Le récit que Nathalie Heinich a fait de la soirée du 29 novembre ne manque pas de soulever de nombreuses interrogations sur le comportement de ceux qui s’opposent physiquement à la tenue de conférences au point de basculer dans la rubrique « faits divers » des magazines.
« J’étais invitée, nous confie Nathalie Heinich, par l’Espace Mendès France (une structure associative dédiée à la vulgarisation scientifique et aux débats de société) à donner une conférence sur « L’écriture inclusive, ennemie du féminisme universaliste ». Mardi matin la police a prévenu le responsable de la structure que les réseaux sociaux s’agitaient, appelant à perturber la conférence au motif que je serais « islamophobe » et « homophobe ». Une patrouille a donc été prévue pour sécuriser le lieu. En même temps le responsable faisait l’objet d’une demande d’annulation de la conférence de la part de la mairie (EELV) – demande qu’il a fermement rejetée. Un communiqué a été diffusé dans la journée sur le site de l’Espace Mendès France, déplorant ces accusations et réaffirmant sa mission (https://emf.fr/43519/reponse-de-lespace-mendes-france-a-laccusation-dhomophobie-et-dislamophobie/). »
L’abjection politique de la municipalité, qui n’est pas sans rappeler le « révisionnisme opportuniste » d’une autre mairie EELV nous rappelle le rôle systématiquement trouble joué par le politique aujourd’hui dans l’accélération de la pénétration du wokisme dans toutes les couches de la société. Honte à ceux qui, par opportunisme politique ou par lâcheté, favorisent de tels comportements et laissent croire que la violence, la vraie, est une solution politique à laquelle on peut envisager d’obéir. La suite du récit est glaçante:
« Le soir, continue-t-elle, un groupe d’une vingtaine de jeunes s’est présenté à l’entrée, certains avec des pancartes. Il a été décidé de les laisser entrer mais en leur demandant d’inscrire leurs noms, étant donné qu’ils ne s’étaient pas inscrits à l’avance. Ils se sont assis à l’avant de la salle et, dès que l’animateur a prononcé mon nom, se sont mis à faire un charivari – battements de mains, cris, invectives etc. – rendant impossible toute prise de parole. L’administrateur du lieu leur a demandé de choisir entre rester écouter et discuter, ou s’en aller: ils n’ont pas bougé et continué le charivari. Je lui ai alors demandé d’appeler la police, ce qu’il a fait en l’annonçant à l’assistance. Au bout de deux minutes les perturbateurs avaient quitté les lieux, après avoir quand même tenté de monter sur la scène dans ma direction – un appariteur les en a empêchés. Deux voitures de la BAC sont arrivées peu après leur départ, et nous attendaient encore à la sortie de la conférence. Celle-ci a pu se dérouler sans autres problèmes, et a été suivie d’une discussion avec l’assistance, dont des étudiants qui étaient restés pour exprimer – très poliment – leurs désaccords sur tel ou tel point. «
Nous apprenons ce matin que dans la nuit le lieu a été attaqué, avec des coups dans la porte vitrée de l’entrée.
L’EMF a porté plainte.
trois conclusions s’imposent:
- Les militants LGBT engagés dans ce type d’actions se coordonnent pour systématiser ces charivaris, et posent des alertes sur les noms de personnalités qu’ils souhaitent réduire au silence. Il y a donc tout lieu de penser que cela se reproduira à l’échelle nationale, après s’être produit à Lille avec Caroline Eliacheff.
- Les institutions publiques sont parfois parties prenantes de ces perturbations, lorsque des municipalités prennent l’initiative de demander l’annulation des événements visés, comme à la mairie de Paris centre le 20 novembre (colloque de la WIZO) et hier à Poitiers. Il y a donc lieu de les interpeler en tant que garantes des libertés publiques, et cela est du ressort de tout citoyen.
- Contrairement à ce qui s’est passé à Lille, le responsable de l’association de Poitiers n’a pas hésité à faire jouer la force publique en appelant la police – et cela a suffi à rendre la conférence possible. Il est donc fondamental que les responsables de structures accueillant des conférences (et notamment les universités) prennent leurs responsabilités en n’hésitant pas à utiliser la loi – qui est, rappelons-le, de notre côté.
Force doit donc rester à la loi, n’en déplaisent à ceux qui se sentent Hors-La-Loi.
Ce matin même, Guillaume Erner dans sa chronique sur France Culture a évoqué cet accident. Il finit par reconnaître, timidement, que les fascistes sont bien ceux qui tentent par la violence de museler ceux qui ne pensent pas comme eux. Sans doute est-ce un progrès après le procès médiatique ignoble dont furent l’objet nos amies de la Petite Sirène accusées de transphobies par de nouveaux opportunistes médiatiques sans colonne vértébrale. Sans doute est-ce un progrès…
Honte à « celle.eux » – ainsi ils se reconnaîtront – qui estiment que la langue leur appartient tellement qu’ils veulent empêcher leurs contestataires de s’exprimer.