Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas les positions de l’Observatoire du décolonialisme. Nous recensons sans commentaire des informations de nature diverse, des articles qui développent des analyses intéressantes aussi bien que des articles qui présentent des biais idéologiques.
>>> Suggérer un ajout à la revue de presse.
Mezetulle (site web), dimanche 7 mars 2021
«IEP Grenoble. À quoi sert le mot “islamophobie”? Halte à l’intimidation!», par Catherine Kintzler
À nouveau, l’accusation d’islamophobie frappe. Charb en faisait déjà l’analyse dans son livre posthume Lettre aux escrocs de l’islamophobie. Deux professeurs ont vu ces derniers jours leurs noms placardés sur les murs de l’IEP de Grenoble sous ce grief qui se veut infamant et par lequel un groupuscule tente, toute honte bue, de déclencher un mouvement qui s’apparente à un lynchage. Allons-nous encore longtemps laisser les lieux académiques livrés à de telles intimidations? Comme l’écrit l’historien Eric Anceau dans un tweet: «tout universitaire qui se respecte, et ce quelles que soient ses idées, devrait se sentir solidaire et soutenir ces deux collègues que je ne connais pas».
Le Monde (site web), dimanche 7 mars 2021
«À Sciences Po Grenoble, des accusations d’islamophobie contre deux professeurs et une enquête pour “injure publique”»
Des affiches anonymes accusant nommément les professeurs ont été collées à l’entrée de l’école. En plus de l’enquête judiciaire, le ministère de l’enseignement supérieur «prendra toute sa part afin d’apporter soutien à la direction».
France Culture, «Signes des temps» du dimanche 7 mars 2021
«Gainsbourg/gainsbarre: l’épine dans le pied de la nouvelle morale», par Marc Weitzmann
Serge Gainsbourg est mort le 2 mars 1991. Depuis «Les Sucettes» jusqu’à «La Marseillaise» version reggae, Signes des temps interroge la transgression et sa perception aujourd’hui. Extrait:
Dans les médias, à l’exception de Lio, qui l’a traité de harceleur et du site auféminin.com, l’unanimisme est de règle. Les Inrocks, l’Obs, Télérama, en particulier, autrement dit les chantres de la nouvelle morale intersectionnelle et féministe, se sont tous inclinés devant le chanteur misogyne, amoureux des nymphettes, jouant avec la perspective de l’inceste et la violence, et dont chacun sait que très peu voire aucun de ses albums ne pourrait sortir aujourd’hui, tant ils semblent avoir été écrits contre les temps conformistes et effrayés qui sont les nôtres. Notre époque si vertueuse s’ennuierait-elle elle-même?
20 Minutes (site web), dimanche 7 mars 2021
«Bicentenaire de la mort de Napoléon: Pourquoi les politiques se déchirent-ils autant sur l’Histoire et ses figures», par Thibaut Le Gal
CONTROVERSE La commémoration de la mort de Napoléon fait polémique, comme souvent avec l’Histoire de France
Causeur (site web), samedi 6 mars 2021
«La “cancel culture” c’est l’enrôlement de la jeunesse par L’Empire du Bien!», par Olivier Amiel
Une tribune de l’auteur de Voir le pire. «Afin de proposer une société nouvelle, les régimes totalitaires ont toujours eu comme ambition particulière d’imposer leur idéologie à la jeunesse.»
Generations Hip Hop Soul Radio (site web), samedi 6 mars 2021
«Eminem, annulé par les jeunes?»
Eminem pourrait bien être victime de la «cancel culture» américaine…
Le Temps (site web), samedi 6 mars 2021
«Rokhaya Diallo confronte la France à ses paradoxes», par Célia Héron
Hier encore, la journaliste française était présentée comme une activiste antiraciste «radicale», une machine à clashs dont les positions caricaturées offraient au web une source inespérée de polémiques. Aujourd’hui, elle est écoutée partout. Mais ne fait pas l’unanimité.
L’Express (site web), samedi 6 mars 2021
«Théories sur le genre ou la race, “wokisme”… Tout comprendre à la nouvelle bataille culturelle», par Laurent Duvoux
Ces disciplines venues des États-Unis provoquent des remous au sein de l’université française et alimentent un nouveau militantisme radical. Si vous voulez comprendre ce qui se joue et comment cela touche notre société, lisez notre grand dossier.
Profession Spectacle (site web), samedi 6 mars 2021
«La couleur de peau qui déplace la colline à gravir», par Pascal Adam
Où notre idiotique chroniqueur amusé s’appuie sur la polémique relative à la traduction des poèmes d’Amanda Gorman pour prédire que tout va aller en s’arrangeant, c’est certain, il n’y a pas besoin de bouger son cul pour arrêter le crétinisme éveillé (woke). Extrait:
J’espère surtout, afin de réduire le nombre de livres publiés, que sur un modèle similaire, seul des traducteurs morts pourront désormais traduire des auteurs morts.
Pour des lecteurs morts, de préférence.
Huffington Post (site web), samedi 6 mars 2021
«Les conseils de Lexie, militante trans, pour s’adresser correctement à une personne trans», par Esther Suraud
La transphobie peut se cacher derrière des maladresses involontaires. Lexie partage son expérience de femme transgenre au travers de son compte Instagram «Agressively_trans».
Le Journal du Centre (site web), samedi 6 mars 2021
«Pascal Ory, nouvel Académicien, habitant de Chartres: “On a tous besoin de symboles”»
Il occupe, depuis jeudi 4 mars, le fauteuil numéro 32 de l’Académie française, à la place de l’écrivain François Weyergans. Pascal Ory, pionnier de l’histoire culturelle, livre ses premières impressions sur cette nouvelle vie qui s’ouvre devant lui. Extrait:
On atteint un paroxysme avec ceux qui déboulonnent des statues. Ils disent que Colbert, c’est le Code noir. Mais Colbert, c’était dix mille choses, dont le Code noir. Si on le déboulonne, alors il faut tout enlever. Si le critère, c’est l’esclavage, il faut effacer toutes les sociétés de l’Antiquité. La «cancel culture» est absurde, car nous sommes tous déterminés par notre passé. Je préfère la pédagogie au vandalisme.
Les Affaires (site web), samedi 6 mars 2021
«La “cancel culture” n’épargnera pas les entreprises», par François Normand
ANALYSE ÉCONOMIQUE — Originaire des États-Unis, la «cancel culture» a d’abord fait son apparition au Canada dans l’industrie culturelle et dans les universités. Et comme chez nos voisins américains, elle s’étendra de plus en plus aux entreprises — surtout les grandes — qui devront trouver la réponse appropriée à ce militantisme socioculturel. Extrait:
«Notre approche consiste à dire: préparez-vous avant que cela ne vous arrive», m’a expliqué cette semaine André Pratte, directeur principal de Navigator, une firme canadienne spécialisée en gestion d’enjeux et de communication stratégique, et ancien sénateur et éditorialiste à La Presse.
Marianne (site web), samedi 6 mars 2021
«Accusations d’islamophobie à Sciences Po Grenoble: une enquête ouverte», par Hadrien Brachet
Les noms de deux professeurs de Sciences Po Grenoble accusés d’islamophobie ont été placardés devant l’établissement le 4 mars. Le procureur de Grenoble indique qu’il ouvre une enquête pour dégradation et injure publique.
Le Monde (site web), vendredi 5 mars 2021
«Le retrait de livres du Dr. Seuss, monstre sacré de la littérature enfantine, déchaîne les passions aux États-Unis», par Gilles Paris
La société qui gère le patrimoine de l’auteur est accusée de sacrifier à la «cancel culture» depuis qu’elle a annoncé le retrait de six ouvrages contenant des stéréotypes raciaux.
Actualitté (site web), vendredi 5 mars 2021
«Seuss, le vivre-ensemble et la cancel culture», entretien avec Stephen Carrière
Cesser la commercialisation de livres du Dr Seuss, accusés de véhiculer un «racisme infect» par certains commentateurs, voilà qui donne à réfléchir. Les ouvrages jeunesse de l’Américain n’ont pas connu en France le succès d’outre-Atlantique. Pourtant, leur traducteur français s’inquiète, à plus d’un titre, de ces comportements. D’autant que Stephen Carrière, qui a traduit une dizaine d’oeuvres de Seuss, est également éditeur, directeur des éditions Anne Carrière. Il nous répond. Extrait:
– À quand des vagues de cancel culture dans l’édition en France?
– Stephen Carrière: La cancel culture a, je pense, démarré en France le jour où une pétition Facebook ignominieuse a demandé le retrait du livre On a chopé la puberté et l’a obtenu dans la plus grande indifférence.
Le grand combat bien sûr c’est d’essayer de conserver un front progressiste contre une doxa qui se prétend de gauche mais n’est qu’un faux nez d’une pensée autoritariste, narcissique et paresseuse.
De quoi ai-je peur? De quatre fléaux qui selon moi peuvent faire des dégâts considérables dans l’édition et durablement dégrader notre rapport à la culture: les triggers warnings, les sensitivity readers, le concept d’appropriation culturelle et l’écriture inclusive.
L’écriture inclusive me paraît être une arme de destruction massive de notre plus beau bien commun, notre langage – une prédatrice de toute aspiration à vivre ensemble.
J’adorerais que les éditeurs, les libraires et les bibliothécaires mènent ensemble ces combats, mais d’une part, il ne m’appartient pas de parler en leur nom, et de l’autre j’en connais qui ne souscrivent pas à mon discours.
Selon moi, une société qui a pour aspiration de vivre ensemble a besoin d’une chaîne du livre ayant à cœur, dans la mesure des limites établies par la loi, d’offrir une diversité d’opinions, de sensibilités et de pensées, par la lecture. Le fossoyeur de cet idéal a un nom: la cancel culture. On reconnaît ses bûchers à ce qu’ils ne produisent que de la fumée et jamais de lumière.
Terrafemina (site web), vendredi 5 mars 2021
«Le déclic féministe de l’autrice Fania Noël», par Catherine Rochon
Elles sont féministes, viscéralement engagées. Et elles donnent de la voix pour faire bouger les lignes. En amont du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous avons questionné ces penseuses et militantes sur leur cheminement et les œuvres qui ont jalonné leur parcours. Voici le déclic de l’autrice afroféministe Fania Noël. Extrait:
– Quelles sont vos meilleures répliques pour contrer les habituels arguments antiféministes […]?
– F.N.: Je pense que cela dépend d’où viennent ces arguments. Si c’est un homme je ne cherche pas à le convaincre. Par contre, en tant qu’afroféministe, mon enjeu est de convaincre les femmes noires […].
La Rotonde (site web), vendredi 5 mars 2021
«Comprendre le lien entre racisme et santé mentale», entretien avec Monnica Williams
Professeure de psychologie à l’Université d’Ottawa (U d’O), Monnica Williams s’est beaucoup intéressée à la thérapie transculturelle. En tant que titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les disparités en matière de santé mentale, elle décrit ses recherches dans le domaine, et propose des mesures pour aider les communautés minoritaires sur le campus. Extrait:
– Est-ce qu’une connaissance du passé et de l’histoire colonialiste peut être quelque chose de traumatisant? […]
– Oui, étudier le passé peut être traumatisant, mais mettre en lumière des personnes qui ont milité contre le racisme envers les personnes autochtones, noir.e.s et de couleur est une façon d’insuffler un aspect positif à notre histoire.
Profession Spectacle (site web), vendredi 5 mars 2021
«Racialisme: le traducteur français de Marieke Lucas Rijneveld exprime sa stupéfaction»
Daniel Cunin, traducteur de poèmes et du premier roman de Marieke Lucas Rijneveld, s’insurge contre la polémique qui secoue le monde éditorial batave et – désormais – européen. Devant le peu de profondeur de la plupart des articles publiés dans le monde francophone, il prend pour la première fois la parole, en exclusivité dans Profession Spectacle.
Lieux communs (site web), vendredi 5 mars 2021
«Gare à l’écologie (dé)coloniale!»
Islamistes, communautaristes, (anti-)indigénistes, racialistes, intersectionnels…
Le Monde (site web), vendredi 5 mars 2021
«Avec “La Déferlante”, les féminismes ont désormais leur “mook”», par Aude Dassonville
Fondé par quatre journalistes, ce magazine trimestriel vendu en librairie ambitionne d’être «la revue des révolutions féministes». Extrait:
Mais La Déferlante défend «une ligne éditoriale intersectionnelle, précise l’ancienne journaliste de L’Humanité. Nous voulons croiser les regards sur les oppressions liées au système patriarcal par trois biais: le genre, la race et la classe sociale.»
La réalisatrice Amandine Gay, née sous X et adoptée, apporte ainsi son « regard critique, féministe et décolonial » sur l’adoption, tandis que l’autrice et directrice artistique Adèle Orain fait le récit de sa transition de genre. L’écriture des articles est inclusive, et contrairement à la règle de grammaire que l’on enseigne encore à l’école , le masculin ne l’emporte pas sur le féminin; c’est l’accord de proximité s’impose.
France Culture, «Affaires en cours» du vendredi 5 mars 2021
«La traduction est le lieu de l’altérité», par Valérie Zenatti
Un traducteur doit-il être semblable à l’auteur qu’il traduit? Suite à la contestation du choix de la traductrice néerlandaise de la poétesse américaine Amanda Gorman, la traductrice Valérie Zenatti exprime au micro de Marie Sorbier son point de vue sur l’essence de la traduction.
L’Express (site web), vendredi 5 mars 2021
«L’affaire Amanda Gorman ou “le retour de la discrimination raciale dans les belles-lettres”», par Jean Szlamowicz
Pour le linguiste Jean Szlamowicz, la polémique suscitée par le choix d’une traductrice blanche pour la poétesse afro-américaine est une «abominable régression identitaire».
Atlantico (site web), vendredi 5 mars 2021
«“Islamo-gauchisme” et “islamosphère”: l’alliance néo-totalitaire anti-occidentale qui fait le lit des Frères musulmans», par Alexandre del Valle
L’expression «islamo-gauchistes», bien qu’étant fortement polémique, n’en désigne par moins une réalité indéniable: celle d’une alliance entre des forces islamistes subversives et des intellectuels, journalistes, militants ou responsables politiques qui refusent de dénoncer l’islamisme radical sous prétexte de ne pas «stigmatiser l’Islam», en réalité parce que ce dernier est perçu comme un allié face aux ennemis communs: l’Occident judéo-chrétien, le sionisme, les États-Unis, le nationalisme, les démocraties libérales.
Bastamag (site web), vendredi 5 mars 2021
«Race, racisme, racisé, privilège blanc, indigéniste… Comprendre ce qui se cache derrière les mots», par Ivan du Roy
Dans un contexte politique tendu jusqu’à l’absurde par des crispations identitaires et les obscures accusations d’«islamo-gauchisme», il est plus que nécessaire de redonner un sens précis à des concepts souvent mal employés. Entretien éclairant avec la sociologue Sarah Mazouz.
Les Influences (site web), vendredi 5 mars 2021
«Aujourd’hui, il faudrait parler d’islamo-décolonialisme», entretien avec Pierre-André Taguieff par Emmanuel Lemieux
C’est par ce philosophe et historien des idées que les polémiques ont démarré il y a quelques semaines: Pierre-André Taguieff avait forgé, en 2000, le concept d’islamo-gauchisme, repris à son compte par la ministre de l’Enseignement supérieur qui y voit une emprise dangereuse sur les sciences sociales à l’université et dans la recherche. Dans cet entretien, il retrace la biographie de son idée, de ses transformations et pointe les dérives de l’extrême gauche mais aussi des anti islamo-gauchistes.
The New York Times (site web), vendredi 5 mars 2021
«Is This the End of French Intellectual Life?», par Christopher Caldwell
The country’s culture of argument has come under the sway of a more ideological, more identity-focused model imported from the United States.
France Culture, «Le Tour du monde des idées» du jeudi 4 mars 2021
«Commencer par se mettre au clair avec soi-même avant de prétendre changer le monde», par Brice Couturier
Le psychologue star Jordan B. Peterson revient d’une cure de désintoxication avec un nouvel livre de conseils. Le simple sens commun est-il devenu une forme de réaction conservatrice aux délires de notre époque?
Diapason (site web), jeudi 4 mars 2021
«Debussy censuré à New York», par François Laurent
La «cancel culture» a encore frappé. «Le Petit nègre» et le «Golliwogg’s Cakewalk» de Claude de France ont tout simplement été interdits dans une école de musique américaine.
Le Figaro (site web), jeudi 4 mars 2021
«Le décolonialisme veut faire taire ses adversaires en se déguisant en science», par Xavier-Laurent Salvador
TRIBUNE – Pour Xavier-Laurent Salvador, maître de conférences à l’université Paris-13, on assiste à un phénomène inquiétant à l’université: récusant la neutralité axiologique, des chercheurs mêlent témoignages personnels et militantisme dans des thèses qu’ils présentent pourtant comme «scientifiques».
Le Monde (site web), jeudi 4 mars
«Islamo-gauchisme: “Nous ne pouvons manquer de souligner la résonance avec les plus sombres moments de l’histoire française”»
Près de 200 universitaires du monde anglophone, parmi lesquels Arjun Appadurai, Judith Butler, Frederick Cooper et Ann Stoler, et plusieurs organisations universitaires dénoncent la «chasse aux sorcières» menée par la ministre Frédérique Vidal.
98.5 FM Montréal, jeudi 4 mars 2021
«Un cours à l’UQAM tourne mal… en visioconférence», par Sabrina Rivet
Un cours universitaire de l’UQAM a tourné au vinaigre il y a une semaine, un cours d’anatomie auquel assistaient plusieurs étudiants en visioconférence. Extrait:
La chroniqueuse du 98.5 Sabrina Rivet raconte ce qui s’est passé alors que la professeure de biologie expliquait l’influence des chromosomes, les hormones, les cellules et les organes qui sont propres à un genre, donc soit à l’homme ou à la femme. Elle disait que tous ces aspects pouvaient influencer l’identité d’une personne et son orientation sexuelle.
Une étudiante a interrompu la classe pour donner son point de vue sur la matière; elle disait être mal à l’aise par rapport au contenu. La jeune fille avançait que l’identité de genre et que l’orientation sexuelle n’avaient pas d’origine biologique et que c’était des construits sociaux, que ça ne viendrait pas de l’intérieur de nous.
Plusieurs étudiants ont décrit la scène comme étant une confrontation; l’étudiante tutoyait carrément la prof (…) Après 20 minutes de débats envenimés en classe, la prof a décrété une pause et ensuite le retour a été très difficile. Pour l’instant, on ne sait pas encore si l’étudiante en question a porté plainte dans cette affaire.
Libération (site web), jeudi 4 mars 2021
«Pour en finir avec le décolonialisme à l’université: la méthode Mobutu», chronique historique de Guillaume Lachenal
Du président de la république du Zaïre à Frédérique Vidal, le verbe obscène et absurde reconfigure la réalité dans laquelle les antiracistes deviennent racistes et les décoloniaux esclavagistes.
Facebook d’André Markowicz, jeudi 4 mars 2021
«Les affaires hollandaises, notes d’un traducteur», par André Markowicz
(à retrouver aussi ici) Extraits:
Et que se passera-t-il si Amanda Gorman est traduite, je ne sais pas, en chinois, ou en japonais, ou en russe? Il faudrait quoi, chercher une chinoise noire qui aurait été dyslexique dans son enfance?…
Cette idéologie de l’atomisation de l’humanité selon la couleur de la peau, qui veut qu’un, qu’une, noir, noire, (je suis inclusif) ne puisse être compris que par un, une, noir, noire est le contraire absolu de la traduction, qui est, d’abord et avant tout, le partage et l’empathie pour l’autre, pour ce qui n’est pas soi: ce que j’appelle la «reconnaissance».
Mais il y a pire, dans cette triste histoire. C’est la réaction de la traductrice pressentie, et, surtout, celle de l’éditeur. — L’éditeur, tout de suite, s’est excusé, et la traductrice s’est effacée. L’éditeur, comme un enfant en faute, a précisé qu’il avait «beaucoup appris», et qu’à l’avenir il ferait davantage attention. Les deux, autrice et éditeur, assurant dans des communiqués qu’ils étaient animés des meilleures intentions du monde et qu’ils étaient pour une société inclusive. Et l’éditeur est aujourd’hui en quête d’une équipe, donc, inclusive, visiblement de jeunes traductrices noires, pour mieux rendre compte du vécu de l’autrice américaine. C’est-à-dire qu’ils ont cédé à la première pression, en demandant pardon, alors qu’ils n’étaient menacés par rien, que leur intégrité physique était totale, et que, dans le message — raciste sur le fond — de Janice Deul, il n’y avait aucune menace. Ils ont cédé à l’appel au climat général, qui est proche d’un climat de terreur — à la repentance. Ils ont eu honte. Pas de ce qu’ils avaient fait. Mais de ce qu’ils étaient. De leur culpabilité ontologique d’être nés blancs. Car nous sommes désormais dans cette culpabilité-là. La culpabilité en tant que nous sommes nés de telle ou telle couleur. Nous y sommes revenus, disons ça.
Le Point (site web), jeudi 4 mars 2021
«L’idée qu’il faille être noir pour traduire un Noir est terrifiante», entretien avec René Ceccatty
L’écrivain et éditeur René de Ceccatty réagit à l’affaire de la traduction d’Amanda Gorman aux Pays-Bas en s’opposant à toute forme de critères idéologiques.
ULaval Nouvelles (site web), mercredi 3 mars 2021
«Une liberté d’expression cruciale»
L’Université Laval dépose son Énoncé sur la protection et la valorisation de la liberté d’expression
ULaval Nouvelles (site web), mercredi 3 mars 2021
«Offrir un environnement propice aux échanges d’idées, même celles controversées»
L’Université se dote d’un énoncé sur la valorisation et la protection de la liberté d’expression
Les Influences (site web), mercredi 3 mars 2021
«Paris 8: apprendre à rédiger une offre d’emploi en intersectionnel postcolonial», par Emmanuel Lemieux
D’ordinaire, c’est le genre de petite annonce universitaire qui passe inaperçue. Mais depuis que la ministre de l’Enseignement supérieur réclame une enquête sociologique sur les savoirs favorisant l’épanouissement d’un «islamo-gauchisme» à l’université, les documents écrits en novlangue inclusive, intersectionnelle et postcoloniale, provoquent une certaine électricité sociale.
Mediapart (blog de Didier Martz), mercredi 3 mars 2021
«Islamo, judéo, christiano-gauchisme», par Didier Martz
Pour un islamo-gauchisme révolutionnaire inspiré d’une théorie de la libération à l’instar des chrétiens d’Amérique latine.
Le Journal de Montréal (site web), mercredi 3 mars 2021
«Racisme 2.0», par Sylvain-Claude Filion
Chaque jour, le gouffre racialiste s’élargit. Après des décennies, voire presque un siècle, à prêcher qu’il n’y a qu’une seule race — la race humaine —, des trublions obsédés par la recherche de la petite bête s’activent à instaurer ce que je nommerai le compartimentalisme: les Blancs avec les Blancs; les Noirs avec les Noirs; les Autochtones avec les Autochtones. Chacun chez soi.
Le Droit de Vivre (site web), mercredi 3 mars 2021
«Sondage exclusif. Les lycéens d’aujourd’hui sont-ils “Paty”?»
«Droit au blasphème», laïcité, liberté d’enseignement… Une enquête Le DDV / Ifop / Licra auprès des lycéens sur la laïcité et la place des religions à l’École et dans la société.
IFOP (site web), mercredi 3 mars 2021
«“Droit au blasphème”, laïcité, liberté d’enseignement… Les lycéens d’aujourd’hui sont-ils “Paty”?»
Enquête auprès des lycéens sur la laïcité et la place des religions à l’école et dans la société
À l’occasion d’un numéro spécial consacré à la laïcité, le magazine de la LICRA Droit de Vivre a commandé à l’Ifop une enquête permettant de mieux cerner la place que les lycéens accordent aujourd’hui à la religion, le sens qu’ils donnent à la laïcité dans l’enceinte scolaire mais aussi leur point de vue sur le droit de «blasphémer» à la manière d’un journal satirique comme Charlie Hebdo.
Pour cela, l’Ifop a mis en place un dispositif d’étude d’envergure permettant de mesurer la spécificité de la population lycéenne sur ces sujets – à travers des indicateurs offrant des comparaisons avec le point de vue de l’ensemble des Français majeurs – mais aussi d’analyser certaines variables pouvant influencer leur rapport à la laïcité comme leur affiliation religieuse, leur degré de religiosité ou leur évolution dans certains contextes scolaires (ex : éducation prioritaire, enseignement professionnel). Au regard de cette enquête menée auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de lycéens – constitué à partir des dernières données ministérielles (RERS 2020) –, la population scolarisée dans le second cycle du second degré apparaît imprégnée d’une vision très « inclusive » de la laïcité dans laquelle celle-ci est réduite au principe de neutralité de l’État tout en étant associée à une grande tolérance à l’égard des manifestations de religiosité dans l’espace scolaire (ex : voile).
Ces jeunes, et tout particulièrement les lycéens musulmans et/ou scolarisés dans les zones d’éducation prioritaire (REP), se distinguent aussi par leur hostilité à toute critique susceptible de heurter la susceptibilité des minorités.
Le Nouvel Obs (site web), mardi 2 mars 2021
«Gauchisto-islamisme», par Pierre Jourde
Écrivain, professeur d’université et critique littéraire, Pierre Jourde se pose ici quelques questions. Extrait:
La seule chose qui leur importe, c’est de ne pas dire ce qui fait problème.
Acrimed (site web), mardi 2 mars 2021
«L’université menacée par “l’islamo-gauchisme”? Une cabale médiatique bien rodée», par Nicolas Roux et Pauline Perrenot
Problème public numéro un à l’université? Depuis les déclarations de la ministre Frédérique Vidal face à Jean-Pierre Elkabbach autour des «universités en proie à « l’islamo-gauchisme »» (un des thèmes de «l’interview-tribune» de CNews), et ses velléités de commander une enquête sur le prétendu phénomène dans les facultés françaises, le sujet est traité partout dans les grands médias. Énième illustration de la capacité de ces derniers à co-construire un problème public en grossissant et déformant les faits convoqués en plus de balayer les positions du CNRS d’un revers de main, l’épisode nous invite à nous repencher sur une précédente séquence, ayant largement labouré le terrain de la cabale politico-médiatique actuelle: le «Manifeste des 100» publié dans Le Monde en octobre 2020, et pour ce qui concerne Acrimed, ses dites «preuves à l’appui», composées majoritairement d’articles de presse.
Le Monde (site web), mardi 2 mars 2021
«Mystérieuse modification d’une fiche de poste de l’université Paris-Est Créteil», par Soazig Le Nevé
Les mots «discriminations ethnoraciales», «inégalités de sexe, de sexualité ou de classe» ont disparu du descriptif d’une fiche de poste d’enseignant-chercheur publiée sur le site du ministère.
Le Monde (site web), mardi 2 mars 2021
«“Islamo-gauchisme” à l’université: “Le concept de ‘privilège blanc’ n’est pas sans pertinence”», par Alain Policar
Parler de «dévoiement militant» à propos des études sur le décolonialisme ou des recherches croisant race et classe sociale dans les universités françaises constitue une analyse à courte vue, estime le sociologue Alain Policar.
Conspiracy Watch (site web), mardi 2 mars 2021
«On ne choisit pas sans conséquence la stratégie de la tension», entretien avec Marc Weitzmann
L’université est-elle menacée par un nouveau maccarthysme? L’islamisme est-il un populisme? Philip Roth avait-il tout prévu? Les réponses de Marc Weitzmann, auteur de Un temps pour haïr. Extrait:
À partir du moment où les critères de validation intellectuelle sont pervertis, n’importe quoi peut arriver. La gauche a beau jeu ensuite de venir expliquer que tous ces mots [«islamo-gauchiste», «cancel culture»…] appartiennent au vocabulaire de l’extrême-droite. En réalité, ce qui se passe, c’est que la dégradation du vocabulaire politique a atteint un point que même Orwell n’avait pas envisagé: celui du déni de ce que l’on est en train de dire au moment où on le dit. Ce négationnisme de soi-même, si j’ose dire, est la grande nouveauté de la gauche, dont l’incohérence à chaque pas est si flagrante qu’elle n’a pas d’autre choix que de nier ce qu’elle professe. Ce ne sont bien sûr pas les gauchistes qui ont inventé le terme d’«islamo-gauchiste», mais ils ont inventé celui de «racialisé» pour dire que la race n’existe pas, comme ils ont inventé les études du genre tout en disant que la théorie du genre n’existe pas, etc. On peut décliner ça à l’infini. Le résultat est qu’il est impossible de désigner clairement ce que par facilité de langage on appelle «les islamo-gauchistes», «les décoloniaux», les «intersectionnalistes», termes flous mais qui renvoient à la manière non moins floue dont ces gens se désignent.
On a affaire à un courant intellectuel dans le constant déni de sa propre existence. Il y a plusieurs raisons à ça mais l’une, je crois, c’est l’anti-intellectualisme dont je parlais tout-à-l’heure aux USA et qui, lui, s’exporte assez bien depuis vingt ans. À partir du moment où l’on considère, dans la foulée d’un Foucault plus ou moins bien compris, que toute connaissance est entachée d’un rapport au pouvoir, et que tout pouvoir est suspect, on se trouve obligé de nier le savoir dont on se prévaut pour faire autorité et, en même temps, ce savoir ne sert plus qu’à exercer du pouvoir. Et ce que je crois comprendre de l’atmosphère des facs française où les décoloniaux ont de l’influence, c’est que l’atmosphère y est détestable, les pressions constantes, et la lutte pour le pouvoir incessante. Les «intellectuels» de ce courant que j’ai invité à Signes des Temps se sont aussi tous distingués par leur seul talent qui consiste à hurler et tenir le micro aussi longtemps qu’il est humainement possible.
Les universités étaient autrefois des lieux de dialogue; c’est fini. Et le problème, bien sûr, c’est que, une fois que vous avez déconsidéré tous les critères de validation intellectuelle au nom de la critique du pouvoir, le vrai pouvoir a beau jeu de faire valoir sa force au détriment de l’intellect. Je veux dire par là: qu’est-ce qui empêche le gouvernement de mettre en place une politique «scientifique» de la pensée, dès lors que, vous-même, comme intellectuel, avez validé l’idée que votre «science» est au service de votre engagement idéologique? Oui, il se pourrait qu’il y ait un nouveau maccarthysme, mais: la faute à qui? Qui a commencé à exclure? Soudainement, des gens comme Geoffroy de Lagasnerie ou d’autres, qui sont payés par l’État pour cracher sur l’État, réalisent qu’on pourrait soudainement leur retirer leur bac à sable révolutionnaire. La gauche passe son temps à dire «il n’y a que des rapports de pouvoir» avant de pleurer quand le pouvoir se manifeste. Mais dès lors que vous détruisez les conditions du dialogue au prétexte que les dés sont pipés et le système corrompu, il ne faut pas venir pleurer quand le pouvoir en fait autant. On ne choisit pas sans conséquence la stratégie de la tension.
France Culture, «Le Tour du monde des idées» du mardi 2 mars 2021
«Dans quels termes Macron va-t-il célébrer le 200e anniversaire de la mort de Napoléon?», par Brice Couturier
Un journaliste anglais lui souffle quelques idées: l’empereur était «quelque chose de complexe»…
Le Droit de Vivre (site web), mardi 2 mars 2021
«Le “racisme institutionnel”, “structurel” ou “systémique”: portée et limites d’un modèle critique», par Pierre-André Taguieff
Les États-Unis apparaissent comme le berceau d’une série de concepts-clés que transposent en France les militants de l’antiracisme politique. Retour, à travers le concept de «racisme institutionnel», sur une matrice intellectuelle et militante.
L’Opinion (site web), mardi 2 mars 2021
«L’expression “islamo-gauchisme” brouille les idées», tribune de Jean-Pierre Chevènement
«Il est temps de siffler la fin de la déconstruction, à la fois celle de la France et celle de la République. La France doit assumer son histoire, mais sans se renier.»
Marianne (site web), lundi 1er mars 2021
«Didier Eribon et Eric Fassin, de profs d’université à censeurs», par Bruno Rieth , Kévin Boucaud-Victoire et Paul Conge
Depuis une dizaine d’années, les sciences humaines sont devenues un champ de bataille idéologique autour de la place donnée aux études de genre et de race. Un débat marqué par des cabales, anathèmes et excommunions à répétition. Aux origines de ce mouvement qui se vit comme une révolution, les intellectuels Eric Fassin et Didier Eribon.
bariweiss.substack.com (site web), lundi 1er mars 2021
«There Is No Such Thing as “White” Math», par Sergiu Klainerman
I naively believed that STEM would be spared from the ideological takeover. I was wrong, says Princeton professor Sergiu Klainerman. Extrait:
When it comes to education, I believe the woke ideology is even more harmful than old-fashioned communism. […] The woke ideology, on the other hand, treats both science and mathematics as social constructs and condemns the way they are practiced, in research and teaching, as manifestations of white supremacy, euro-centrism, and post-colonialism.
CSPI (site web), lundi 1er mars 2021
«Academic Freedom in Crisis: Punishment, Political Discrimination, and Self-Censorship»
Rapport sur les libertés académiques aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne
The Conversation (site web), lundi 1er mars 2021
«Enquêter sur les sciences sociales à l’université: comment sortir des polémiques sur l’“islamo-gauchisme”?», par Michel Wieviorka
Avec l’«islamo-gauchisme», le débat public tourne à la polémique embrouillée, et à la controverse bien peu scientifique. Ne pourrait-on pas aborder les choses autrement, et adosser la réflexion et les prises de position sur des connaissances rigoureuses et des informations précises? Cela ne vaudrait-il pas mieux que les déclarations politiciennes et les pétitions à répétition où l’on se compte par dizaines ou par centaines et au fil desquelles deux camps s’affirment sans réellement débattre? Extrait:
L’enquête devrait être pilotée par une commission internationale incontestable. Cela permettrait de surcroît au pouvoir de répondre à des inquiétudes au sein de la communauté universitaire qui débouchent, non sans quelque raison jusqu’ici, sur un parallèle avec la Hongrie de Viktor Orban, où les libertés universitaires sont gravement aliénées.
France Culture, «Le Tour du monde des idées» du lundi 1er mars 2021
«Race, classe et pouvoir dans un collège élitiste et féminin du Massachusetts», par Brice Couturier
Une étudiante lance une accusation publique de racisme contre des employés de son collège. Accusation infondée, mais vies professionnelles brisées. Où est le «privilège»?