Éric Naulleau évincé du festival de Cabourg : « La liberté d’expression, valable pour certains, pas pour d’autres »

Éric Naulleau évincé du festival de Cabourg : « La liberté d’expression, valable pour certains, pas pour d’autres »

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Tribune des observateurs

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Éric Naulleau évincé du festival de Cabourg : « La liberté d’expression, valable pour certains, pas pour d’autres »

Read More  J’ai récemment donné un entretien au journal L’Humanité, pour dénoncer les nouvelles entraves à la liberté d’expression. Dès le lendemain le responsable de mon club de boxe m’a passé un coup de téléphone. Il n’y est pas allé de main morte : « Tu as choisi de t’exprimer dans l’organe d’un parti qui a approuvé le pacte germano-soviétique, dénoncé les dissidents, soutenu les procès de Moscou, les purges, le goulag, les millions de morts. Ce ne sont pas nos valeurs. Je suis désolé, mais tu ne fais plus partie du club. »Non. Je blague. Qui pourrait aujourd’hui tenir ce raisonnement stupide ? L’Humanité a toute sa place dans l’espace démocratique, et on a le droit de s’y exprimer, même si on ne partage pas leurs idées. Ça n’engage pas. Vous êtes d’accord ? Vous avez tort. La liberté d’expression, la démocratie, c’est valable pour certains, mais pas pour d’autres. Le raisonnement simple que je viens de tenir n’a plus lieu dans certains cas.Nouveau crimeÉric Naulleau faisait partie du jury du festival film de Cabourg. Il a donné un entretien dans Valeurs actuelles sur les nouvelles entraves à la liberté d’expression. Aussitôt, n’écoutant que son courage, Suzel Pietri, responsable du festival, le vire du jury. Tout en reconnaissant auprès du viré que ses propos dans Valeurs actuelles étaient tout à fait pertinents. Et là, non, je ne blague pas. Bienvenue dans notre monde. Ce n’est plus le crime d’opinion, à présent, c’est le crime de support. C’est très bien ce que vous dites, mais vous n’avez pas le droit dans le dire dans Valeurs actuelles, Le Figaro, La Croix, La Montagne, L’Express, Le Point, Marianne, L’Obs, Le journal du musulman, Libération, L’Humanité, ou Lutte ouvrière (soulignez selon votre opinion politique ou religieuse). « On peut combattre ses idées sans pour autant ostraciser ceux qui y donnent des entretiens. »
Ce n’est plus : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». On est bien loin de ce bel idéal démocratique. C’est désormais : « Je suis d’accord (ou pas) avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ne puissiez pas le dire ici, ou là. » On a quand même gagné au change. Peut-être me fourré-je le doigt dans l’œil jusqu’à l’épigastre, mais il me semble que l’important, c’est ce qu’on dit, pas là où l’on le dit. Et même, si on le dit dans un lieu très éloigné de ses opinions politiques, c’est tout bénéfice, on touche des gens qui ont d’autres idées, c’est la démocratie même.À LIRE AUSSI : « Valeurs Actuelles était devenue une forme de secte » : les dessous de l’évincement de Geoffroy LejeuneValeurs actuelles est bien loin d’être ma tasse de thé (et pas plus celle d’Éric Naulleau), mais que je sache, ce journal est autorisé dans cette démocratie, il a le droit d’exister. On peut combattre ses idées sans pour autant ostraciser ceux qui y donnent des entretiens. Un certain Emmanuel Macron l’a fait récemment. Vous croyez que s’il avait été membre du jury du film de Cabourg, Suzel Pietri l’aurait viré ?Nouveaux progressistesVous remarquerez que cette question du support, en France, marche à sens unique : l’exemple que j’ai pris au début, avec L’Humanité, est inimaginable. En revanche, à l’autre bout du terrain politique, aucun problème, c’est normal d’interdire et d’exclure. Et c’est bien ce qui est désolant : la censure, l’interdiction, c’est désormais la gauche, incapable de se libérer du stalinisme qui la plombe. La gauche française, hélas, c’est Geoffroy de Lagasnerie déclarant sur France Inter qu’il est pour la censure des idées fausses et nocives, c’est-à-dire toutes celles qu’il ne partage pas. « Personne ne semble s’émouvoir de cette histoire. »
Finalement, en le virant comme un malpropre, Suzel Pietri prouve la véracité de ce que dit Eric : la liberté d’expression est menacée en France, et elle l’est surtout désormais au nom d’idéaux prétendument « progressistes ». D’ailleurs ce n’est pas dans des lieux marqués à gauche, comme Libération ou France Inter, qu’il aurait pu développer de telles idées, on n’y accueille guère la contradiction. En d’autres termes, vous ne vous exprimerez pas chez moi, mais si vous le faites ailleurs, vous êtes condamnable.À LIRE AUSSI : « La liberté d’expression et la création artistique sont mises en danger par de nouveaux censeurs »Personne ne semble s’émouvoir de cette histoire. Les égratignures à la liberté se succèdent, s’accumulent. On laisse faire. Ce n’est pas si grave. Jusqu’au jour où ce le sera. Je n’ai entendu aucun autre membre du jury du festival exprimer sa solidarité. Silence complet. Personnellement, en tant que membre d’un jury, en apprenant cette nouvelle, je démissionne aussitôt. Eux non. Ils n’ont pas l’air de voir le problème. Ils vont discuter aimablement, boire un coup, dîner, certainement pas démissionner. Tiens ? Naulleau n’est pas là, finalement ? Ah bon, OK…Katell Quillévéré, présidente du jury, n’a pas démissionné.Oulaya Amamra n’a pas démissionné.Éric Caravaca n’a pas démissionné.Cécile Cassel (HollySiz) n’a pas démissionné.Michaël Cohen n’a pas démissionné.Antoine Duléry n’a pas démissionné.François Kraus n’a pas démissionné.Virginie Ledoyen n’a pas démissionné.Annabelle Lengronne n’a pas démissionné.Soutenir un collègue viré pour délit de… de quoi déjà ?Vous n’y pensez pas. 

J’ai récemment donné un entretien au journal L’Humanité, pour dénoncer les nouvelles entraves à la liberté d’expression. Dès le lendemain le responsable de mon club de boxe m’a passé un coup de téléphone. Il n’y est pas allé de main morte : « Tu as choisi de t’exprimer dans l’organe d’un parti qui a approuvé le pacte germano-soviétique, dénoncé les dissidents, soutenu les procès de Moscou, les purges, le goulag, les millions de morts. Ce ne sont pas nos valeurs. Je suis désolé, mais tu ne fais plus partie du club. »

Non. Je blague. Qui pourrait aujourd’hui tenir ce raisonnement stupide ? L’Humanité a toute sa place dans l’espace démocratique, et on a le droit de s’y exprimer, même si on ne partage pas leurs idées. Ça n’engage pas. Vous êtes d’accord ? Vous avez tort. La liberté d’expression, la démocratie, c’est valable pour certains, mais pas pour d’autres. Le raisonnement simple que je viens de tenir n’a plus lieu dans certains cas.

Nouveau crime

Éric Naulleau faisait partie du jury du festival film de Cabourg. Il a donné un entretien dans Valeurs actuelles sur les nouvelles entraves à la liberté d’expression. Aussitôt, n’écoutant que son courage, Suzel Pietri, responsable du festival, le vire du jury. Tout en reconnaissant auprès du viré que ses propos dans Valeurs actuelles étaient tout à fait pertinents. Et là, non, je ne blague pas. Bienvenue dans notre monde. Ce n’est plus le crime d’opinion, à présent, c’est le crime de support. C’est très bien ce que vous dites, mais vous n’avez pas le droit dans le dire dans Valeurs actuelles, Le Figaro, La Croix, La Montagne, L’Express, Le Point, Marianne, L’Obs, Le journal du musulman, Libération, L’Humanité, ou Lutte ouvrière (soulignez selon votre opinion politique ou religieuse).

« On peut combattre ses idées sans pour autant ostraciser ceux qui y donnent des entretiens. »

Ce n’est plus : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». On est bien loin de ce bel idéal démocratique. C’est désormais : « Je suis d’accord (ou pas) avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ne puissiez pas le dire ici, ou là. » On a quand même gagné au change. Peut-être me fourré-je le doigt dans l’œil jusqu’à l’épigastre, mais il me semble que l’important, c’est ce qu’on dit, pas là où l’on le dit. Et même, si on le dit dans un lieu très éloigné de ses opinions politiques, c’est tout bénéfice, on touche des gens qui ont d’autres idées, c’est la démocratie même.

À LIRE AUSSI : « Valeurs Actuelles était devenue une forme de secte » : les dessous de l’évincement de Geoffroy Lejeune

Valeurs actuelles est bien loin d’être ma tasse de thé (et pas plus celle d’Éric Naulleau), mais que je sache, ce journal est autorisé dans cette démocratie, il a le droit d’exister. On peut combattre ses idées sans pour autant ostraciser ceux qui y donnent des entretiens. Un certain Emmanuel Macron l’a fait récemment. Vous croyez que s’il avait été membre du jury du film de Cabourg, Suzel Pietri l’aurait viré ?

Nouveaux progressistes

Vous remarquerez que cette question du support, en France, marche à sens unique : l’exemple que j’ai pris au début, avec L’Humanité, est inimaginable. En revanche, à l’autre bout du terrain politique, aucun problème, c’est normal d’interdire et d’exclure. Et c’est bien ce qui est désolant : la censure, l’interdiction, c’est désormais la gauche, incapable de se libérer du stalinisme qui la plombe. La gauche française, hélas, c’est Geoffroy de Lagasnerie déclarant sur France Inter qu’il est pour la censure des idées fausses et nocives, c’est-à-dire toutes celles qu’il ne partage pas.

« Personne ne semble s’émouvoir de cette histoire. »

Finalement, en le virant comme un malpropre, Suzel Pietri prouve la véracité de ce que dit Eric : la liberté d’expression est menacée en France, et elle l’est surtout désormais au nom d’idéaux prétendument « progressistes ». D’ailleurs ce n’est pas dans des lieux marqués à gauche, comme Libération ou France Inter, qu’il aurait pu développer de telles idées, on n’y accueille guère la contradiction. En d’autres termes, vous ne vous exprimerez pas chez moi, mais si vous le faites ailleurs, vous êtes condamnable.

À LIRE AUSSI : « La liberté d’expression et la création artistique sont mises en danger par de nouveaux censeurs »

Personne ne semble s’émouvoir de cette histoire. Les égratignures à la liberté se succèdent, s’accumulent. On laisse faire. Ce n’est pas si grave. Jusqu’au jour où ce le sera. Je n’ai entendu aucun autre membre du jury du festival exprimer sa solidarité. Silence complet. Personnellement, en tant que membre d’un jury, en apprenant cette nouvelle, je démissionne aussitôt. Eux non. Ils n’ont pas l’air de voir le problème. Ils vont discuter aimablement, boire un coup, dîner, certainement pas démissionner. Tiens ? Naulleau n’est pas là, finalement ? Ah bon, OK…

Katell Quillévéré, présidente du jury, n’a pas démissionné.

Oulaya Amamra n’a pas démissionné.

Éric Caravaca n’a pas démissionné.

Cécile Cassel (HollySiz) n’a pas démissionné.

Michaël Cohen n’a pas démissionné.

Antoine Duléry n’a pas démissionné.

François Kraus n’a pas démissionné.

Virginie Ledoyen n’a pas démissionné.

Annabelle Lengronne n’a pas démissionné.

Soutenir un collègue viré pour délit de… de quoi déjà ?

Vous n’y pensez pas.

 

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