Cette semaine, on a annulé… (épisode 1)

Cette semaine, on a annulé… (épisode 1)

Table des matières

Cette semaine, on a annulé… (épisode 1)

Retour sur la semaine écoulée, avec la Revue de presse de l’Observatoire du décolonialisme du 18 au 24 janvier 2021

Cette semaine, on a annulé:

  • Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer, mais aussi Beowulf, la littérature arthurienne ou les sagas islandaises, toute la littérature médiévale et même des œuvres classiques plus récents comme Le Paradis perdu de John Milton ou la poésie de John Donne, remplacés dans le programme des études d’anglais à l’Université de Leicester par «des modules sur la race et le genre»
    >>> Lire l’article de l’Observatoire du décolonialisme: «Chaucer survivra-t-il à la purge woke?»
  • Les Aristochats et Peter Pan, mais aussi Dumbo, Le livre de la jungle ou La Belle et le Clochard, dont les enfants seront privés sur la plateforme Disney+ parce que ces ces œuvres véhiculent des clichés racistes.
    >>> Lire la tribune de Sami Biasoni, signataire de l’Appel de l’Observatoire du décolonialisme: «Quand Disney+ se change en précepteur moral»
  • Les trois singes de la sagesse, retirés du site internet de l’Université d’York car ils véhiculeraient un stéréotype raciste…
  • Les Playmobils «indiens», qui ne sont plus disponibles sous ce nom. Ils deviennent «autochtones», car il est terriblement raciste de jouer aux cow-boys et aux Indiens.
  • Balzac, Stendhal et Flaubert, qui ne parleraient plus aux jeunes et que la nouvelle directrice du Centre National des Lettres entend remplacer par «une littérature contemporaine qui parle aux adolescents de ce qui les préoccupe».

Retrouvez toutes ces infos et beaucoup d’autres sur la Revue de presse de l’Observatoire du décolonialisme du 18 au 24 janvier 2021

# Fahrenheit 451

Pour lutter contre la Cancel Culture, l’Observatoire du décolonialisme vous offre la lecture de ce poème de John Donne (annulé par l’Université de Leicester):

LA CANONISATION

Accordez-moi, de grâce, licence d’aimer:
    Gaussez-vous de ma goutte, raillez ma tremblote,
Riez de mes poils gris, de ma déconfiture;
    Courez vous cultiver, allez vous remplumer,
       Soyez bien en cour, léchez bien les bottes,
       Auprès des grands faites bonne figure;
Admirez le Roi sur vos écus, face à face,
    Tout à votre soûl, et grand bien vous fasse,
    Autant m’accordez licence d’aimer.
 
Qui, par malheur, ai-je jamais lésé d’aimer?
    Combien de galions sombrent sous mes soupirs?
Dites-moi quels domaines mes larmes inondent?
    Quel hâtif printemps ai-je empêché de germer?
       Quand mes veines m’ardent à en périr
       Ce feu tue-t-il d’autres gens dans le monde?
Les procès sont légion, autant que les guerres,
    Plaideurs et soldats sont à leur affaire,
    Et nous à la nôtre, qui est d’aimer.
 
Vôtre est l’art de nommer quand le nôtre est d’aimer;
    Dites-moi chandelle et baptisez-la bombyx,
L’un pour l’autre brûlant, la mort est notre vœu;
     Aigle et tourterelle nous aimons nous nommer,
       Et pour corser l’énigme du phénix.
       L’unique en double renaît de nos feux,
Des deux, masculin, féminin, neutre unité.
    Canonisés: morts puis ressuscités,
    Tant profond est le mystère d’aimer.
 
Vivre d’amour, à défaut de mourir d’aimer,
    Nous prive d’épitaphe, mais notre légende
De poèmes aussi bien deviendra sujet;
    Nous ferons du sonnet notre chambre à rimer
       Si d’histoire nous ne sommes provende;
       Le plus beau vase cinéraire sied
Autant qu’un monument aux restes des plus grands
     Dans ces cantiques nous reconnaissant
     Saints parmi les saints à force d’aimer,
 
Tous nous invoqueront: Saints qui fîtes d’aimer
    Un art pieux de vivre en ermites tranquilles;
Corps hier en paix, mais aujourd’hui glorieux,
    Vous en qui l’âme du monde s’est abîmée,
       Qui êtes la cornue où se distillent
       (Comme en un miroir ou comme en vos yeux,
Où se concentrent tout incendiées en vous)
    Cours, villes et contrées, priez pour nous,
Que de là-haut nous vienne l’art d’aimer.

John DONNE (traduit par Jean Migrenne)
source: Recours au poème

Auteur

Ce qu'il vous reste à lire
0 %

Peut-être devriez-vous vous abonner ?

Sinon, ce n’est pas grave ! Vous pouvez fermer cette fenêtre et continuer votre lecture.

    S'enregistrer: