« Complément d’enquête » sur l’UNEF: Touche pas à ma minorité!

À l’avant-garde des combats de la jeunesse, ou au contraire en pleine dérive sectaire? La vieille garde ne reconnaît plus son syndicat, ses détracteurs l’accusent de communautarisme… Dans cet extrait du numéro du 10 juin 2021, « Complément d’enquête » se penche sur l’UNEF, l’organisation étudiante qui suscite l’ire d’une partie de la classe politique avec ses réunions « non mixtes ».

Un reportage passé sur France 2 le 10 juin 2021:

En mars 2021, cette organisation qui était jusqu’en 2016 le syndicat étudiant numéro un s’est trouvée sous les feux des critiques pour avoir organisé des réunions « non mixtes ». Plusieurs personnalités politiques ont été jusqu’à réclamer son interdiction. Selon elles, l’UNEF porterait ainsi atteinte aux valeurs républicaines en différenciant (…) les individus selon leur genre, leur sexualité, leur couleur de peau ou leur religion.

Pourtant, à l’UNEF, les réunions non mixtes existent depuis dix ans. Cet outil militant né dans les années 1970 est utilisé pour lutter contre les discriminations. Les journalistes de Complément d’enquête » n’ont pas été autorisés à assister à l’une de ces réunions, mais le syndicat a choisi trois militants, membres du bureau national, pour répondre à leurs questions.

« La non-mixité, c’est une première étape. Ensuite, on discute en cadre mixte »

Quentin, membre du bureau national de l’Unef à « Complément d’enquête »

Marwan a participé à des réunions entre personnes qui se définissent comme « non blanches » ; Quentin, entre personnes homosexuelles ; et Samia, entre femmes. Pour tous les trois, ces réunions sont « nécessaires » : elles offrent « un cadre où on peut se reconnaître entre nous » et permettent au moins « de se dire qu’on n’est pas seul à vivre ça ». De toute façon, précise Quentin, « la non-mixité, c’est une première étape. Ensuite, on discute en cadre mixte de tout ça. Le but, c’est aussi de pouvoir échanger avec des personnes qui ne sont pas concernées, pour voir comment on peut, nous, en tant que syndicat, militer sur cette question-là ensemble, progresser ensemble, et mieux vivre ensemble ».

Personne « racisée », « intersectionnalité »… l’UNEF a changé de lexique

La lutte contre les discriminations selon l’UNEF suit une méthode – et recourt à un certain lexique. Ainsi, dans un clip contre le racisme diffusé en 2019, un militant déclare : « Je suis une personne racisée et je suis militant à l’UNEF. » « Racisé » : l’emploi de ce mot fait aussi débat. Mais dans la vision militante du syndicat étudiant, c’est un terme politique. « Il fait simplement référence au fait que le racisme, c’est le résultat d’un système de domination, et donc que les personnes qui sont racisées ne le sont pas parce qu’elles seraient d’une race biologique différente des autres mais, au contraire, parce que la société les racise », explique Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF, à « Complément d’enquête ».

« Le racisme, c’est une oppression systémique qui est ancrée dans notre société. Un système qui oppose les dominants et les dominés, les dominants étant assimilés aux personnes blanches, et les dominants aux personnes non blanches », développe le clip de 2019. Après la lutte des classes, la lutte des races ?

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