Quand la médecine oublie de ne pas nuire – « Le sermon d’Hippocrate » de Caroline Éliacheff et Céline Masson

Quand la médecine oublie de ne pas nuire – « Le sermon d’Hippocrate » de Caroline Éliacheff et Céline Masson

Dans "Le Sermon d’Hippocrate", Caroline Éliacheff et Céline Masson dénoncent les dérives idéologiques de la médecine transaffirmative, en particulier chez les mineurs, des pratiques contraires à l’éthique médicale traditionnelle et sources de graves atteintes physiques et psychiques. En s’appuyant sur des cas concrets, des analyses historiques et le rapport Cass, elles appellent à une remédicalisation rigoureuse fondée sur la psychologie, la prudence clinique et la protection de l’enfant. Un compte rendu d'Emmanuelle Hénin.

Table des matières

Quand la médecine oublie de ne pas nuire – « Le sermon d’Hippocrate » de Caroline Éliacheff et Céline Masson

 

Une médecine sous influence idéologique

Après leur premier livre, La Fabrique de l’enfant transgenre (2022), les deux autrices (toutes deux psychanalystes et respectivement pédopsychiatre et professeur des universités) jettent un nouveau pavé dans la mare pour alerter sur les dérives d’une médecine aveuglée par l’idéologie, au point d’en oublier les fondements de son éthique : le pilier du serment d’Hippocrate, primum non nocere (« avant tout ne pas nuire ») est remplacé par pro bono agere (« agir pour le bien »). Au point que certaines facultés de médecine ont d’ores et déjà modifié le texte de ce serment rédigé au IVe siècle avant notre ère : depuis 2022, la faculté de médecine de l’université du Connecticut en propose une version « DEI-fied » (jeu de mots entre le DEI et le participe deified) qui invite à prêter serment à la Justice Sociale et au DEI, et supprime l’engagement de ne pas nuire, remplacé par : « je m’engage à identifier et à atténuer mes propres biais », « je soutiendrai activement les politiques promouvant la justice sociale ». La faculté du Minnesota a demandé à ses étudiants de prêter allégeance aux médecines indigènes, avec des références au racisme, et celle de Columbia de même. Pour le moralisme woke, envoyer aux oubliettes un texte vieux de vingt-cinq siècles, au fondement de la médecine occidentale, n’est qu’un point de détail dans la vaste entreprise de liquidation d’une anthropologie multimillénaire.

 

Des enfants malades de l’idéologie

L’ouvrage Le sermon d’Hippocrate1 se déroule en sept chapitres factuels et précis, qui tentent d’apporter une explication au succès de la médicalisation à outrance des mineurs souffrant de troubles de genre. Avant d’entrer dans le vif de la démonstration, le premier chapitre nous plonge dans la réalité de cette souffrance : il présente les journaux parallèles d’une adolescente entre ses 13 et ses 18 ans, et de son père qui résiste aux médecins et aux militants d’une association nommée ici « L’Abri ». En vingt minutes de consultation, cette jeune fille désorientée se voit diagnostiquée en « dysphorie de genre », prescrire des bloqueurs de puberté et engager sur le chemin d’une transition, sans que jamais son malaise ne soit interrogé. Grâce à la résistance de son père, elle finit par se réconcilier avec son sexe de naissance sans subir de « dommages irréversibles », pour reprendre l’expression d’Abigail Shrier. Mais pour une histoire qui se termine bien, combien de mineurs mutilés au nom du Bien ?

Le chapitre 2 revient sur les multiples censures subies par les deux autrices depuis la parution de leur précédent livre : harcèlement, menaces, conférences annulées, appel à l’autodafé, café vandalisé… Fers de lance de la lutte contre les ravages de l’idéologie transaffirmative sur les mineurs, toutes deux ont créé l’Observatoire la Petite Sirène et soumis en 2024 une proposition de loi sur la transidentification des mineurs, adoptée par le Sénat.

L’orviétisme : une médecine au service de croyances

Le chapitre 3, Orviétisme ou l’art de pratiquer une médecine au service d’une idéologique, propose un néologisme pour désigner la médecine au service des idéologies : l’orviétisme, du nom de l’orviétan, ce remède miracle vendu par des charlatans sur les foires dans l’Ancien Régime. L’orviétisme est une « imposture fondée à partir d’un dispositif rhétorique utilisant la scientificité » (jargon, néologismes s’inspirant du militantisme), maniant l’euphémisme (torsoplastie= ablation des seins), les métaphores moralisantes (transphobie, patriarcat, égalitarisme, inclusivisme, visibilité), le déni de la réalité biologique, la victimisation, le pathos et l’hyperbole : « voulez-vous un garçon vivant ou une fille morte ? »

Les autrices donnent des exemples d’orviétisme dans l’histoire des deux derniers siècles, le plus célèbre étant le lyssenkisme. Trofim Lyssenko, qui dénonçait la génétique comme une science bourgeoise et prétendait appliquer la dialectique marxiste à la nature, fut adoubé par Staline et Khrouchtchev, tandis que ses contradicteurs étaient condamnés à mort comme ennemis du peuple. Mutatis mutandis, pour les idéologues du genre, il faut dénaturaliser la différence des sexes pour rendre possible le changement de sexe. Et pour mieux accréditer cette fiction, en falsifier les résultats et en éliminer les contempteurs, non plus physiquement mais socialement.

Autre exemple, Egas Moniz, nommé prix Nobel en 1949 pour « sa découverte de la valeur thérapeutique de la leucotomie pour soigner certaines psychoses » – opération consistant à prélever une partie du cortex préfrontal, au risque de laisser le patient apathique. Pour avoir subi cette intervention à l’âge de 23 ans, Rosemary Kennedy resta handicapée toute sa vie.

Troisième exemple, la médicalisation des homosexuels. L’assimilation de l’homosexualité à une maladie mentale, qui perdura jusqu’en 1973, entraînait une série de soins, opérations, castrations, prises d’hormones… Quant aux femmes dites « hystériques », elles subissaient des mutilations génitales pendant tout le XIXe. L’excision était pratiquée pour la santé des femmes… comme aujourd’hui les mutilations pour la santé des mineurs transidentifiés. Couper les seins pour éliminer la souffrance psychique relève de la même logique. Quant aux hormones croisées, elles créent la stérilité que prônaient certains eugénistes.

Selon Pierre-André Taguieff, eugénistes et transhumanistes partagent l’idée que les croyances religieuses doivent être remplacées par une nouvelle foi : assurer le bien-être des générations futures par un remodelage de la nature humaine. Cette idée est la trace d’un désir infantile récurrent : « éliminer tout ce qui limite le désir de puissance ».

Le quatrième chapitre, L’art de changer de sexe, retrace l’histoire de la médecine de réassignation sexuelle, dont voici les principales étapes. Son pionnier, Magnus Hirschfeld (1868-1935), qui dans Die Transvestiten, distingue désirs sexuels et expressions de genre, réalisa en 1906 la première opération de réassignation sexuelle sur Martha/Karl Baer, jeune femme probablement atteinte d’une maladie génétique rare, le syndrome de Klinefelter. En 1919, Hirschfeld ouvre l’Institut für Sexualwissenschaft à Berlin, première clinique proposant conseils et traitements aux homo- et transsexuels. Lili Elbe, première femme transgenre, mourut d’une infection après la cinquième opération. C’est dans cette clinique que le chirurgien Erwin Gohrbandt réalisa la première opération « MtF » (passage d’homme à femme) en 1931, via une vaginoplastie. Il rejoignit ensuite le nazisme et stérilisa 360 000 handicapés avant de les euthanasier. Quand Éric Zemmour compare ces expériences à celles de Mengele, c’est excessif mais pas faux. Le projet d’une telle médecine est d’agir au nom du Bien pour imposer à la société des normes autoproclamées, par l’intimidation et la censure.

En 1975, le psychiatre Paul McHugh de l’hôpital Johns Hopkins commanda une étude sur les adultes ayant changé de sexe. Les résultats peu probants et l’absence de preuve de l’amélioration de leur bien-être aboutit à la fermeture de la clinique en 1979. Paul McHugh avoua alors que les médecins avaient gaspillé leur temps « en collaborant avec la folie au lieu de l’étudier, d’essayer de la guérir et finalement de la prévenir ».

Les années 1990 marquent un tournant : les transactivistes prennent le pouvoir dans l’organisation HBIGDA (Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association), obligeant le prudent Stephen B. Levine à démissionner. L’organisation devient en 1997 la WPATH (World Professional Association for Transgender Health).

Transversion et posthumanisme : vers un nouvel homme-idéologie

La théorie du genre doit beaucoup à John Money, « inventeur encombrant » de sinistre mémoire, adulé puis renié par Butler. Sa thèse sur l’hermaphrodisme extrapolait des lois générales à partir de cas rarissimes. Dans un article daté de 1955, il utilisa pour la première fois les concepts d’« identité de genre » et de « rôle de genre », qui ne seraient pas établis à la naissance mais entièrement construits. Money prit comme cobayes les jumeaux Reimer, Bruce et Brian, qui étaient en parfaite santé sinon que Bruce avait eu le pénis brûlé accidentellement ; Money conseilla à ses parents de le castrer et de l’éduquer en fille. Bruce devint Brenda et prit des hormones féminisantes. Fervent défenseur de la pédophilie et de l’inceste, Money, à l’insu des parents, imposait aux jumeaux des jeux sexuels et leur faisait mimer des accouplements. À l’âge de 14 ans, Brenda apprend sa réassignation sexuelle dans la petite enfance. À 15 ans, il choisit de redevenir garçon et devient David ; il reçoit alors de la testostérone, subit une phalloplastie (moyennant 18 opérations), épouse une femme, démentant la théorie de Money. Money a sciemment dissimulé que ses hypothèses n’étaient pas vérifiées. Le scandale fut révélé en 1997 par un journaliste, John Colapinto, dans un livre traduit en français en 2014. Milton Diamond, professeur de biologie de la reproduction, publia également un article très critique en 1982. Outre son comportement pervers avec les enfants, Money a falsifié les données et a vu dans les critiques qui lui étaient adressées une conspiration de l’extrême-droite – toute ressemblance avec une situation actuelle serait purement fortuite. Brian se suicide en 2002 et David en 2004 : bilan du premier cas documenté de réassignation sexuelle. D’autres enfants intersexe ont pâti de ces traitements, conduisant Butler à se dissocier en 2005 des soutiens apportés à Money par les féministes radicales.

Les Pays-Bas sont pionniers dans les soins de réassignation, remboursés dès les années 1970 : le Vanderbilt University Medical Center fonde sa démarche sur la compassion. Le « Dutch protocol » prescrit les bloqueurs dès les premiers signes de puberté, puis les hormones à 16 ans. Il fut inventé par une endocrinologue, Henriette Delemarre-van de Waal, en 1987, et publié en 2006, avec des critères stricts d’éligibilité (début des signes de dysphorie dans la petite enfance, pas de comorbidité, etc.). Mais très vite, ces critères ont été éliminés : les bloqueurs prescrits dès 8 ans, les hormones à 14, l’accord familial jugé superflu. Dans les années 2010, le Dutch protocol devient traitement standard des « dysphories de genre ». Une patiente est même morte car son intestin s’est nécrosé à la suite du prélèvement pour la vaginoplastie.

Les effets secondaires des bloqueurs sont connus : ostéoporose, effets négatifs sur le développement cognitif et émotionnel – puisqu’ils stoppent la maturation du cerveau. En outre, 90% des enfants prenant des bloqueurs prennent ensuite des hormones croisées.

Le WPATH est devenu en quelques années l’autorité internationale en matière de médecine du genre. Ses recommandations sont appliquées presque partout : seuls la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni et 26 États des États-Unis se sont dissociés de ses recommandations et régulent la prescription des bloqueurs de puberté. Et pourtant, depuis les SOC-7 (Standards of Care) de 2012, ces recommandations portent l’empreinte de l’idéologie transactiviste : le WPATH appelle à dépsychologiser la variance de genre, d’où le remplacement du « trouble de l’identité de genre » par la « dysphorie de genre » (2008), et suggère que les problèmes de santé mentale sont liés au stress des minorités stigmatisées. Les SOC-8 (2022) vont clairement trop loin : ils prônent l’accès libre aux bloqueurs, aux hormones et à chirurgie, sans âge minimum, tout en supprimant le chapitre sur l’éthique contenu dans la première version du texte.

Ce 8e standard de soin crée un scandale sous l’administration Biden. En juin 2024, un tribunal de l’Alabama révèle des documents compromettants concernant l’évaluation des preuves avancées par les SOC-8. Ces documents montrent que des membres de la WPATH ont biaisé les résultats, supprimé toutes les preuves qui ne soutenaient pas la recommandation d’un accès inconditionnel à ces soins, omettant les études scientifiques qui ne prouvent pas l’innocuité des traitements et ne publiant que celles qui soutiennent la médicalisation des mineurs. Des avocats spécialisés en droits des minorités ont rédigé ces standards de sorte que les lois des États ne puissent pas les attaquer. Rachel Levine, secrétaire (trans) adjointe à la santé du département de Santé et des Services Sociaux (HHS), a notamment fait pression pour supprimer tout âge limite. La WPATH a menti en cachant toutes les preuves scientifiques qui n’allaient pas dans son sens. Or ce scandale n’a pas trouvé l’écho qu’il mérite, a fortiori en Europe.

Autre néologisme proposé par les deux psychologues, la transversion (perversion trans) est un projet politique, soutenu par une idéologie qui implique déni de réalité et changement de paradigme. La transversion se fonde sur la dialectique oppresseur/oppressé et conduit au totalitarisme de l’individu. Parler de sexe biologique est devenu un délit. Pour se déployer, cette perversion nécessite un contexte sociopolitique précis, une crise démocratique profonde. Elle relève de ce que Bruno Chaouat appelle le « sadisme du bien ».

Ainsi, certains médecins ont modifié le serment d’Hippocrate en préconisant de ne pas interroger la demande des mineurs transidentifiés, qu’ils ne prétendent plus soigner car ils ne seraient pas malades. Accompagner une telle demande en abandonnant toute référence à la psychologie de l’adolescent, cela relève-t-il de la médecine ? – se demandent les autrices.

Le chapitre 5 s’intitule Pédomisie ou la haine vertueuse de l’enfant. Dernier néologisme proposé par les deux psychologues, la pédomisie ou haine de l’enfant recouvre la maltraitance, la pédophilie et l’inceste, toutes attitudes criminelles résultant de l’hainamoration (Lacan), mélange d’amour et de haine. Selon Charles Melman, notre société est passée de la névrose à la perversion, d’une culture de la répression à une culture de la jouissance à tout prix. La médecine de soin devient une médecine de service. Le rapport à la douleur a changé : ne pas souffrir devient l’expression d’un droit – que l’on songe au scandale des opioïdes qui a entraîné 500 000 morts par overdose aux États-Unis. Les médecins adhèrent à une vision utopique selon laquelle, grâce aux hormones, chaque individu guérirait de ses souffrances et se réconcilierait avec son corps. Certains jeunes vouent une haine à une partie de leur corps (comme les seins) ; mais les médecins militants expriment leur haine par leur amour pour les stigmates corporels et les mutilations.

Aux États-Unis, les mastectomies sont pratiquées à partir de 12 ans. Le profit potentiel du complexe industriel du genre a été estimé aux États-Unis à plus de 200 milliards de dollars (pour 1, 4 million de concernés). Dans L’Homme trans (2019), Bruno Chaouat se demande à quelles conditions le désir ancestral de changer l’homme peut respecter l’éthique médicale, et donne cette réponse : la techno-médecine respecte l’éthique si elle s’en tient à la remédiation, mais devient idéologie quand elle tient l’homme pour toujours déjà à réparer, améliorer, augmenter, le considérant comme a priori défectueux. Ainsi le transgenrisme participe du posthumanisme, qui promeut une transformation de l’homme par des moyens artificiels et le réduit à un objet qui peut être façonné à volonté. « La haine de la condition humaine cultivée par le post-humanisme risque de représenter pour les décennies à venir l’un des plus grands défis auxquels notre histoire aura à se confronter. »

Désormais, l’idéal éducatif n’est plus la soumission, mais l’épanouissement et l’autonomie de l’enfant, sans respecter les étapes de son développement. Il faut faire de l’individu-enfant un sujet le plus tôt possible, car il sait ce qui est bon pour lui. Or cette représentation de l’enfant est « un formidable et massif rejet de son identité d’enfant, de sa prématuration psychique, de sa particularité ». Selon Arendt, « cela ne signifie qu’une chose, que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé leur enfant ». Or l’autonomie s’exprime par l’autodétermination, clé de voûte de l’éducation. Mais accorder l’enfant la possibilité de choisir avant qu’il en ait la capacité, c’est le confronter à une charge insurmontable.

Marcel Gauchet, dans « L’enfant du désir » (Le Débat 2004) fut le premier à comprendre que l’enfant désiré, c’est aussi, par définition, l’enfant refusé. La société qui met en avant l’enfant du désir est objectivement la société du refus de l’enfant.

L’idéologie pédophile, qui suscitait des pétitions dans les années 1970 et confondait sexualité infantile et sexualité enfantine, suscite aujourd’hui une juste réprobation. Pourtant, on en trouve les traces dans les Standards pour l’éducation sexuelle en Europe (2010), cadre de référence pour l’OMS. Tout enfant possède une sexualité, des zones érogènes, et évolue progressivement vers une sexualité adulte, dont il faut à tout prix le protéger tant qu’il n’a pas atteint l’âge requis. Or les recommandations reprises par l’OMS recoupent l’idéologie pédophile en prônant le développement précoce d’une sexualité partagée et en considérant les enfants comme des individus capables de consentir à des relations sexuelles. Elles préconisent d’informer les enfants de 0 à 4 ans sur le plaisir lié à leur corps et la masturbation précoce ; entre 4 et 6, de les informer sur les sensations liées à la sexualité ; dès 4 ans, l’enfant doit être informé de son « droit d’explorer les identités sexuelles ». De 12 à 15 ans, l’OMS apprend aux enfants « comment jouir de la sexualité de manière adéquate ». Selon les autrices, l’OMS aurait peut-être inspiré la circulaire française de 2023 sur l’éducation sexuelle à l’école, sous la tutelle du ministère de la santé. Sur les plateformes éducatives, on trouve des jeux de « composition du plaisir », invitation explicite à la masturbation, et un jeu : « qui veut gagner du plaisir ? » dès 12 ans, alors même que les effets de la pornographie sont connus et que, selon la loi, un mineur de moins de 15 ans est considéré comme incapable de consentir à une relation sexuelle. On voudrait nous faire croire que, dès 9 ans, il aurait la maturité de prendre des bloqueurs de puberté et dès 16 ans des hormones croisées.

Une alerte éthique : le retour de la clinique

Le chapitre 6 est consacré au Rapport Cass. Publié le 10 avril 2024, ce rapport constitue la première remise en cause de grande ampleur de la médecine transaffirmative. La pédiatre Hilary Cass a sollicité une équipe de chercheurs de l’université de York pour mener un examen systématique des soins dits d’affirmation de genre, selon une approche clinique impeccable. Elle a aussi mené de nombreux entretiens avec les jeunes, leurs parents et des professionnels.

Le rapport contient une série de recommandations : interdiction des bloqueurs de puberté, dont rien ne prouve l’innocuité ; prise en charge privilégiant l’approche psychologique ; nécessité de limiter les prescriptions d’hormones croisées – les chirurgies pour mineurs étant déjà interdites en Grande-Bretagne. Il préconise d’appliquer ces précautions aux mineurs et aux jeunes jusqu’à 25 ans.

Le NHS a souligné l’importance de ce rapport et décidé de le mettre en application dès août 2024. Les jeunes en gender distress seront désormais traités de manière holistique. Le rapport Cass, dont les conclusions sont reprises sur les sites gouvernementaux, marque la fin de la médicalisation abusive des jeunes souffrant de troubles de genre. Le gouvernement travailliste a confirmé ces options. Quant à Hilary Cass, son courage lui a valu de recevoir le titre de pair à vie.

Le rapport Cass contribue à faire bouger les lignes ; le New York Times, qui soutenait naguère la médicalisation, se montre plus nuancé. En Grande-Bretagne, après la contestation du rapport par le principal syndicat de médecins, 1400 médecins ont publié leur désaccord, « not in our name », et manifesté leur soutien à Cass.

En France, la nouvelle a été diversement relayée par les quotidiens du 10 avril 2024. Le Monde a publié un article factuel seulement en anglais, le plus discrètement possible, fidèle à son militantisme et à son aveuglement idéologique qui en a fait le relais de l’utopie trans – il a ainsi refusé toutes les tribunes de la Petite Sirène. À l’inverse, Le Figaro a publié un long article résumant le rapport Cass.

Enfin, le dernier chapitre détaille la proposition clinique de Caroline Éliacheff et Céline Masson : l’angoisse de sexuation pubertaire (ASP), proposition publiée dans la Revue de Psychiatrie française (en ligne). Toutes deux décrivent les symptômes associés jusqu’ici à la dysphorie de genre et qui renvoient bien souvent à d’autres pathologies : trouble du comportement alimentaire ; anxiété sociale ; état dépressif ; antécédents d’agression sexuelle ou stress post-traumatique ; troubles de l’attention et troubles du spectre autistique. Les jeunes mal dans leur peau reçoivent trop souvent un autodiagnostic de « dysphorie de genre » et s’engagent dans de lourds traitements. Les psychologues en tirent des recommandations proches de celles du rapport Cass.

 


On ne saurait trop recommander la lecture de ce livre aux parents d’adolescents ou de jeunes adultes en questionnement de genre, afin qu’ils mesurent la dimension idéologique sous-jacente à la médecine transaffirmative. Plus largement, ce livre fournit une information précise et pédagogique à toute personne de bonne volonté désireuse de s’informer sur un sujet de société brûlant. Avec l’Observatoire la Petite Sirène et le combat législatif mené par les deux autrices, ce livre est une pièce cruciale du dispositif visant à alerter l’opinion sur le scandale sanitaire du siècle.

 

Auteur

Notes de Bas de page

  1. éditions de l’Observatoire, 2025, 251p.

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