Read More 21 | 03 | 23 Date de publication : 21/03/2023 Avec son exposition « Dans la place », présentée du 21 au 30 mars au Studium dans le cadre du festival Central Vapeur, l’illustratrice Ariane Pinel nous convie à une balade dans Strasbourg, chaussés de « lunettes du genre ». En parallèle, une collection de fanzines unique en son genre est aussi exposée. Suivez le guide ! Places du Marché Neudorf, d’Austerlitz, du Musée d’art moderne, de la Gare, Nicolas-Poussin à l’Elsau… Douze lieux de rassemblement de la ville, au centre et en périphérie. Dont Ariane Pinel fait en dessins des théâtres miniatures, grouillants de moments de vie s’égrénant au fil des saisons… plus ou moins innocentes et bucoliques. Ici une maman poussant une poussette se fait éclabousser par une voiture ; là un homme urine sur une fontaine ; là-bas encore, une femme à vélo échappe à des regards et remarques déplaisantes. Les choix de la dessinatrice ne sont jamais neutres… tout comme ceux présidant à la conception de nos villes ! Consentement, harcèlement de rue, mais aussi place de la voiture en ville… Autant de thématiques qui sautent plus ou moins aux yeux et qu’on prend plaisir à détecter. J’ai fait le choix de ne pas mettre de cartel sous les dessins, souligne Ariane Pinel. Premier réflexe du visiteur : identifier des lieux connus de Strasbourg. Place de l’Homme de Fer – tout un symbole en soi, le nom de cette place ! – le soldat en armure est descendu de son piédestal, au grand dam d’une passante, pas très rassurée. Sur la carte interactive réalisée par l’association strasbourgeoise Ru’elles, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’espace public, c’est le lieu qui concentre le plus de signalements. J’en ai malheureusement moi aussi fait l’expérience. Clichés L’illustratrice en profite au passage pour tordre le cou à certains clichés : Ce n’est pas forcément dans les quartiers populaires que les femmes sont le plus invisibilisées. Presqu’île Malraux, sur la place de la Liberté de penser récemment rebaptisée, une scène de bataille de boules de neige entre enfants donne encore à la facétieuse Ariane Pinel l’occasion de glisser des clins d’œil en forme d’encouragements à la prochaine génération. Magalie Risser, chargée de la médiation scientifique et de l’animation culturelle au Service des bibliothèques, et l’illustratrice Ariane Pinel, devant ses sérigraphies exposées au Studium. ©DR Avant le Studium, les douze dessins ont été exposés à l’arthothèque du Neudorf, où il y a eu pas mal d’actions de médiation, notamment vers les enfants. Les présenter ici, dans une bibliothèque universitaire, c’est faire prendre conscience tôt de cette problématique aux étudiants, qui feront le monde de demain, espère Magalie Risser, chargée de la médiation scientifique et de l’animation culturelle au Service des bibliothèques. Qui compte aussi sur le bouche-à-oreille pour faire venir les riverains. A l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (Ensas), à l’automne, un travail a été mené avec deux jeunes diplômées, Bénédicte Rosenstiehl et Eve Bigot-Renard, ayant réfléchi à cette question du genre de la ville, faite avant tout par et pour les hommes, reprend Ariane Pinel. A l’origine, il y a une commande de la Ville de Strasbourg pour le 5e Lieu, où ces dessins sérigraphiés ont été exposés la première fois. Nuances C’est bien à une prise de conscience qu’appelle cette exposition, à dessein réalisée uniquement en bichromie – du bleu et du rose tirant vers le orange fluo, déclinés en de nombreuses nuances. Avant cela, je n’y avais pas forcément plus réfléchi que ça. Quand on m’a passé commande, au moment du deuxième confinement, en novembre 2021, je suis partie arpenter ces lieux. Et j’ai remarqué que si les hommes s’y installent, les femmes en général ne font qu’y passer. Ariane Pinel s’est donc documentée, a beaucoup lu, écouté des podcasts. « Je trouve cela positif, pour l’accessibilité de l’exposition, que le sujet ne soit pas abordé par une personne qui arrive en position de « sachant », mais qui livre son expérience, son regard et sa perception », ajoute Magalie Rieser. Les hommes s’installent sur ces places, mais les femmes ne font qu’y passer Les scènes d’Ariane Pinel regorgent d’une foule de détails, qui donnent envie de s’y attarder. J’aime qu’un détail dans un dessin en appelle un autre, comme un fil tiré vers celui d’à côté. Des collages féministes émaillent le décor – manière de se réapproprier l’espace public. Elle donne aussi à voir des publics moins représentés, comme des Sans domicile fixe (SDF) ou des livreurs racisés à vélo. C’est un peu le petit personnage fil rouge, que les spectateurs de tous âges pourront s’amuser à retrouver dans chaque dessin ! Infos pratiques : les deux expositions sont visibles du 21 au 30 mars 2023, en salle In Quarto du Studium (horaires d’ouverture), dans le cadre du festival Central Vapeur / Rencontres de l’illustration, sur le thème « Femmes, identités, visibilités »
Avec son exposition « Dans la place », présentée du 21 au 30 mars au Studium dans le cadre du festival Central Vapeur, l’illustratrice Ariane Pinel nous convie à une balade dans Strasbourg, chaussés de « lunettes du genre ». En parallèle, une collection de fanzines unique en son genre est aussi exposée. Suivez le guide !
Places du Marché Neudorf, d’Austerlitz, du Musée d’art moderne, de la Gare, Nicolas-Poussin à l’Elsau… Douze lieux de rassemblement de la ville, au centre et en périphérie. Dont Ariane Pinel fait en dessins des théâtres miniatures, grouillants de moments de vie s’égrénant au fil des saisons… plus ou moins innocentes et bucoliques. Ici une maman poussant une poussette se fait éclabousser par une voiture ; là un homme urine sur une fontaine ; là-bas encore, une femme à vélo échappe à des regards et remarques déplaisantes. Les choix de la dessinatrice ne sont jamais neutres… tout comme ceux présidant à la conception de nos villes !
Consentement, harcèlement de rue, mais aussi place de la voiture en ville… Autant de thématiques qui sautent plus ou moins aux yeux et qu’on prend plaisir à détecter. J’ai fait le choix de ne pas mettre de cartel sous les dessins, souligne Ariane Pinel. Premier réflexe du visiteur : identifier des lieux connus de Strasbourg. Place de l’Homme de Fer – tout un symbole en soi, le nom de cette place ! – le soldat en armure est descendu de son piédestal, au grand dam d’une passante, pas très rassurée. Sur la carte interactive réalisée par l’association strasbourgeoise Ru’elles, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’espace public, c’est le lieu qui concentre le plus de signalements. J’en ai malheureusement moi aussi fait l’expérience.
Clichés
L’illustratrice en profite au passage pour tordre le cou à certains clichés : Ce n’est pas forcément dans les quartiers populaires que les femmes sont le plus invisibilisées. Presqu’île Malraux, sur la place de la Liberté de penser récemment rebaptisée, une scène de bataille de boules de neige entre enfants donne encore à la facétieuse Ariane Pinel l’occasion de glisser des clins d’œil en forme d’encouragements à la prochaine génération.
Avant le Studium, les douze dessins ont été exposés à l’arthothèque du Neudorf, où il y a eu pas mal d’actions de médiation, notamment vers les enfants. Les présenter ici, dans une bibliothèque universitaire, c’est faire prendre conscience tôt de cette problématique aux étudiants, qui feront le monde de demain, espère Magalie Risser, chargée de la médiation scientifique et de l’animation culturelle au Service des bibliothèques. Qui compte aussi sur le bouche-à-oreille pour faire venir les riverains. A l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (Ensas), à l’automne, un travail a été mené avec deux jeunes diplômées, Bénédicte Rosenstiehl et Eve Bigot-Renard, ayant réfléchi à cette question du genre de la ville, faite avant tout par et pour les hommes, reprend Ariane Pinel. A l’origine, il y a une commande de la Ville de Strasbourg pour le 5e Lieu, où ces dessins sérigraphiés ont été exposés la première fois.
Nuances
C’est bien à une prise de conscience qu’appelle cette exposition, à dessein réalisée uniquement en bichromie – du bleu et du rose tirant vers le orange fluo, déclinés en de nombreuses nuances. Avant cela, je n’y avais pas forcément plus réfléchi que ça. Quand on m’a passé commande, au moment du deuxième confinement, en novembre 2021, je suis partie arpenter ces lieux. Et j’ai remarqué que si les hommes s’y installent, les femmes en général ne font qu’y passer. Ariane Pinel s’est donc documentée, a beaucoup lu, écouté des podcasts. « Je trouve cela positif, pour l’accessibilité de l’exposition, que le sujet ne soit pas abordé par une personne qui arrive en position de « sachant », mais qui livre son expérience, son regard et sa perception », ajoute Magalie Rieser.
Les hommes s’installent sur ces places, mais les femmes ne font qu’y passer
Les scènes d’Ariane Pinel regorgent d’une foule de détails, qui donnent envie de s’y attarder. J’aime qu’un détail dans un dessin en appelle un autre, comme un fil tiré vers celui d’à côté. Des collages féministes émaillent le décor – manière de se réapproprier l’espace public. Elle donne aussi à voir des publics moins représentés, comme des Sans domicile fixe (SDF) ou des livreurs racisés à vélo. C’est un peu le petit personnage fil rouge, que les spectateurs de tous âges pourront s’amuser à retrouver dans chaque dessin !
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