Dégenrer le jeu d’échecs
Reliquat d’un univers monarchique à relents sexistes et patriarcaux nauséabonds, un échiquier condense toutes les inégalités et toutes les discriminations.
Reliquat d’un univers monarchique à relents sexistes et patriarcaux nauséabonds, un échiquier condense toutes les inégalités et toutes les discriminations.
Ce texte traite de l’efficacité du livre “Qui a voulu effacer Alice Recoque?” publié en février 2024, qui a rapidement réhabilité Alice Recoque, une pionnière de l’informatique et de l’intelligence artificielle, en suscitant un large élan médiatique et politique. Recoque, née en 1929 et décédée en 2021, est connue pour son rôle dans la conception d’ordinateurs français dans les années 1950-70. Le livre, porté par une théorie d’invisibilisation des femmes dans l’histoire des sciences, et amplifié par des personnalités influentes, a mené à la décision de baptiser un supercalculateur européen en son nom en 2024. Le texte analyse la manière dont une stratégie narrative bien orchestrée peut transformer un sujet oublié en figure publique majeure, et les mécanismes littéraires de désinvisibilisation qui y sont utilisés.
Sacrifiant ainsi à l’esprit du temps — ou, selon, à une idéologie devenue dominante à laquelle il conviendrait de se conformer, diraient de mauvaises langues — l’Académie de France à Rome semble donner désormais souvent l’avantage, dans son processus de sélection, à des projets qui s’autorisent d’un questionnement des normes de genre (et en particulier de l’ « hétéro-patriarcat »), d’une critique du racisme (désigné comme « systémique » ou inhérent à toutes les institutions des sociétés occidentales, cependant que l’antisémitisme demeure, dans ces approches, et sans surprise, comme un point aveugle) ou encore d’une critique, sur fond de crise écologique mondiale investie d’une dimension apocalyptique, du capitalisme « extractif » et « néo-libéral ».
Le cadre laïque de la sécularisation des espaces partagés est menacé. On promeut la « race » comme une « grille de lecture du monde », selon les mots mêmes du Président du CNRS. En réalité, la violence est bien du côté de la pensée décoloniale qui entend imposer le silence à ceux qui n’entrent pas dans le cadre qu’ils prétendent imposer au nom d’une idéologie qu’ils peinent à nommer. La société ouverte, donnée comme un improbable horizon, n’est qu’un prétexte à légitimer aux yeux de ses zélés promoteurs l’exercice de la force pour l’avénement d’un « avenir ouvert ». Qui ne voit pas les ferments de la tyrannie dans cette mascarade ?
La période du Mars voit proliférer les annonces de poste pour les recrutements dans les établissements du supérieur dont les INSPE font partie désormais en toute autonomie. Le mot « autonomie » est sans doute inapproprié lorsque l’on parle de la fonction publique tant certains se croient affranchis par la magie performative du mot de tout compte à rendre au public qui les finance. Par notre mobilisation sans précédent, nous sommes parvenus à faire reculer l’administration !
L’idéologie woke a depuis longtemps pénétré le quotidien du monde de l’entreprise et de l’administration publique. Il y a des phénomènes majeurs et incontournables auxquels tout le monde pense. Et il y a ces petites choses de tous les jours, contre lesquelles on ne sait pas quoi faire, et qui grignotent chaque jour notre espace de liberté. Quels exemples ? D’où est-ce que ça vient ? Que peut-on faire ?
The Who’s Woke 2024 pour démarrer l’année sous le signe de la féroce dérision.
Union européenne: pressions identitaires (Conférence organisée à la Maison de l’Amérique latine le 7/12 à 17h). Programme, inscription et intervenants.
La langue et les formes linguistiques sont un terrain de jeu de toutes les idéologies qui se rencontrent à l’heure où le wokisme prétend façonner le monde par la parole. Mais le travers de la néologie à tout-va est un fait politique majeur. L’échec de la proposition du mot « francocide » est une illustration de la vivacité de la langue qui n’a rien à voir avec la volonté politque de la façonner ni de la récupérer, et de même que l’échec de l’écriture inclusive s’expliquera par la résistance des sujet parlants à l’imposition de normes non comprises, de même la réactivation de formes étymologiques cultivées se comprend par la mécanique propre à l’histoire non pas des mots, mais de la langue elle-même. Et dans ce domaine, l’Université a des choses à dire.
Le puissant ouvrage de Samuel Fitoussi mérite qu’on s’y arrrête. Voilà quelques extraits exclusivement prêtés à l’Observatoire qui vous donneront à coup sûr l’envie d’en lire plus !