Décolonisons le décolonialisme

Pour aider à décoloniser le décolonialisme, il faut commencer par prendre conscience que les études décoloniales sont majoritairement white (ou « blanches », mais au sens sociologique. Il aurait pu être choisi un mot moins connoté qu’un adjectif de couleur mais en fait il faut comprendre que « blanc » ne veut pas dire « blanc ». En fait, la langue influence notre perception du monde sauf quand on emploie le mot: « blanc »). Elles procèdent donc d’une lecture biaisée du fait de l’appartenance des observateurs à la culture majoritaire.

On le retrouve constamment aujourd’hui dans les institutions de recherches où la place des minorités ethnoraciales visibles est largement inférieure à la société réelle, relayant une inégalité que l’attitude décoloniale n’excuse certainement pas [source: ici]. On rappelera ce constat:

On conçoit que toute la population n’est pas également exposée au risque du racisme, et c’est là l’un des problèmes des enquêtes en population générale : elles ne parviennent pas à mesurer avec suffisamment de précision statistique les situations vécues par les minorités, précisément car ce sont des minorités et qu’elles sont peu représentées dans les échantillons.

https://www.erudit.org/fr/revues/socsoc/2018-v50-n2-socsoc05087/1066818ar/

Si on prend conscience de la blanchité des études intersectionnelles, il est urgent d’agir: à commencer par abandonner le plan des études intersectionnelles pour permettre aux minorités de prendre la parole sans la médiation des supports whites que sont les revues scientifiques et permettre ainsi la véritable émancipation des groupes communautaires au sein des études.

À ce titre, il nous semble important d’aider à cette prise de conscience en constituant un ensemble de textes de références des études décoloniales qui serait un hub pour les études scientifiques aidant d’une part à mieux comprendre les enjeux des études – objet d’inquiétude infondée – et les moyens de décoloniser le décolonialisme.

En effet, la neutralité axiologique ne saurait être un prétexte à toute étude car on sait bien que la « neutralité axiologique » ça n’existe pas:

Les Mots et les choses en 1966 résume toujours aussi bien l’impossible réalisation d’une neutralité axiologique en sciences

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02422692v2/document

Ce qui est un problème car:

De plus, en déclarant les émotions impropres au raisonnement scientifique, ce sont toutes les catégories non associées à la masculinité ou à la blanchité qui ont été discréditées, délégitimées voire exclues d’exercer en sciences.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02422692v2/document

LOL2

Le péché impardonnable imputé aux « anti-wokes » est d’avoir organisé puis publié un colloque, "Après la déconstruction", qui critique les dérives des courants inspirés des cultural studies, et d’avoir
Alexandre Portier, député LR du Rhône et membre du Conseil supérieur des programmes, réagit à l'emploi du terme « ségrégation scolaire » par le ministre de l'Éducation nationale.
C’est à redonner à cette notion de « color blindness », de « daltonisme » racial, toute sa noblesse et sa portée humaniste que je voudrais ici m’atteler.
Les textes tels que la Déclaration des droits de l'homme de l'ONU, la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et la Convention européenne des droits de l'homme du Conseil