par Yana Grinshpun
Après le décalogue féministe recommandé par le Haut Conseil à l’Égalité des Hommes et des Femmes, les formations de bonnes mœurs pour les obsédé.e.s sexuel.le.s que nous sommes viennent d’être créées. Et qui la dispense ? Oui, c’est elle, la papesse du business féministe juteux, l’entrepreneuse dominée par l’envie du… non, non, n’y pensez même pas…du capital, la mismisima Caroline De Haas avec ses agent.e.s ;
Voici les faits :
Le 11 juin 2021, un message avec l’annonce de la mise en place de la formation Préventions des violences sexuelles et sexistes parvient aux boites mails du personnel de Paris III.
Message d’information 11 juin 2021
Nous vous informons de la mise en place d’une formation sur la Prévention des violences sexuelles et sexistes animée par le groupe EGAE.
Les objectifs de cette formation sont les suivants :
- Connaître les définitions légales des violences sexistes et sexuelles au travail et les sanctions encourues
- Connaître les conséquences sur les victimes
- Savoir comment agir
Plusieurs sessions de formation en visioconférence vous sont proposées :
– Pour tous les personnels : Mardi 29 juin de 9h30 à 12h30
– Pour les encadrants (responsables de services, directeurs et directrices etc…) : Mardi 29 juin de 14h à 17h
– Pour les enseignants : Mercredi 30 juin de 9h30 à 12h30
– Pour les membres du CHSCT : lundi 28 juin de 9h30 à 12h30
Je réponds ceci à la présidence, au comité de l’éthique de Paris III, à la DRH, à la CGT au SNES-SUP et à la liste du personnel, le 11 juin 2021
« Merci de cette information intéressante. L’Université Sorbonne -Nouvelle est entrée sur le marché de la vertu et a conclu l’accord avec une agence de mœurs dont la patronne n’a d’autre habilitation de dispenser quoi que ce soit que sa réputation militante. C’est une grande première dans la vie universitaire. Il est, certes, louable que l’institution veille aux bonnes mœurs de ses ouailles, on comprend que le clergé doit être bien formé à l’idéologie dominante, mais de là, à passer les accords avec une agence qui ne relève d’aucune compétence particulière me semble problématique du point de vue de l’éthique académique. Il serait plus enrichissant et plus utile pour tous les agents de l’université de bénéficier des cours de langues, des formations de culture générale, d’histoire, de théâtre, de psychologie, de géographie etc.
Proposer une formation sur les violences sexuelles dispensée par une agence créée par une personne qui n’a aucune habilitation professionnelle pour le faire: médicale, juridique, psychologique, psychanalytique etc. est une démarche douteuse dans le cadre de l’institution académique. A l’heure où on se bat pour rendre notre Université plus attractive, proposer une telle formation ne peut que nuire à l’image de l’Université ».
Un collègue, visiblement inquiet par la mise en place de cette formation, adresse le même jour deux courriers aux mêmes instances, mais aussi à la CGT. Il demande l’avis des syndicats sur l’organisation d’une telle formation, son utilité, le montant de la prestation et s’enquiert des compétences de l’organisme privé EGAE, contacté par l’Université Paris III afin de former les futurs clercs de la pureté. Ce même collègue adresse un courrier à la présidence et à la DRH en demandant des documents qui rendent compte de cette évaluation.
J’interroge à mon tour la CGT, le syndicat le plus actif à Paris III:
« Nous étions informés d’une nouvelle formation sur les violences sexuelles dispensée par l’agence de Caroline de Haas, EGAE.
Croyez-vous que nous ne sommes pas en mesure de réfléchir par nous-même au cas où cela se produirait ?
Croyez-vous que les instances juridiques ne seront pas à l’écoute des victimes des agressions sexuelles et qu’une formation est nécessaire pour savoir qui est victime et qui est agresseur ?
Croyez-vous que Caroline de Haas, militante sans diplôme approprié (psy, juriste, médecin, policier) est en mesure d’apprendre quoi que ce soit au personnel de l’Université ? Son agence est une émanation capitaliste du féminisme misandre, qui ne s’occupe pas de victimes mais qui fait de l’autopromotion de la directrice, militante radicale. La CGT pourrait être plus vigilante à l’égard de ce genre de contrat.
Le personnel pourrait bénéficier des formations de qualité : langues, culture générale, théâtre, histoire des idéologies, notions de droit et j’en passe. L’Université n’est pas un lieu de rééducation morale, peut-être nécessaire ailleurs, mais d’instruction et de transmission des savoirs ».
Je n’ai pas reçu de réponse. Peut-être parce que le destinataire a perçu mon mail comme une violence qui mérite d’être rééduquée.
Mais mon collègue a eu plus de chance. La réponse de la CGT à mon collègue précise:
« le CHSCT a demandé à ce que des formations soient mises en place sur le sujet. Il nous semble que c’est indispensable. Des victimes de violences sexistes et sexuelles existent à Paris 3. Il faut former les collègues, les représentants du personnels ET la direction ! LEs former sur ce que c’est, comment les prévenir, comment y réagir….. Cette première vague de formation est une première action. On a demandé à ce que ça soit suivi d’autres actions…
L’administration a choisi l’organisme. Je n’ai pas d’avis sur la structure choisie. J’avais proposé l’ AFVT de mon côté car j’ai déjà travaillé avec eux. Il faudra évaluer ces formations. Je ne connais pas EGAE. Si vous avez des informations sur EGAE qui indiqueraient qu’il faille changer d’organisme, on est à l’écoute. »
J’attire votre attention à ce message, car il précise que le choix de cette formation a été dicté par l’administration et qu’il y aura d’autres « actions » ! Bon, la CGT a de bons maîtres, ceci n’est pas un secret, et les « actions » de redressement moral, ils doivent s’y connaitre. Le message ne répond pas au questionnement quant à la nécessité d’avoir de telles formations. Par ailleurs, sauf erreur de ma part, tous les enseignements de cette année ont été dispensés à distance, on voit mal comment les agressions ont pu avoir lieu par zoom. Elles ont peut-être eu lieu les années précédentes ? À défaut d’information, il est impossible de juger de la véracité des propos cités par l’auteur du message, toujours est-il que des collègues consultés n’en ont jamais entendu parler. Vous allez me dire, ou plutôt, eux, ils vont me dire qu’il ne faut pas être naïve : les mauvaises pensées, ça existe et il faut savoir les repérer. Matthieu (5 :28) nous l’a déjà appris : « Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur ». Ce sont certainement ces pieuses lectures qui ont inspiré le business de la vertu et les « actions » de la CGT. Mais alors, pourquoi ne pas remplacer la formation de Caroline par la lecture de Matthieu, ça vous forme l’homme (et la femme, par la même occasion) et c’est gratos.
Blagues à part, la réponse qui m’a été faite par le comité d’éthique de Paris III précise que le choix de ces formations part « d’une très bonne intention », mais qu’elle est coûteuse et qu’il serait « effectivement bon de vérifier leur éthique ». La même instance m’a conseillé de contacter le Conseil Académique de l’Université.
La seule réponse que nous ayons reçue à ce jour de la part de la DIRVED (Direction de la Recherche, de la Valorisation et des études doctorales) précise que la DIRVED va se renseigner sur le contrat de prestation. Nous étions, moi et mon collègue, également invités à assister à la présentation du projet VSS pour mieux comprendre ses tenants et aboutissants.
En attendant la réponse du Conseil Académique, les curieux peuvent consulter ces liens très éclairants à propos de l’agence de formation dont il est question.
https://www.lopinion.fr/edition/politique/caroline-haas-benevole-cheffe-d-entreprise-238216