Read More La xénophobie d’Etat et les flambées de racisme contre les ressortissants d’Afrique subsaharienne ne sont ni nouvelles ni circonscrites à la Tunisie. Elles concernent depuis au moins trois décennies tout le Maghreb. S’exerçant déjà contre les minorités maghrébines, dont les minorités noires, les manifestations de racisme s’ancrent dans des constructions identitaires nationales basées sur une fiction d’homogénéité ethnoculturelle et la phobie de toute diversité, perçue comme une menace à l’exercice politique totalitaire uniformisant. Récurrente, la répression s’exerçant contre les migrants subsahariens connaît des pics dans les moments de raidissement autoritaire, où elle sert d’abord à renforcer l’emprise du pouvoir sur les sociétés maghrébines elles-mêmes. En Algérie, dans le contexte délétère de la fin de règne d’Abdelaziz Bouteflika et des luttes pour sa succession, la répression des migrants subsahariens connaît un nouveau tournant brutal. A la suite de rafles à grande échelle, des milliers de personnes sont expulsées en décembre 2016, brutalement, dans la précipitation. Cette démonstration de force autoritaire visait aussi à conjurer la crainte de l’irruption dans la rue d’une foule gagnée par l’exaspération. Une campagne raciste lancée avec un hashtag (traduit par « non aux Africains en Algérie ») libère une expression raciste : « Il faut les exterminer comme des rats, car ils vivent comme des rats. » Lire aussi le reportage (2019) : Article réservé à nos abonnés Les refoulés d’Algérie racontent la « chasse à l’homme noir » Un hebdomadaire évoquera un « plan sionisto-français pour envahir l’Algérie par six millions de réfugiés subsahariens » ! Cette campagne phagocytera le débat sur la succession de Bouteflika. Prétendant à celle-ci, Ahmed Ouyahia, premier ministre, surfe sur la vague raciste et l’attise, déclarant les ressortissants subsahariens « source de crimes, de drogue et de plusieurs fléaux ». Rafles entachées de violence Auparavant, au Maroc, en 2013, dans un contexte de contestation dans les territoires sahraouis et de répression condamnée par le département d’Etat américain, la répression des Subsahariens connaît un durcissement, avec une succession de rafles entachées de violence et d’actes racistes qui se sont soldés par plusieurs décès, le viol d’une adolescente par des policiers et la défenestration d’un migrant. Parallèlement, des expéditions punitives contre les migrants sont menées. Des réseaux sociaux se mettent en place pour « lutter contre la colonisation » du Maroc. On les retrouve aujourd’hui sous le nom de Marocains contre l’implantation des Subsahariens, fédérant plusieurs groupes, avec des dizaines de milliers de membres. L’organe officiel d’un parti de gouvernement (l’Union constitutionnelle) avait même accusé les migrants d’actes de cannibalisme ! Il vous reste 58.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
La xénophobie d’Etat et les flambées de racisme contre les ressortissants d’Afrique subsaharienne ne sont ni nouvelles ni circonscrites à la Tunisie. Elles concernent depuis au moins trois décennies tout le Maghreb. S’exerçant déjà contre les minorités maghrébines, dont les minorités noires, les manifestations de racisme s’ancrent dans des constructions identitaires nationales basées sur une fiction d’homogénéité ethnoculturelle et la phobie de toute diversité, perçue comme une menace à l’exercice politique totalitaire uniformisant.
Récurrente, la répression s’exerçant contre les migrants subsahariens connaît des pics dans les moments de raidissement autoritaire, où elle sert d’abord à renforcer l’emprise du pouvoir sur les sociétés maghrébines elles-mêmes.
En Algérie, dans le contexte délétère de la fin de règne d’Abdelaziz Bouteflika et des luttes pour sa succession, la répression des migrants subsahariens connaît un nouveau tournant brutal. A la suite de rafles à grande échelle, des milliers de personnes sont expulsées en décembre 2016, brutalement, dans la précipitation. Cette démonstration de force autoritaire visait aussi à conjurer la crainte de l’irruption dans la rue d’une foule gagnée par l’exaspération. Une campagne raciste lancée avec un hashtag (traduit par « non aux Africains en Algérie ») libère une expression raciste : « Il faut les exterminer comme des rats, car ils vivent comme des rats. »
Un hebdomadaire évoquera un « plan sionisto-français pour envahir l’Algérie par six millions de réfugiés subsahariens » ! Cette campagne phagocytera le débat sur la succession de Bouteflika. Prétendant à celle-ci, Ahmed Ouyahia, premier ministre, surfe sur la vague raciste et l’attise, déclarant les ressortissants subsahariens « source de crimes, de drogue et de plusieurs fléaux ».
Rafles entachées de violence
Auparavant, au Maroc, en 2013, dans un contexte de contestation dans les territoires sahraouis et de répression condamnée par le département d’Etat américain, la répression des Subsahariens connaît un durcissement, avec une succession de rafles entachées de violence et d’actes racistes qui se sont soldés par plusieurs décès, le viol d’une adolescente par des policiers et la défenestration d’un migrant. Parallèlement, des expéditions punitives contre les migrants sont menées.
Des réseaux sociaux se mettent en place pour « lutter contre la colonisation » du Maroc. On les retrouve aujourd’hui sous le nom de Marocains contre l’implantation des Subsahariens, fédérant plusieurs groupes, avec des dizaines de milliers de membres. L’organe officiel d’un parti de gouvernement (l’Union constitutionnelle) avait même accusé les migrants d’actes de cannibalisme !
Il vous reste 58.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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