Tribune publiée dans Le Point
Mardi 1er avril dernier, Fabrice Balanche, maître de conférences et directeur de recherche en géographie politique à l’université de Lyon-2, a été empêché de donner son cours par l’intrusion agressive dans l’amphithéâtre d’un groupe de militants « propalestiniens » masqués. Conspué violemment, l’enseignant a refusé l’affrontement en quittant la salle. S’il n’a pas porté plainte personnellement, Fabrice Balanche attend cependant que la direction de l’université prenne ses responsabilités institutionnelles au-delà de sa déploration de la situation et de son assurance verbale de « tout mettre en œuvre pour qu’elle ne se reproduise pas ».
Il s’agit en effet d’un incident symptomatique de l’intimidation qu’exercent de façon de plus en plus forte sur cette université et sur l’institution universitaire en général, des militants d’inspiration totalitaire prônant la violence révolutionnaire contre un Occident fantasmé et contre Israël considéré comme son expression au Moyen-Orient. Cette mouvance islamo-wokiste qui a gagné aujourd’hui une position souvent dominante dans les milieux universitaires, de la recherche et de la culture n’hésite plus à interdire physiquement la libre expression d’un discours scientifique rationnel, comme le déroulement de débats contradictoires pacifiques.
Le fait que Fabrice Balanche comme d’autres chercheurs avant lui – Gilles Kepel, Bernard Rougier, Florence Bergeaud-Blackler eux aussi intimidés et menacés – traite de l’islamisme de façon critique et non apologétique et en démonte les mécanismes est évidemment un facteur aggravant pour la composante islamiste de cette mouvance islamogauchiste.
Après avoir investi les principales instances de décisions dans le recrutement des enseignants-chercheurs et des chercheurs, ce courant partisan d’une « science militante » qui se dit « critique », tolère, voire encourage, les « débordements » de ses éléments les plus agités, notamment parmi les étudiants.
Il ressort donc bien de la responsabilité de l’institution universitaire de s’engager pour un reflux de ce courant qui non seulement menace la liberté de l’enseignement, y compris physiquement, tous ceux qui ne partagent pas ses dogmes, mais qui est également délétère pour le niveau de l’enseignement et pour la robustesse de la recherche.
C’est pourquoi, au-delà de l’affirmation résolue du soutien à Fabrice Balanche, dont l’expertise sur le Moyen-Orient et tout particulièrement sur la Syrie est incontestable, tout en étant bien sûr susceptible d’être discutée de façon scientifique, les signataires de cette tribune demandent à la présidence de l’université Lyon-2, l’exclusion de l’université des manifestants étudiants si tant est qu’ils le sont, et attendent de sa part ainsi que de celle de Madame Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de se porter partie civile contre les agresseurs de Fabrice Balanche.
Signataires:
Gilbert Abergel, Président du Comité Laïcité et République
Florence Bergeaud-Blackler, Anthropologue, Chargée de recherche CNRS
Thierry Blin, Maître de conférences en sociologie (HDR) Université Montpellier III
Jean-Michel Blanquer, Professeur de Droit public président du Laboratoire de la République
Ivan Burel, Professeur agrégé, docteur en Histoire
Joseph Ciccolini, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier
Charles Coutel, Philosophe
Philippe de Lara, Maître de conférences honoraire à l’université Panthéon-Assas
Christophe de Voogd, Docteur en histoire, chercheur-associé à Sciences Po
Albert Doja, Professeur d’anthropologie Université de Lille
Frédéric Encel, Professeur de géopolitique
Jean-François Eliaou, Professeur d’Immunologie, Faculté de Médecine Université de Montpellier. Ancien député
Michel Fichant, Philosophe, Professeur émérite
Luc Ferry, Philosophe, ancien ministre de l’éducation nationale, de la recherche, de l’enseignement supérieur et de la jeunesse
Renée Fregosi, Philosophe et politologue Présidente du CECIEC
Marc Fryd Agrégé d’anglais, maître de conférences HDR Université de Poitiers
Violaine Géraud, Professeur de langue et littérature française Université Lyon3-Jean Moulin
Gilles Guglielmi, Professeur de droit public, Université Paris II Panthéon-Assas
Emmanuelle Hénin, Professeur de littérature comparée Sorbonne Université
Patrick Henriet, Directeur d’études École Pratique des Hautes Études
Nathalie Krikorian-Duronsoy, Historienne et philosophe
Michel Lalande, Préfet honoraire
Claire Laux, Professeur Science Pô Bordeaux
Franck Leprévost, Mathématicien et informaticien, Professeur à l’Université du Luxembourg
Céline Masson, Professeur des universités en psychopathologie clinique
Samuel Mayol, Maître de Conférences HDR
Gérard Mermet, PDG du Cabinet Francoscopie
Michel Messu, Professeur honoraire de sociologie
Leonardo Orlando, Chercheur en science politique
Carlos Pereira, Maître de conférences HDR Linguistique Université Sorbonne-Nouvelle
André Quaderi, Professeur Université Côte d’Azur
Mireille Quivy, Linguiste
Jacques Robert, Professeur émérite de cancérologie Université de Bordeaux
François Roudaut, Professeur des Universités
Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences
Bruno Sire, Professeur agrégé Sciences de gestion Université Toulouse Capitole
David Smadja, Professeur Hématologie Université Paris- Cité
Annick Schwebig, Présidente de Cell
Nathalie Sonnac, Professeure des Universités
Thierry Taboy, Expert Intelligence Artificielle
Pierre-Henri Tavoillot, Philosophe Sorbonne Université
Thibault Tellier, Professeur d’Histoire contemporaine, Sciences-Po Rennes
André Tiran, Professeur émérite Université Lyon 2
Vincent Tournier, Maître de conférences de science politique IEP Grenoble
Dominique Triaire, Professeur émérite de littérature française, Université de Montpellier
François Vazeille, Directeur de recherche émérite au LPC Clermont (CNRS/Université Clermont Auvergne)
Pierre Vermeren, Professeur d’Histoire Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Frédéric Wehrlé, Ancien haut fonctionnaire international
Caroline Yadan, Députée