certaine idée de la tolérance à des fins tout à fait économiques.

Alors que les analystes avaient quitté un pays engagé dans une guerre interminable au Yémen, qui avait organisé un blocus de son voisin qatarien et dont la gestion des opposants était pour le moins brutale, il est assez compliqué de réaliser qu’en parallèle l’Arabie devient un pays qui se veut « business friendly » et donc cherche à présent à éviter toute forme de troubles régionaux, quitte à forger des alliances qui paraissaient invraisemblables il y a quelques années. Riyad était le siège du wahhabisme et la police religieuse terrorisait les habitants. Aujourd’hui, on entend à peine les appels à la prière, que la baisse du volume imposée par les autorités rend quasiment inaudibles.

Nul ne sait quand cet écart entre la norme écrite, toujours très sévère, et la communication officielle suivie dans une certaine mesure par la pratique réelle va arrêter de s’agrandir. Aujourd’hui, donc, les LGBT sont officiellement « comme tout le monde », bienvenus en Arabie saoudite… et le code pénal prévoit toujours la peine de mort contre eux. Après tout, la législation est la même aux Émirats arabes unis, et personne n’y prête plus attention.

Les plus pessimistes parleront d’hypocrisie, les optimistes, dont je suis, parleront de modernité arabe qui, après tout, arrange aussi bien les conservateurs que les libéraux et dont rien ne dit qu’elle n’est pas durable.

 

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