Alain Policar : « Universaliste, je le suis depuis les débuts de ma vie intellectuelle »

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Alain Policar : « Universaliste, je le suis depuis les débuts de ma vie intellectuelle »

Read More  Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a nommé le 13 avril, cinq nouveaux membres au Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République (plus un sixième, peu de temps après). L’intention, de toute évidence, était de diversifier les points de vue sur une question se prêtant à une forte pluralité interprétative. Qui, d’un point de vue démocratique, pourrait le regretter ? Il était, dès lors, difficile d’imaginer les remous que, pour l’essentiel, ma nomination a provoqués. Au-delà de ma personne, l’acharnement à transformer mes positions pour mieux les condamner inquiète sur l’état du débat public. On ne peut, bien évidemment, nier que ma conception de la laïcité soit sensiblement différente de celle de la majorité des membres du conseil, installé en 2018 par Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation nationale. Néanmoins, dans mon esprit, cette différence relève de ce que l’on a coutume de nommer des « désaccords raisonnables », ceux qui portent non sur les principes, mais sur la hiérarchie, révisable selon les circonstances, de ceux-ci. Ce n’est nullement ainsi qu’une certaine presse, peu attentive au souci de la complexité, ainsi que quelques intellectuels ont présenté mes engagements théoriques. Il faut vraiment ne pas lire les textes (ou ne pas les comprendre : je ne sais quel est le vice intellectuel le plus grave) pour affirmer que le ministre Pap Ndiaye, qui est la véritable cible de cette offensive réactionnaire, a voulu que siège dans ladite instance un anti-universaliste, favorable au multiculturalisme, voire au communautarisme, et à la laïcité dite de coopération, telle qu’elle se pratique dans les pays anglo-saxons. Or, à moins d’imaginer que mes travaux n’expriment pas mes réelles intentions, je ne corresponds sur aucun point à ce portrait malveillant. « Vérités » alternatives Universaliste, je le suis depuis les débuts de ma vie intellectuelle. Je ne saurais d’ailleurs m’orienter dans la pensée sans cette boussole. Dès mes premiers travaux, avant même d’enseigner à l’université, j’ai entrepris de rechercher ce qui pourrait constituer les concepts universels applicables à tous les individus d’une même espèce, autrement dit les universaux. Un universalisme substantiel doit à mon sens se fonder sur le fait qu’existent des structures de pensée transcendantes et communes à toutes les cultures. Difficile alors d’instruire un procès en anti-universalisme ! C’est pourtant, sans doute sur la base du titre d’un livre, L’Universalisme en procès (Le Bord de l’eau, 2021), qui n’a pas été lu, que mes contempteurs n’hésitent pas à énoncer une telle contre-vérité, allant parfois jusqu’à faire de quatre des nouveaux membres des coaccusés. Ces « lecteurs » pressés s’autorisent donc à exposer des « vérités » alternatives. Il vous reste 52.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. 

Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a nommé le 13 avril, cinq nouveaux membres au Conseil des sages de la laïcité et des valeurs de la République (plus un sixième, peu de temps après). L’intention, de toute évidence, était de diversifier les points de vue sur une question se prêtant à une forte pluralité interprétative.

Qui, d’un point de vue démocratique, pourrait le regretter ? Il était, dès lors, difficile d’imaginer les remous que, pour l’essentiel, ma nomination a provoqués. Au-delà de ma personne, l’acharnement à transformer mes positions pour mieux les condamner inquiète sur l’état du débat public.

On ne peut, bien évidemment, nier que ma conception de la laïcité soit sensiblement différente de celle de la majorité des membres du conseil, installé en 2018 par Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l’éducation nationale. Néanmoins, dans mon esprit, cette différence relève de ce que l’on a coutume de nommer des « désaccords raisonnables », ceux qui portent non sur les principes, mais sur la hiérarchie, révisable selon les circonstances, de ceux-ci.

Ce n’est nullement ainsi qu’une certaine presse, peu attentive au souci de la complexité, ainsi que quelques intellectuels ont présenté mes engagements théoriques. Il faut vraiment ne pas lire les textes (ou ne pas les comprendre : je ne sais quel est le vice intellectuel le plus grave) pour affirmer que le ministre Pap Ndiaye, qui est la véritable cible de cette offensive réactionnaire, a voulu que siège dans ladite instance un anti-universaliste, favorable au multiculturalisme, voire au communautarisme, et à la laïcité dite de coopération, telle qu’elle se pratique dans les pays anglo-saxons. Or, à moins d’imaginer que mes travaux n’expriment pas mes réelles intentions, je ne corresponds sur aucun point à ce portrait malveillant.

« Vérités » alternatives

Universaliste, je le suis depuis les débuts de ma vie intellectuelle. Je ne saurais d’ailleurs m’orienter dans la pensée sans cette boussole. Dès mes premiers travaux, avant même d’enseigner à l’université, j’ai entrepris de rechercher ce qui pourrait constituer les concepts universels applicables à tous les individus d’une même espèce, autrement dit les universaux. Un universalisme substantiel doit à mon sens se fonder sur le fait qu’existent des structures de pensée transcendantes et communes à toutes les cultures.

Difficile alors d’instruire un procès en anti-universalisme ! C’est pourtant, sans doute sur la base du titre d’un livre, L’Universalisme en procès (Le Bord de l’eau, 2021), qui n’a pas été lu, que mes contempteurs n’hésitent pas à énoncer une telle contre-vérité, allant parfois jusqu’à faire de quatre des nouveaux membres des coaccusés. Ces « lecteurs » pressés s’autorisent donc à exposer des « vérités » alternatives.

Il vous reste 52.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

 

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    Soutien à notre collègue Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, devait donner une conférence à l’Université de Lille sur un sujet brûlant : l’influence des Frères musulmans et l’entrisme islamiste dans certains syndicats et mouvements de gauche. Pourtant, sa conférence a été annulée. Cette décision, prise par le doyen, est un acte politique qui ne dit pas son nom. Une fois de plus, l’université cède aux pressions idéologiques et sacrifie le débat scientifique sur l’autel du conformisme militant.
     
    Cette annulation n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un climat où toute critique de l’islamisme est immédiatement disqualifiée, où ceux qui osent poser des questions sont taxés de “racistes” ou d’“extrême droite”. Dans les sciences sociales, en particulier, la règle tacite est claire : on se soumet ou on dégage. Ceux qui refusent de plier sont mis à l’écart, leurs conférences interdites, leurs noms jetés en pâture à des étudiants dressés à confondre débat intellectuel et offense personnelle.
     
    Comment expliquer que des syndicats, censés défendre la liberté d’expression, se soient transformés en gardiens du dogme ? Pourquoi tant de collègues se taisent, sinon par peur ? Cette lâcheté collective est précisément ce qui permet aux censeurs d’imposer leur loi. Mais il faut le dire : l’Université ne peut pas devenir un espace clos où seuls certains discours sont autorisés.
     
    Face à cette censure, la chercheuse a décidé de maintenir sa conférence, ailleurs s’il le faut. Le débat aura lieu le 5 mars, avec le plus grand nombre possible de participants. Car la lutte contre l’islamisme et ses complicités idéologiques n’est pas une affaire de partis : c’est une question existentielle pour notre démocratie.
    L’Université doit rester un lieu de savoir et d’échange, pas un bastion du sectarisme.