Le viol d’une jeune fille de douze ans, à Courbevoie dans le 92, samedi 15 juin 2024, ne devrait laisser personne indifférent, parce que c’est un viol et parce qu’elle est très jeune. Mais les conditions de ce viol telles qu’elles ont été rapportées par la jeune fille à la police et divulguées dans la presse nous obligent à y réagir publiquement : parce que les agresseurs sont eux-mêmes des mineurs du même âge que la jeune fille, et parce qu’ils imitent très probablement, selon le récit qu’elle en a rapporté, d’autres agresseurs – adultes – qui, en Israël, ont violé et tué des femmes parce qu’elles étaient juives, et se sont filmés, sûrs de l’héroïsme de leurs actes, valorisés par la jouissance de ceux qui ont visionné leurs « exploits ». Eux ne seront pas jugés.
En France, ces mineurs agresseurs (terroristes au petit pied) devront répondre de leurs actes criminels.
L’impact des discours idéologiques sur les mineurs est l’objet de la création de notre Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent. Nous ne pouvons pas ne pas voir qui, en France, a qualifié l’attaque terroriste du Hamas en Israël « d’acte de résistance ». Nous ignorons qui sont ces jeunes, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’ils trouvent, dans les discours des adultes véhiculés par les réseaux sociaux et les médias, un modèle et une justification à mettre en œuvre leurs pulsions agressives et sexuelles, nourries par un antisémitisme ambiant et banalisé. Les discours vertueux mais criminogènes ont produit un 7 octobre junior en France.
Toutes nos pensées vont vers cette jeune fille et sa famille.
Il nous a semblé impérieux de partager avec elles notre peine et notre inquiétude.
Sa blessure est aussi notre blessure, et c’est collectivement qu’elle pourra, ou pas, cicatriser.
Céline Masson et Caroline Eliacheff
co-présidentes de l’Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent