Read More Sandrine-Malika Charlemagne AutriceLes oppressions… Défendre l’identité de « l’entre-soi », avec l’idée de rassembler ses forces et d’éviter, de préférence, le mariage avec un ou une « non-racisé·e ». Le « non-racisé », arguent certains, sera toujours imbu de sa suprématie, même sans qu’il le décide, malgré lui, c’est l’histoire qui en est la cause. Il suffit d’analyser les faits. Le « non-racisé » porte en lui le virus de la domination.
Confiants en ces théories, ceux qui soutiennent cet axe de protection des identités, à des fins louables – pensent-ils –, à des fins de justice sociale et de reconnaissance, tu les écoutes non sans perplexité. Est-ce une étape indispensable à l’émancipation des classes opprimées ? Faudrait-il ne plus se définir qu’au travers de son origine raciale en s’excluant du monde des « Blancs », parce que ce monde-là, façonné exclusivement par eux, s’avère d’emblée indigne de confiance ? Et ainsi, quelque part, sans le vouloir, œuvrer à un reflet inversé de la « race pure » ?
Ces idées te font mal. Tu ne peux souscrire à de tels arguments, fussent-ils minoritaires et peu répandus sur la place publique. Des propos sur l’autonomie des luttes, qui nous divisent au lieu de nous rassembler, pour affronter des adversaires contre lesquels nos forces conjointes ne seraient guère de trop. Dans ces stratégies de défense, quelle serait ta place ? Jouer le rôle de figurante, d’observatrice tolérée, du fait de ton métissage ? Mais interdite d’intervention sur les sujets d’oppression ?
Même si ce ne sont là que des pistes de réflexion, comme on aime à les nommer, est-ce par le repli que nous devons en passer pour atteindre le changement ? L’égalité devrait évidemment être meilleure pour tous. Sans distinction de « race » ou de religion. Nous ne sommes pas des gens de race X ou Y, mais des êtres de chair et de sang. C’est tous ensemble, unis – vain concept « de gens issus de l’absence de racialisation » diraient les sceptiques, dont la déception est certes légitime –, qu’il nous faut combattre. Contre tous les exploiteurs qui nous volent. Qui se goinfrent de profits. Qui méprisent du haut de leur perchoir la communauté humaine.
À nous tous de nous employer à briser le cercle de fer des oligarques. En finir avec nos querelles de chapelle. Faire front au-delà de nos identités respectives. Les oligarques sont redoutables et ont, à leur botte, une légion de serviteurs. Ne pourrait-on, sur ses bases, tenter le combat ? Nous sommes incapables, hélas, de nous rallier à ce jour. Les convictions de certains sont tenaces : la lutte des classes fait partie du passé ; en revenir à elle, ce serait servir toujours la même clique ! Et la hiérarchie des oppressions n’en finit plus de se décliner.
Ces mouvements autonomes, promouvant l’auto-organisation, entre autres par le retour aux origines, te déroutent autant qu’ils te questionnent : comment en sommes-nous arrivés là ? S’il n’y avait eu ces excès de mépris, ces jugements à l’emporte-pièce, ces mises en scène sordides, ces contrôles abusifs de policiers visant si souvent le même type de population, ces phrases à la Zemmour sur les plateaux télévisés : « La discrimination, c’est la vie, la vie est injuste. J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire. La nation française se dissout dans l’immigration… » S’il n’y avait eu les meurtres d’immigrés et autres bavures, quasi jamais condamnés, les bidonvilles à Nanterre, à La Courneuve… S’il n’y avait eu ces relents infects d’inhumanité, ces délires outranciers, peut-être serions-nous à même de lutter ensemble. Opprimés de toutes origines, sans renier nos histoires, en refusant de se cantonner à une seule et unique identité, quitte à la bannir du vocabulaire. Miser avant tout sur l’universel, pour tenter d’en finir avec l’esclavage de la machine Capital. Ni Française ni Algérienne intégrée, tu voudrais juste te reconnaître en l’humanité.
Sandrine-Malika Charlemagne Autrice
Les oppressions… Défendre l’identité de « l’entre-soi », avec l’idée de rassembler ses forces et d’éviter, de préférence, le mariage avec un ou une « non-racisé·e ». Le « non-racisé », arguent certains, sera toujours imbu de sa suprématie, même sans qu’il le décide, malgré lui, c’est l’histoire qui en est la cause. Il suffit d’analyser les faits. Le « non-racisé » porte en lui le virus de la domination.
Confiants en ces théories, ceux qui soutiennent cet axe de protection des identités, à des fins louables – pensent-ils –, à des fins de justice sociale et de reconnaissance, tu les écoutes non sans perplexité. Est-ce une étape indispensable à l’émancipation des classes opprimées ? Faudrait-il ne plus se définir qu’au travers de son origine raciale en s’excluant du monde des « Blancs », parce que ce monde-là, façonné exclusivement par eux, s’avère d’emblée indigne de confiance ? Et ainsi, quelque part, sans le vouloir, œuvrer à un reflet inversé de la « race pure » ?
Ces idées te font mal. Tu ne peux souscrire à de tels arguments, fussent-ils minoritaires et peu répandus sur la place publique. Des propos sur l’autonomie des luttes, qui nous divisent au lieu de nous rassembler, pour affronter des adversaires contre lesquels nos forces conjointes ne seraient guère de trop. Dans ces stratégies de défense, quelle serait ta place ? Jouer le rôle de figurante, d’observatrice tolérée, du fait de ton métissage ? Mais interdite d’intervention sur les sujets d’oppression ?
Même si ce ne sont là que des pistes de réflexion, comme on aime à les nommer, est-ce par le repli que nous devons en passer pour atteindre le changement ? L’égalité devrait évidemment être meilleure pour tous. Sans distinction de « race » ou de religion. Nous ne sommes pas des gens de race X ou Y, mais des êtres de chair et de sang. C’est tous ensemble, unis – vain concept « de gens issus de l’absence de racialisation » diraient les sceptiques, dont la déception est certes légitime –, qu’il nous faut combattre. Contre tous les exploiteurs qui nous volent. Qui se goinfrent de profits. Qui méprisent du haut de leur perchoir la communauté humaine.
À nous tous de nous employer à briser le cercle de fer des oligarques. En finir avec nos querelles de chapelle. Faire front au-delà de nos identités respectives. Les oligarques sont redoutables et ont, à leur botte, une légion de serviteurs. Ne pourrait-on, sur ses bases, tenter le combat ? Nous sommes incapables, hélas, de nous rallier à ce jour. Les convictions de certains sont tenaces : la lutte des classes fait partie du passé ; en revenir à elle, ce serait servir toujours la même clique ! Et la hiérarchie des oppressions n’en finit plus de se décliner.
Ces mouvements autonomes, promouvant l’auto-organisation, entre autres par le retour aux origines, te déroutent autant qu’ils te questionnent : comment en sommes-nous arrivés là ? S’il n’y avait eu ces excès de mépris, ces jugements à l’emporte-pièce, ces mises en scène sordides, ces contrôles abusifs de policiers visant si souvent le même type de population, ces phrases à la Zemmour sur les plateaux télévisés : « La discrimination, c’est la vie, la vie est injuste. J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire. La nation française se dissout dans l’immigration… » S’il n’y avait eu les meurtres d’immigrés et autres bavures, quasi jamais condamnés, les bidonvilles à Nanterre, à La Courneuve… S’il n’y avait eu ces relents infects d’inhumanité, ces délires outranciers, peut-être serions-nous à même de lutter ensemble. Opprimés de toutes origines, sans renier nos histoires, en refusant de se cantonner à une seule et unique identité, quitte à la bannir du vocabulaire. Miser avant tout sur l’universel, pour tenter d’en finir avec l’esclavage de la machine Capital. Ni Française ni Algérienne intégrée, tu voudrais juste te reconnaître en l’humanité.
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