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Don Juan ou Tartuffe ?

Dans son édition du 12 janvier , Le Figaro nous apprend que le directeur du Théâtre du Nord, David Bobée, militant woke assumé, propose une relecture «critique » du Dom Juan de Molière. Pièce incontournable du théâtre classique, elle serait devenue selon lui « problématique » car symbole, selon ses termes, d’une « masculinité violente ». Passons sur l’ubris du metteur en scène qui n’entend pas adapter la pièce du XVIIe dans une version disons contemporaine mais bien de la corriger en fonction de ses propres a-priori idéologiques qu’il n’a cessé de vouloir imposer depuis son arrivée à Lille avec le soutien entier de Martine Aubry, maire de Lille. En toute modestie, notre Don Quichotte des planches a donc dégenré, nous apprend Le Figaro, certains personnages : « Le père, figure majeure, devient une mère. Les paysannes, des paysans à l’accent mandarin.». Le choix des acteurs se veut tout autant « manifeste » pour une « diversité d’origines, de corps, d’âges ». Mais passons sur ces options qui correspondent tout à fait à la culture de l’effacement pour nous attacher à un autre enjeu de la question qui touche aux règles de financement des théâtres comme celui qu’il dirige. Sur son site, la Cour régional des Comptes a publié son rapport il y a six mois sur le Théâtre du Nord. On y trouve tous les éléments pour apprécier la participation financière des pouvoirs publics à ce dernier :

« En 2019, il disposait d’un budget de 5,8 M€, ramené à 4,5 M€ en 2020. En complément des subventions de l’État, la région Hauts-de-France, la Métropole Européenne de Lille et la ville de Lille participent, chaque année, par voie de conventions, au financement de son activité culturelle, ainsi que de ses projets de diffusion et de promotion théâtrale. En moyenne, la société bénéficie de 4 M€ de subventions publiques par an ».

La Cour des Comptes note aussi que le théâtre du Nord dispose d’un « niveau élevé des subventions publiques » et que sa situation financière « reste structurellement déficitaire ». On se doit donc de s’interroger. Comment un metteur en scène à l’idéologie si prononcée peut-il accepter autant d’argent d’institutions certainement pas assez « dégenrées » à son goût ? Peut-il vraiment assurer une mission de service public en défendant d’abord et avant tout une cause idéologique ? La cohérence voudrait qu’il recherche dans ce cas ses propres mécènes en misant surtout sur sa propre capacité à faire venir du public comme le font les théâtres privés. Il y a ici sans nul doute pour David Bobée matière à réflexion et à envisager peut-être d’adapter le Tartuffe de Molière, fort cette fois de sa propre expérience de directeur.

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