La rumeur et la cible

La rumeur et la cible

Collectif

Tribune des observateurs

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La rumeur et la cible

« Ouais, ils font rien qu’à dire qu’ils ne peuvent pas parler – Ah les nuls. Ils ne comprennent rien, Ouh ! Tuez-les ». C’est en ces termes fracassant que MM. Lanavu et PStochnis firent irruption dans la salle de rédaction du journal. Ils venaient en effet de lire un article qui, selon eux, les insultait en osant écrire qu’ils voulaient faire taire leurs adversaires.

N’écoutant que leur courage qu’ils avaient saisi à deux mains et de l’autre leur clavier, ils s’étaient aussitôt émus auprès de tous leurs amis de cette atteinte à leur dignité qui méritait illico qu’une sanction soit appliquée et une peine, prononcée.

Hurlant, braillant, beuglant: ils avaient arpenté toutes les rues des espaces numériques pour déclamer qu’on leur avait imputé une pensée dont ils étaient incapables ! Et qu’il était bien juste selon eux que ceux qui l’avaient fait fussent aussitôt châtiés, punis et réduits au silence. Il fallait les insulter le plus possible pour couvrir le bruit de l’injure: « Ouh, taisez-vous immonde ! Comment osez-vous parler de ce à quoi vous ne comprenez rien ? Comment osez-vous écrire que nous serions pour la censure et la cancel culture ? Alors que nous sommes Amour.e, Justic.e et Toléranc.e ? »

« Faites donc taire ceux qui disent que nous voulons les faire taire », répétaient-ils en masse. « Faites donc taire ceux qui disent que nous voulons les faire taire ! ». Ce brouhaha est insupportable.

Hic et nunc

À force de récriminations, les voilà dans les étages de la rédaction: réclamant la tête de l’aut.eu.r.ice, ils bousculaient (avec respect) les gens rencontrés, renversaient (mais avec inclusivisme) les meubles et souillaient les lieux (dans le respect de la planète).

À force de hurlements, ils finirent par obtenir gain de cause: les articles furent effacés comme le fut la conférence de François Rastier à l’ENS. L’idée même qu’on ait pu les soupçonner de réclamer des têtes fut arasée par les comités de rédaction et le souvenir d’une contestation fut fort heureusement extirpé des mémoires.

Et c’est ainsi que le monde connut la paix universelle et l’amour inclusif.

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.