Lexique du woke de base où on apprend des choses quand même...

Blanchisme et blanchité ? Non-blanchité ? Racialisation ? Vous êtes perdu perdu.e.s ? Courage, on va vous aider. Toutes les citations sont rigoureusement tirées d’articles dans des revues universitaires ayant – dit-on – subi la double relecture en aveugle et la validation par les pairs. Ou paires. Aussi hallucinant que cela puisse paraître.

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Amérique (n. masc.) : Pays occidental qui symbolise à la fois le capitalisme, la blanchité, l’exploitation et la ségrégations systémique. C’est pourquoi sa langue (voir Anglais) est utilisée pour exprimer les concepts (voir Concepts) de la sociologie décoloniale.

Je fais ici le choix de traduire « white supremacy » par « hégémonie blanche » parce que, en Français, le mot « suprématie » fait plutôt référence aux mouvements nationalistes et racistes organisés. En anglais, « white supremacy » fait non seulement référence à ces groupes mais aussi à une mentalité héritée de la colonisation européenne qui pose comme point de référence la race blanche.

https://reseaudecolonial.org/2017/10/01/pour-une-anthropologie-decoloniale-au-service-de-la-justice-sociale/#_edn9

Anglais (n. masc.) : langue du colon grâce à laquelle nous pouvons mieux nous exprimer que dans notre misérable langue ethnique. En anglais, les concepts (voir Concepts) et les notions (Voir rien du tout, les notions c’est moins bien que les concepts) sont plus clair.e.s et parlent d’eux-mêmes. La langue colonne et du colon (pas l’organe) est concise, claire, transparente, intuitive et reflète mieux le fond de la pensée que le français par exemple. Ainsi, de nombreuses approximations d’origine – qui ne passeraient aucune rédaction de revue – prennent une autre allure en anglais. Dire de quelqu’un qu’il est « blanc » fait raciste; dire qu’il exprime sa « whiteness » avec agressivité fait intelligent. Parler de la société du calin fait un peu faible; parler du « care », ça vous pose son sociologue. Ainsi, petit exercice matutinal (morning practice). Soit l’énoncé suivant extrait d’une très sérieuse revue de recherche:

Le concept de blanchité (whiteness) permet d’identifier, d’analyser et de critiquer les dynamiques de pouvoir à l’œuvre dans la fabrication sociale et culturelle de l’hégémonie blanche

https://www.cairn.info/revue-diogene-2017-2-page-110.htm

Cette citation, donc, pourrait être traduite par : « le concept (voir Concept) de blanchité permet d’expliquer le pouvoir blanc ». Autrement dit, le mot créé ad hoc permet d’illustrer la thèse défendue. Sans blague. Devant l’ineptie de l’expression francophone, on comprend dès lors mieux l’intérêt de faire figurer le calque anglais whiteness qui donne une épaisseur à l’énoncé, une profondeur à la pensée qui sans ça s’écraserait sur le sol de la controverse avant que l’avion de la discussion n’ait décollé.

La colonisation des esprits par la culture dominante américaine est illustrée dans la littérature savante la plus pointue, par exemple dans cet article curieusement intitulé en créole franco-américain « Plus blanc que blanc. Une étude critique des travaux sur la whiteness » :

À la différence des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, les questions « raciales » restent très largement un « impensé » scientifique pour les chercheurs français en sciences sociales et, de fait, les travaux en langue anglaise sur les questions de « race » restent, jusqu’à une période récente, mal connus en France. 

https://www.cairn.info/les-nouvelles-frontieres-de-la-societe-francaise–9782707174536-page-129.htm

« Étude sur la whiteness« : le mot français ayant disparu, on sent que l’esprit colonisé de l’auteur par la pensée américaine rend urgente notre entreprise de décolonisation du décolonialisme. On ajoutera que sur le site d’enregistrement des theses, on dénombre pas moins de 240 thèses rédigées autour de la notion de « whiteness », 13 faisant figurer le terme « blanchité » et 55 autour du « racialisme ». À titre de comparaison, il n’y a que 15 thèses consacrées à l’épenthèse. C’est dire.


Anthropologie (n. fém.) : Sociologie. Voir Ethnologie.

« Le sexe » est effectivement une catégorie de la pensée ordinaire (en employant les guillemets). Mais pour mener une analyse sociologique ou anthropologique, nous devons utiliser un concept distinct qui permet, justement, de mesurer l’écart des représentations. Je propose que l’objectif des études de genre devrait être, à ce stade, de cesser de travailler avec les définitions ordinaires.

https://journals.openedition.org/jda/5267

Blanc.he.s (n. ou adj., épicène): construction sociologique intellectuelle qui n’a rien à voir avec le derme ni avec la couleur. C’est pour ça qu’on dit « blanc ». Sont « blancs » tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans une une identité malmenée par les courants majoritaires. Les irlandais et les juifs sont blancs : « Ainsi, des groupes comme les Irlandais-e-s, les Italien-e-s ou les Juifs et Juives aux États-Unis, qui n’étaient pas perçu-e-s comme blanc-he-s au début de leur immigration, ont progressivement été incorporé-e-s au sein du groupe majoritaire (Ignatiev, 1995 ; Jacobson, 1999 ; Brodkin Sacks, 1998). » [source: ici] .On ajoutera:

il s’agit de valoriser une diversité épistémique pour remettre en question l’hégémonie blanche et la domination de la pensée eurocentrée (Grosfoguel, 2010).

Source

Blanchité (n. fém.) : Revendication ou assignation d’appartenance par essentialisation à la culture majoritaire.

Il faut entendre par-là la possibilité pour le majoritaire (en l’occurrence, le Blanc et le masculin) de se dire et d’être dit (au sens de désigner, nommer) 

https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2017-2-page-205.htm

Capitalisme [ou cacapipitalisme] (n. très masc.) : 1- substance malodorante (ici) comme tout ce qui est masculin (voir Oppressif) inventé par le mâle blanc dominant (ici) pour renforcer la domination sur les homm.e.s  blanch.es dominé.e.s et les catégories imbriquées déracisé.e.s intersectionnel.le.s. Le premier réactionnaire blanc de la culture occidentale – Aristote (ici) – a promu l’idée pernicieuse de propriété individuelle et d’entreprise privée heureusement mise à mal par le glorieu.x prolétariat.e. soviétique.
2- En tant que système d’organisation social, il exacerbe les capacités de l’êtr.e humain.e.s poussé à la créativité permanente en stimulant la concurrence qui est l’appel à la guerre des classes, des races et des sexes. 

L’un des premiers à défendre la propriété privée est le philosophe grec Aristote (384-322 avant J.-C.). Ce dernier considère que la propriété est un des plaisirs de la vie et que l’homme se soucie plus de ce qui lui appartient en propre que de ce qui appartient à tout le monde.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Aristote/98715

Chercheu.r/se.s racisé.e.s (n. épicène) : La sociologie s’inquiète des formes de pression qui pourraient peser sur les liberté.e.s académiques ainsi que sur la liberté d’expression des chercheur/se·s et davantage des chercheur/se·s racisé·e·s sur lesquel·le·s pèsent des suspicions idéologiques pour des raisons que seuls les blanchisés peuvent comprendre: parler de racialisme, de blanchité, de passing religieux, de réforme de la langue dans l’enseignement ou de culture racisée est pourtant légitime. C’est injustement qu’on les soupçonne de manquer d’objectivité: d’ailleurs personne n’a jamais pu prouver que c’était le cas. Aucun corpus ne l’atteste.
Plus sérieusement, autrefois on parlait de « chercheurs » en omettant tout bonnement de parler de son sexe ou de son appartenance ethnique qui soi disant n’intéressait personne, pourvu qu’ils produisent des savoirs. Pour le PCF internationaliste par exemple la question d’appartenance ethnique n’avait pas de raison d’être, même si le marxisme parvenait étonnament à créer des facs expérimentales (source). Cette ère paléontologique de la recherche se termine avec l’avènement du genre, de la race et de la classe qui excluent les « chercheurs ». La place de l’intellectuel doit être rendue à la.e chercheur.e.s « racisé .e.e ». Dans un souci inclusiviste, sans aucun racisme, ni souci d’exclusion: au contraire. 


Déboulonnage (n. masc. mais ressenti fém.): Performance deconstructiviste par laquelle le chercheur s’attaque objectivement à des symboles de l’oppression ressentie par des tiers. Contrairement aux idées reçues, c’est un terme recherché que l’on trouve dans les présentations académiques et les thèses à Paris VIII:

Tous deux se sont atteles au deboulonnage des faux-semblants, a la chasse aux automatismes, et a la mise en cause des fausses securites liees aux stereotypes et a la predetermination des comportements sociaux.

https://www.theses.fr/1999PA081657 (Thèse)

L’action de déboulonnage est la conséquence naturelle de la recherche décoloniale; car après avoir bien cherché, le chercheur clairvoyant ne peut s’empêcher de révéler la vraie nature du monde qui l’entoure à ses amis les plus proches. Pour ce faire, armé de sa clé à mollette, il abat les statues et détruit les idées des adversaires – mais dans le respect de la diversité.


Décoloniale (écriture) (n. très fém.): Visibilisation de la langue française libérée des censures académiques. L’écriture inclusive est prescrite pour lutter contre l’hétéropatriarcat blanc.

la lutte contre le « séparatisme » est devenu priorité nationale […] Nous avons consulté l’avis de plusieurs universitaires et d’une politologue qui ont fait des questions intersectionnelles et décoloniales, une partie majeure de leur travaux. […] Norman Ajari a mené une thèse intitulé « Race et Violence, Franz Fanon à l’épreuve du postcolonial » et il est l’auteur également de La Dignité ou la mort, Ethique et Politique de la raceparut aux éditions La Découverte (2019). Il enseigne actuellement à Philadelphie et depuis sa chair d’universitaire outre-atlantique 

https://www.bondyblog.fr/societe/education/lassociation-des-chercheurs-de-la-pensee-critique-avec-le-terrorisme-est-une-accusation-tres-grave/

Lancinante question : « Dans le geste politique d’apposer la marque du féminin comme s’il s’agissait d’une catégorie homogène, les défenseuse·r·s de l’écriture inclusive ne reproduisent-elles·ils pas la même prétention à l’universalité que leurs consoeur·frères·s blanches·c·s des années 60-70 ? »1.


Domination hétéropatriarcale (n. fém. mais quand même masc.) :   Concept opératoire essentiel issu de la sociologie du combat exercé exclusivement par les hommes, blancs et propriétaires d’un capital réel ou symbolique. Elle s’explique par la consommation de la viande dérobée aux femmes (source: ici, thèse 2005). Ancrée dans nos consciences  au point de ne pas être aperçue, elle est exercée:

« au nom d’un principe symbolique connu et reconnu par le dominant comme par le dominé, une langue (ou une prononciation), un style de vie (ou une manière de penser, de parler ou d’agir) et, plus généralement, une propriété distinctive, emblème ou stigmate, dont la plus efficiente symboliquement est cette propriété corporelle parfaitement arbitraire et non prédictive qu’est la couleur de la peau »

(P. Bourdieu)

La domination masculine est omniprésente et universelle ( les hommes dominent les femmes, les enfants et les animaux domestiques, cf. Corinne Fortier), elle couvre tous les domaines de l’activité sociale et s’arroge le droit de ne pas se construire par un récit :

le masculin blanc seul a le droit de représenter tout le monde, la généralité, l’universel : c’est là certainement le privilège de blanchité et de masculinité que de pouvoir nommer selon ses propres termes, irréductibles à toute tendance du groupe »

https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2017-2-page-205.htm

Les « sales pattes de l’homme dominant1 » laissent leurs empreintes jusqu’à la grammaire, la domination s’y exprime par l’imposition des accords au masculin, l’utilisation des formes du masculin pour désigner le générique. D’où l’absolue nécessité de l’intersectionnalité.


Écriture inclusive (n. fém.): 1- Entreprise salutaire de décolonisation de l’orthographe destinée à lutter contre la machiavélique stratégie « d’invisibilisation » (voir Invisibilisation) des femmes par les Hommes (voir Blanc) par l’insertion de signes cabalistiques ou talismans obscurs luttant contre la magie noire masculiniste (voir Masculiniste).
Ainsi, on écrit « blanc.he.s » mais on lit « Abject Colon et Pardonnable Colonne ». Ce qui est quand même plus visibl.e.
2- Depuis 2019, précepte moral et de courtoisie s’affranchissant des runes pour recourir aux périphrases englobantes. Ainsi, on ne dit plus « Chers amis » mais « Chers amis et chères amies », voire selon son degré de d’éveil dans la foi décoloniale: « cher.e.s amie et amies » – en insistant sur le point médian (voir Radicalisme). C’est de l’inclusive.


Etudiant.e.s (n. épicène pluriel): concept du discours qui renvoie à une catégorie de dominé.e.s parfois racis.é.e.s. Ils/elles sont moins dominé.e.s quand ils.elles sont blanc.h.e.s grâce au privilège dermochromatique qu’ils/elles n’ont pourtant pas choisi ( voir Possibilité de déblanchiment). La soumission de cette catégorie de population au Pouvoir et au Désir des dominants est artificiellement créée par le racisme systémique de l’Etat qui leur impose la subalternité racio-genrée au sein des rapports hiérarchiques inéquitables. Catégorie exposée à la violence ontologique inscrite dans la métaphysique occidentale par une relation structurale de pouvoir s’exprimant par le système de subjectivation du savoir colonial. 


Ethnologie (n. fém.) : Sociologie. Voir Linguistique.

La première vague de la critique féministe en France (sociologie et ethnologie) 

https://journals.openedition.org/jda/5267

On lira également:

De façon remarquable, l’idéologie primitiviste que l’on pourrait croire l’affaire des seuls ethnologues se montre essentielle à la fondation de la sociologie.

https://www.jstor.org/stable/25132228?seq=1

Extrême droite (n. fém. mais ressenti masc.): expression spatiale qui renvoie à l’extrémité du concept qui est synonyme du Malin. Comprend  tous ceux qui ne comprennent pas la nécessité émancipatrice du décolonalisme socio-historico-politique-linguistique et s’interrogent sur ses fondements épistémologiques. Une nébuleuse crépusculaire dont font partie les anticommunistes, les intégristes, les chouans, les miliciens du Sacré-Coeur, les antisémites, les partisans d’Israël, les racistes anti-arabes, les pro-palestiniens, les féministes bourgeoises blanches, les sionistes juifs, les pro-sionistes goys, les psychanalystes réactionnaires (ici), les philosophes de gauche mais qui se trompent, les anti-marxistes, les conservateurs, les révolutionnaires, les contre-révolutionnaires les défenseurs de la laïcité, les catholiques, les anarchistes ….


Féminisation (des noms de métier) (n. fém.): entreprise salutaire de décolonisation des noms de métier par la création de mots féminins destinés à rassurer les avocat.e.s, les directr.i.c.e.s, les auteur.e.s de roman.e.s, les Professeur.e.s de fac, les patron.ne.s et toutes les femm.e.s de pouvoir.e sur le fait qu’on a bien compris que c’étaient elles les bosses. À ne pas confondre avec Écriture inclusive (voir Écriture inclusive).


Féminisme (n. fém.) : ou « critique féministe » : Sociologie.

La première vague de la critique féministe en France (sociologie et ethnologie) a dégagé le terme « sexe » de la gangue du biologique.

https://journals.openedition.org/jda/5267

Femme (n. fém.) : catégorie métaphysique susceptible de renvoyer à la réalité observable par laquelle on recense les victimes d’un système d’oppression (d’ailleurs, voir Homme). On fera attention toutefois, et on prendra garde, à ne pas sombrer dans des oppositions simplificatrices et ancestrales du type « Homme = guerre / Femme = amour » : c’est un cliché patriarcal. L’opposition ici désignée est sociologique (L’homme est un dominant guerrier; la femme, une victime de l’exploitation hétéropatriarcale (voir Domination hétéropatriarcale).

Le genre, en effet, n’est pas seulement une connaissance intellectuelle. Il se concrétise aussi et surtout comme un sentiment, un vécu, une conviction ou une évidence pour la plupart des humains, en vertu de quoi chaque individu s’éprouve indéfectiblement comme appartenant à l’un des deux genres, masculin ou féminin. 

https://www.cairn.info/revue-annuel-de-l-apf-2015-1-page-159.htm

La femme peut-elle être un homme blanc ? Oui, tout à fait dans la mesure où « femme » et « blanc » sont des constructions sociologiques. Ce n’est donc pas une question ontologique, comme dans la vieille philosophie, mais une question de degré d’intégration dans la culture majoritaire. (source: ici)


Hétérosexualité (n. fém.): régime politique oppressif construit sur la définition faussement scientifique d’une différence sexuelle qui impliquerait la binarisation de l’humanité en classes sociales de femmes et d’hommes dont on peut sortir [source: ici]. Elle est la pierre angulaire du capitalisme, car l’hétéorsexualité suppose l’absence de salaires pour le travail de reproduction. Elle est caractérisée par la violence systémique imposée à la société. Elle s’appuie sur un système oppressif caractérisé par le viol (physique, de consentement) opéré par des patrons, des pères, des voisins.


Homme (n. le plus souvent masc.): construction sociologique [ou discursive1] – déconnectée de toute relation biologique – désignant les bénéficiaires d’un système d’oppression. D’ailleurs, comme on dit en EPS:

il est désormais acquis que le genre est une construction sociale renvoyant à un système de normes et de stéréotypes liés au sexe produisant des hiérarchisations entre hommes et femmes

https://www.cairn.info/revue-recherches-en-didactiques-2014-2-page-133.htm

Synonyme: dominant, patron, père, exploitant, colon, maître, exploiteur, profiteur, capitaliste, blanc, mal, diable.


Identité (n. fém.): Caractère contradictoire de ce qui possède une définition sociologique, biologique, génétique et culturelle. Objet de contestation quand elle est consensuelle, elle est imposée par le sujet à son entourage sans concertation, ni préalable. L’affirmation poétique de Pessoa:

« Je suis diversement autre d’un moi dont je ne sais s’il existe »

PESSOA Fernando, Le chemin du serpent, « La coterie inexistante », Lettres, pages de journal et pensées sur le moi et les autres , « Une chambre de miroirs », op. cit., p. 170.

Cette affirmation prend tout son sens dès lors qu’elle quitte le littéraire (la métaphore [voir Métaphore] n’existant pas, le littéraire est sacrément mise à mal) pour entrer de plain pied dans la réalité quotidienne d’une émission où un barbu white peut sans broncher ni être contredit affirmer « qu’il est une femme1« . Au delà de la question de la binarité de la vision du monde imposée par des carcans culturels patriarcaux des religions du Livre, se pose la question de la revendication identitaire lorsqu’elle entre en contradiction avec l’affirmation de genre:

Il y a aussi un nombre étonnamment élevé de femmes trans lesbiennes et étonnamment peu d’hommes trans homosexuels (Motmans, Meier & T’Sjoen, 2010).

http://www.infotransgenre.be/m/identite/concepts/preference-sexuelle/

On s’étonnera dans l’exemple ci-dessus de l’adverbe « étonnamment » qui montre à quel point il est urgent de décoloniser le décolonialisme.


Intersectionnalité (n. fém.) : Interdisciplinarité appliquée à l’étude ou la dénonciation de la whiteness (voir Blanc). « À la fois outil, méthode et objet de recherche, l’intersectionnalité varie dans ses usages et ses définitions (Bilge, 2009, 2010, Fassin et al., 2015) »[ source: ici]


Invisibilisation (n. fém.) : pouvoir magique du langage qui rend certaines minorités majoritaires inaccessibles ni à l’œil ni à l’oreille. Cet état caractérise surtout les groupes sociaux et genrés, essentiellement les femmes, construites par les hommes, comme toutes les autres catégories des opprimées (ici). L’invisibilité procède d’un commun accord des fabricants de la langue (ici), des pianos et des médicaments (ici) qui aspirent à l’hégémonie mondiale masculiniste. Les catégories les plus invisibilisées de femmes : magistrates, avocates, professeures, autrices, écrivaines,  chirurgiennes, ministres.


Linguistique (n. de – en – fém.): Sociologie. Voir Féminisme.


Mâle (n. très masc.): Mal. (voir Blanc)


Masculiniste (n. très masc.): colon. Synonyme: « blanc » ou  « fasciste ». Voir « mal ».


Métaphore (n. fém.): figure de style qui n’existe pas, comme aucun trope d’ailleurs. Voir sur ce sujet notamment P Schulz, Saussure et le sens figuré-ou pourquoi la métaphore n’existe pas, Les Cahier du CIEL, Université de Paris, 2003. Ainsi, parler du « piège identitaire » ou de « l’homme-frontière » à combattre n’est PAS une métaphore.


Non-blanchité (n. fém.): Se revendiquer d’une culture opposée à la blanchité.

« Ce discours va paradoxalement de pair avec l’idée que la non-blanchité est non européenne (El-Tayeb, 2011). En d’autres termes, l’européanité est de manière tacite associée à la blanchité, qui constitue ainsi une norme implicite, tandis que les personnes non blanches citoyennes européennes, minorées dans les rapports de race (Guillaumin, 2002 ; Ndiaye, 2008), subissent des discriminations structurelles. »

https://journals.openedition.org/traces/6414 ; https://www.cairn.info/encyclopedie-critique-du-genre–9782707190482-page-539.htm

Oppressif (adj. toujours masc.) : Attribut de tout être ou technique – à l’exception de l’art1 – qui exerce une contrainte objective sur le sujet révélant des contre-techniques non-oppressives, qui sont l’objet de la bonne et vraie sociologie.

The case study is presented thereafter using the anti-oppressive language favored by the students involved.

https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1007%2F978-981-13-6969-8_2

Racialisation (n. fém.): Jean-Paul Payet écrit que « l’occultation de l’ethnicité à l’école paraît conduire à la mise en œuvre occulte d’une série de discriminations fines en défaveur des enfants d’origine étrangère et de leurs familles » (source : 1992, p. 60). On retiendra par exemple la notion de racialisation du sexisme:

« Un enjeu est de savoir s’il existe à l’École des expériences et des processus de minoration ethnoraciale et sexuée spécifiques, lesquels ne peuvent être analysés au seul prisme des rapports sociaux de classe. Par exemple, la construction de figures de dangerosité, de soumission et de radicalité qui entoure les familles et les élèves catégorisés comme musulmans [Hajjat et Mohammed, 2013 ; Orange, 2016], peut-elle être lue au prisme de la « racialisation du sexisme » [Hamel, 2005] par et au sein de l’institution scolaire ? »

https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2019-1-page-147.htm#

La racialisation comme processus en cours interroge la recherche:

Cette recherche doctorale s’interroge sur la construction des sujets et des identités (individuelles et collectives) dans un contexte colonial et postcolonial français, au XXème siècle, dans lequel la race et la couleur de la peau sont des marqueurs structurants de la conscience de soi, de l’altérité et des rapports sociaux.

https://www.theses.fr/2014PA070026

Religion (n. fém. mais masc. en fait) : Invention chrétienne, occidentale, hétéropatriarcale, cis et donc blanche résultant « d’« impérialisme cognitif » et de « violence épistémique1 ». Elles sont la propriété exclusive des religious studies.

« Invention chrétienne seulement pertinente dans un cadre occidental » (source CNRS).

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/11/15/le-concept-de-religion-est-une-invention-chretienne-seulement-pertinente-dans-un-cadre-occidental_6059789_6038514.html

Exemple: « Le christianisme est une religion. L’Islam non. »


séminaire (n. masc.): type de colonisation de l’espace universitaire par la production masturbatoire masculiniste comme le prouve évidemment la racine étymologique « semence » du mot. D’ailleurs, quand on assiste à un « séminaire », on entend « semence » et on évite de boire les paroles de l’intervenant car c’est dégoûtant. C’est donc une variation gérontolectale du vocabulaire hétéropatriarcal, actuellement  en déconstruction. On parlera dorénavant « d’ovulaire » ce qui évitera d’aller se faire cuire un oeuf.


Sens des mots (n. masc.) : Vieux concept (syn. « machin », « truc » – voir Concept) de la philosophie occidentale dépassé par celui de la construction sociale contre lequel lutte l’individu qui oppose à l’essentialisation identitaire une affirmation propre du ressenti personnel, ou communautaire (ce qui est pareil). Ex: « Cet homme blanc est une femme racisée » (voir Homme; voir Blanchité; voir Femme; voir Racisée).


Science (n. fém.): état qui correspond à la volonté de savoir 

découvrir les choses telles qu’elles sont réellement, indépendamment de ce que les gens ont affirmé auparavant et de ce qu’ils désirent actuellement

Norbert Elias La Dynamique sociale de la science. Sociologie de la connaissance et des sciences, p.239. J’ai suivi mon propre chemin, p.74

Elle doit être progressiste (parce que sinon, ce n’est pas une science) et exclure tout militantisme, sauf celui de la vraie science inclusiviste queer, féministe non blanche. Elle a pour but de chercher les vrais fondements des discriminations et d’oppression en les distinguant de fausses explications réactionnaires et illusoires. Fondée sur les méthodes empiriques, elle veille à ne pas prendre de distance avec son objet d’étude quand il s’agit des humains, pour ne pas le chosifier (ici ). Ne dépend pas du discours dominant, de la politique ni des plans du financement de la recherche. Elle est rigoureusement réservée aux jeunes, de préférence racisé.e.s et à certain.es retraité.es  éveillé.e.s qui  correspondent aux standards scientifiques objectifs, soigneusement définis par la méthode d’inclusion intersectionnelle. 


Sexisme  (n.masc.): atteinte paradoxale de l’équilibre psychologique génétiquement acquise par héritage, en même temps qu’elle est construite pas le discours sur la culture. Elle touche les êtres de sexe et de genre masculin.e.s. Elle se caractérise par le syndrome dit « des sales pattes partout » (voir « domination hétéropatriarcale »), par ne pas vouloir débarrasser la table à la fin du repas, à pratiquer le  « male gaze » et « l’eye rape » de manière incontrôlée, mais intentionnelle. Constatée à l’ère paléolitique par les chercheur.e.s  contemporain.e.s (ici), cette maladie innée-construite varie en fonction des aires géographiques: elle est par exemple plus présentes chez les Mundugomors que chez les Arapesh (ici). Ils n’en guérissent pas mais l’atteinte peut cependant être traitée par la déconstruction du discours du genre coupable.
Nb: ne pas confondre avec le « masculinisme », qui est une assignation identitaire essentialiste des sexistes assumés.


Structur.e.s (n. masc.) : contraintes exercées sur la libre pensée de soi-même et la redéfinitions indentitaire du ressenti de chacun.e.s instruite dans ses fondements par les Institutions Républicaines (l’école, la langue, la laïcité) qui sont des « fourches caudines » soumettant les populations à un diktat COMME le colon autrefois soumettait les colonisés à la dictature oppressive. De là découle l’idée qu’il faut s’en débarrasser.
Attention, la métaphore (voir Métaphore) n’existant pas, il ne s’agit pas d’un colonialisme métaphorique (QED) mais d’une véritable oppression politique exercée par un pouvoir illégitime. Comme tout pouvoir. Sauf universitaire.

« L’approche postcoloniale permet d’imaginer concrètement un « autre féminisme » dégagé des fourches caudines de la République et de la laïcité. En cela, le détour par des féminismes du Sud, en l’occurrence ici en terre d’Islam, nous permet de relativiser le féminisme républicain à portée universelle. » 

https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2012-1-page-125.htm

Universalisme (n. masc.) – notion à déconstruire, comme toutes les notions, car elle est fondée sur le gommage des différences identitaires, l’invisibilisation (voir Invisibilisation)  de la couleur de la peau et l’oubli de l’appartenance ethnique au profit de l’appartenance culturelle souvent appropriée. L’universalisme fait fi de la religion de l’Autre, favorise l’islamophobie, il est à la racine des discriminations ethno-raciales de l’appareil étatique, car il prétend obnubiler les origines raciales qui font partie de la construction de la nation. Sans oublier que la race n’existe que comme phénomène du discours, E. Balibar précise que le racisme est un type d’universalisme  (ici) et que la discussion sur le racisme contribue à faire des racistes les universalistes qui s’interrogent sur leur identité.  Le racisme est ainsi une forme de l’universalisme de la différence et l’universalisme est l’essence universelle du particularisme qui fonde l’identité. (ici). Il y a aussi le sexisme qui fait partie de l’universalisme (voir Sexisme). 


Victime (nom fém.): signe polysémiotique, utilisé dans divers domaines de la construction de déconstruction studies. 

1/ femme  non-blanche ou en voie de déblanchissement, homme(s) racisé.e.s , femmes, hommes , enfants qu’on prend pour femmes, hommes et enfants alors qu’ils.elles. iels ne le sont pas (voir ici), les migrant.e.s, les palestiniens opprimés, les gros, les maigres, les sourds, les petits de taille, les grands de taille, les aveugles, les handicapés, les étudiant.e.s , les indigènes de la république, les indigènes de l’Amérique, les gros.s.e.s,  les paumé.e.s, les désespérés,  les jeunes, les défavorisé.s racisé.e. s, les animaux domestiques, les plantes, etc. 

2/ individu.e.s qu’on taxe des pronoms qu’illes.elles n’ont pas choisis. 

3/ (religieux) Islam de France, personnes abattues par la police et à.au/aux  toustes les citoyen.n. e.s opprimés par le racisme d’Etat. 


White (n. ou adj., épicène) : voir Blanc.he.s, mais en mieux car plus clair parce que dans la langue américaine.


Wok.e (n. épicène) : plat.e traditionnel de la cuisine chinoise (voir Appropriation culturelle).