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Albert Ogien, sociologue : « Aliénation ou discrimination, l’opposition entre ces deux combats de gauche est factice »

Albert Ogien, sociologue : « Aliénation ou discrimination, l’opposition entre ces deux combats de gauche est factice »

Collectif

Tribune des observateurs

Read More  Le sociologue Albert Ogien. YANN LEGENDRE Directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique et enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, le sociologue travaille depuis une dizaine d’années avec la philosophe Sandra Laugier sur la démocratie au travers des mouvements de protestations politiques. Dans son dernier livre, Emancipations. Luttes minoritaires, luttes universelles ? (Textuel, 160 pages, 17,90 euros), il s’intéresse à la portée des combats d’émancipation contemporains. Quel a été le déclencheur de ce livre ? Il y a d’abord l’irritation causée par cet acharnement des milieux hostiles au « wokisme » à développer un discours négationniste au sujet des discriminations que subissent des personnes en raison du genre, de la couleur de peau, de la religion ou de l’orientation sexuelle. Il est assez déconcertant d’entendre parler d’inégalités et d’injustices parfaitement documentées comme s’il ne s’agissait que d’une opinion fondée sur un parti pris idéologique. Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés « Wokistes et environnementalistes ont en commun d’être la cible des mêmes procédés rhétoriques » Mais ce n’est pas tout : ces censeurs ont mis en place une police de la pensée afin d’interdire la diffusion d’informations qui risqueraient de justifier le bien-fondé des revendications d’égalité, des mesures en faveur des populations racisées ou de la nécessité de cicatriser les plaies de la guerre d’Algérie. Dans le monde universitaire, les mêmes ont instauré, avec le soutien de cercles proches du pouvoir, une chasse aux sorcières, une atmosphère de délation et la traque aux thèmes d’enseignement et de recherche qui leur déplaisent. En analysant posément les faits de discrimination qui marquent la société française, ce petit livre se veut un antidote à cette haine ordinaire. Vous explorez aussi la difficulté de la gauche, pétrie de culture marxiste, à aborder ces luttes particulières… C’est l’autre trouble à l’origine de ce livre. Une conviction est enracinée dans la pensée de gauche : l’émancipation ne peut être que celle de l’humanité tout entière et dépend de la destruction du système capitaliste par le prolétariat. Il existe en fait deux façons d’envisager l’émancipation : à partir de la notion d’aliénation ou de celle de discrimination. Dans le premier cas, le levier est la lutte des classes ; dans le second, celles contre la misogynie, le racisme, l’islamophobie ou l’homophobie. Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Le mot “woke” a été transformé en instrument d’occultation des discriminations raciales » Ce livre montre que l’opposition entre ces deux combats est factice. Il propose d’envisager l’émancipation sous sa face pratique : comme une lutte collective qui vise à sortir un groupe social discriminé de la situation de minorité dans laquelle il est arbitrairement placé. Ce qui permet de montrer que chacune de ces luttes particulières promeut des éléments d’universalité : égalité des droits et respect de la dignité des personnes. Il vous reste 52.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. 

Le sociologue Albert Ogien. YANN LEGENDRE

Directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique et enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, le sociologue travaille depuis une dizaine d’années avec la philosophe Sandra Laugier sur la démocratie au travers des mouvements de protestations politiques. Dans son dernier livre, Emancipations. Luttes minoritaires, luttes universelles ? (Textuel, 160 pages, 17,90 euros), il s’intéresse à la portée des combats d’émancipation contemporains.

Quel a été le déclencheur de ce livre ?

Il y a d’abord l’irritation causée par cet acharnement des milieux hostiles au « wokisme » à développer un discours négationniste au sujet des discriminations que subissent des personnes en raison du genre, de la couleur de peau, de la religion ou de l’orientation sexuelle. Il est assez déconcertant d’entendre parler d’inégalités et d’injustices parfaitement documentées comme s’il ne s’agissait que d’une opinion fondée sur un parti pris idéologique.

Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés « Wokistes et environnementalistes ont en commun d’être la cible des mêmes procédés rhétoriques »

Mais ce n’est pas tout : ces censeurs ont mis en place une police de la pensée afin d’interdire la diffusion d’informations qui risqueraient de justifier le bien-fondé des revendications d’égalité, des mesures en faveur des populations racisées ou de la nécessité de cicatriser les plaies de la guerre d’Algérie. Dans le monde universitaire, les mêmes ont instauré, avec le soutien de cercles proches du pouvoir, une chasse aux sorcières, une atmosphère de délation et la traque aux thèmes d’enseignement et de recherche qui leur déplaisent. En analysant posément les faits de discrimination qui marquent la société française, ce petit livre se veut un antidote à cette haine ordinaire.

Vous explorez aussi la difficulté de la gauche, pétrie de culture marxiste, à aborder ces luttes particulières…

C’est l’autre trouble à l’origine de ce livre. Une conviction est enracinée dans la pensée de gauche : l’émancipation ne peut être que celle de l’humanité tout entière et dépend de la destruction du système capitaliste par le prolétariat. Il existe en fait deux façons d’envisager l’émancipation : à partir de la notion d’aliénation ou de celle de discrimination. Dans le premier cas, le levier est la lutte des classes ; dans le second, celles contre la misogynie, le racisme, l’islamophobie ou l’homophobie.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Le mot “woke” a été transformé en instrument d’occultation des discriminations raciales »

Ce livre montre que l’opposition entre ces deux combats est factice. Il propose d’envisager l’émancipation sous sa face pratique : comme une lutte collective qui vise à sortir un groupe social discriminé de la situation de minorité dans laquelle il est arbitrairement placé. Ce qui permet de montrer que chacune de ces luttes particulières promeut des éléments d’universalité : égalité des droits et respect de la dignité des personnes.

Il vous reste 52.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

 

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