Les disciplines universitaires classiques comme la sociologie ou l’anthropologie, dont la raison d’être est de décortiquer tous les aspects du phénomène qui est étudié, ont été remplacées par des « études » : études de race, études de genre, études coloniales, etc., et même « études de gras » (fat studies), qui ne font que répéter à l’infini les mêmes antiennes de victimisation des « opprimés », de suprémacisme exercé par le patriarcat blanc sur les Noirs, les femmes, les transgenres, les colonisés, les handicapés, les gros et autres catégories de personnes dont la richesse ontologique est niée par cet essentialisme qui ne considère qu’une facette de leur identité réelle. Mais fort heureusement, les mouvements de libération des sexes sont là pour lutter contre cet odieux conformisme. Deux exemples tirés des annonces que l’on trouve sur les sites universitaires.
Un laboratoire junior LGBTI (+ si affinités)
Je n’invente rien : il existe bien un « laboratoire junior LGBTI+ » à l’université Jean-Jaurès à Toulouse1. Jaurès, réveille-toi : ils sont devenus fous ! Ce laboratoire organise un colloque en décembre2, soutenu par divers organismes publics. Étonnamment, il manque un Q à son libellé…
J’avoue avoir l’intention de soumettre un résumé afin de présenter ma transition personnelle vers un âge correspondant à mon ressenti profond : « Quinze ans ! ô Juliette ! l’âge de Roméo ! » Je ne suis pas certain que les transitions d’âge ne soient pas aussi bien perçues par ces « juniors » LGBTI+ que les transitions de genre, hélas ! Et en plus, je n’ai pas de compte sur TikTok, ce qui est sûrement rédhibitoire à leurs yeux. Ne seraient-ils pas quelque peu gérontophobes ?
Une direction imprévisible de l’érotisme dans les métiers de la science politique
C’est une autre équipe toulousaine qui nous annonce le webinaire d’un maître de conférences nantais, Marc Jahjah, ainsi libellé : « De l’auto-ethnographie du racisme sexuel à l’activisme intellectuel : enquêter et intervenir en scientifique queer de couleur ». Ce titre m’a laissé rêveur… C’est comme pour les photos : y aurait-il des queers « noir et blanc » et des queers « de couleur » ? Quelle couleur ? on n’en sait rien. Il faut dire que l’autoprésentation de ce Jahjah est passionnante : il nous dit qu’il « enquête sur le racisme sexuel dans les contextes gays, initialement à partir de [son] expérience et maintenant à partir d’autres terrains (pornographie amateure interraciale en ligne) ».
Je n’invente rien : ce garçon est donc payé par l’État pour mater des vidéos pornos intersexionnelles. Et nous faire part de ses fantasmes : le titre d’un de ses articles est le suivant : « “Rebeu dominateur pour blanc soumis” : les catégories raciales dans le web gay contemporain ». Ah ! Si ç’avait été « Blanc dominateur pour Arabe soumis », que n’aurions-nous pas entendu des bonnes âmes qui y auraient vu la marque du patriarcat de l’homme-blanc-homosexuel-de-moins-de-cinquante-ans (changeons un peu, pour une fois ! Sortons des clichés…). Parmi les titres des autres articles de ce Jahjah bien gouleyant, il est question de la « direction imprévisible de l’érotisme », ce qui m’a fait penser – puisqu’on est, comme nous le verrons bientôt, dans la science politique – à ce sénateur vendéen de la IVe République qui s’appelait Coudé du Foresto.
Il y a aussi le mot « scientifique » dans le titre de son webinaire3 : on peut être à la fois un queer de couleur et un scientifique, cela ne me gêne pas. Mais ce ne peut pas être en tant que queer de couleur qu’on fait de la science ! Je suis à la fois blanc, père de famille et scientifique, mais ce n’est pas en tant que blanc et père de famille que je fais de la science. Dans les deux cas, c’est en tant qu’êtres pensants et instruits (et accessoirement universitaires reconnus et appointés) que lui et moi faisons de la science. Et si un sociologue étudie la place et le rôle des pères de famille blancs4 ou des queers de couleur dans la production de la science, il doit faire abstraction de sa situation personnelle. Heureusement, notre Jahjah se rend compte quand même qu’il n’est pas scientifique, malgré le titre de son exposé, car il nous dit qu’il cherche à « se prémunir des risques d’une prise de parole au-delà du cadre scientifique ». Et cela, nous dit-il, « à un moment où les sciences sociales sont de plus en plus attaquées par les politiques conservateurs ». Arrrgh ! Je sens la main de la droite – que dis-je, de l’extrême droite – dans la réprobation dont il essaie de se prémunir…
Précisons que cet auteur prolifique est maître de conférence en littératures antiques et modernes… Voilà bien la modernité littéraire : une professeur de lettres à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Tiphaine Samoyault, a banni Balzac, au motif que « certains de ces textes portent des valeurs qui ne sont plus celles d’aujourd’hui5 ». Il est certain que les « valeurs d’aujourd’hui » sont présentes sur les YouTubes de la « pornographie amateure interraciale en ligne » plus que sur les rayonnages poussiéreux des bibliothèques.
Quant à l’équipe qui annonce ainsi la bonne nouvelle de ce webinaire, c’est « l’Association Nationale des Candidat·e·s aux Métiers de la Science Politique (ANCMSP) ». On se souvient qu’un valeureux candidat potentiel à la Mairie de Paris s’était désisté6 après avoir pratiqué lui-même la pornographie amateure en ligne, mais il est vrai qu’elle n’était ni gay, ni interraciale… Vers quels chemins détournés s’oriente la science politique ? Vous le saurez si vous adhérez à cette association, qui « vit de l’ardeur de ses membres actifs » comme les bordels, en somme. Mais vous noterez qu’elle pratique une discrimination à l’égard de ses membres passifs (seraient-ils dépourvus d’ardeur ?), et c’est là une chose à signaler au Défenseur des droits.