Read More Par Farah Sadallah Publié le 28 Avr 23 à 7:48
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Gwenola et Félix racontent leur parcours de transidentité à travers leur engagement au sein de l’association LGBTQIA+ Nosig à Nantes (Loire-Atlantique). (©Farah Sadallah / actu Nantes)« On observe qu’il y a plus de personnes trans qui franchissent la porte de notre association », atteste Gwenola, 53 ans, une femme transgenre, enseignante et trésorière au sein de Nos orientations sexuelles et identités de genre, Nosig. Cette structure d’accompagnement LGBTQIA+ a récemment fêté ses 30 ans d’existence à Nantes (Loire-Atlantique) et, depuis le confinement, sa fréquentation s’est accélérée.« Il y a eu beaucoup d’introspection », explique la trésorière, notamment en raison de l‘augmentation de contenus et de la visibilité des personnes transgenres. D’autant plus qu’au sein de Nosig, ces personnes peuvent être enfin elles-mêmes, sans peurs ni complexes. L’association accueille en effet les personnes LGBTQIA+ victimes de discriminations
ou ayant des questions sur leur santé, leurs droits, leur situation familiale. Elle mène également des actions de prévention et d’information contre les infections sexuellement transmissibles, le VIH, la dépression et les risques suicidaires. Ce sigle est utilisé pour qualifier les personnes lesbiennes, gay, bi.e.s, trans, queer, intersexes, asexuelles, aromantiques, agenres, pansexuelles, non-binaires, gender-fluid et bien plus d’où le +.Félix, un homme trans, secrétaire général de Nosig et acheteur junior, a justement franchi pour la première fois les portes de Nosig en 2021. Le confinement et les réseaux sociaux lui ont permis de découvrir différents parcours chez les personnes transgenres. « C’est possible que ça puisse bien se passer », témoigne-t-il :Avant je ne savais rien. Aujourd’hui, il y a Netflix, des vidéos, on voit plein de vécus et aujourd’hui plus de personnes trans vont visibiliser leur parcours pour aider les autres et montrer qu’il n’y a pas une manière de faire et ça m’a aidé à comprendre beaucoup de choses.FélixSecrétaire général de NosigFélix donne aussi l’exemple du contenu de certains documentaires ou de films qui mettent en scène des personnes transgenres. Avant, l’histoire de ces dernières étaient souvent tragique. « Ça commence à changer et ça invite les personnes à en parler et à ne pas être dans le déni de leur vie », poursuit-il. Selon le sociologue du genre Arnaud Alessendrin, dans un entretien pour Le Monde, les personnes transgenres sont en effet plus visible dans l’espace public, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont plus nombreuses.L’histoire du centre LGBTQIA+ est d’ailleurs révélatrice de ce phénomène, observe Félix : « au début, il y avait surtout des homosexuels dans notre centre et ensuite il y a eu des femmes lesbiennes. Il y a 30 ans, la transidentité, on ne savait pas que ça existait. Pourtant, ça a toujours été là, mais c’était dissimulé. »Vidéos : en ce moment sur ActuSelon la fiche pratique sur le respect des droits des personnes trans rédigée par la délégation ministérielle dédiée, le terme « transsexuel » vient de transsexualisme, notion inventée par la médecine au XIXe siècle pour signifier que les personnes trans étaient atteintes d’une « maladie mentale ». Or des chercheurs ont démontré que la transidentité n’a rien de pathologique. L’Organisation mondiale de la santé l’a donc retirée des maladies mentales en 2019.
« Être trans n’est pas un fantasme ou un phénomène de mode. La transidentité s’impose à l’individu », indique le document. On parle donc de personnes « trans » ou « transgenres ».« Il y a 20 ans, c’était un suicide social de faire sa transition »Félix a annoncé sa transidentité à sa famille en octobre 2022 et a fait de même auprès de son entreprise dans la foulée. « Ça s’est bien passé. Ma mère avait surtout peur pour la transition hormonale. Mais j’avais déjà fait mon coming-out Bi. Ils m’ont dit qu’ils m’aimeraient quoi qu’il arrive », raconte-t-il. Gwenola, elle, a fait son coming-out en 2012. « Une de mes collègues l’a fait en 2010. Alors je me suis dit que c’était possible dans l’enseignement catholique. C’est ça qui fait que les personnes se le permettent et ça se passe bien. (…) Il y a 20 ans, c’était un suicide social de faire sa transition. »Gwenola a alors convoqué tout le monde pour leur annoncer, raconte-t-elle avec le sourire. Elle a aussi fait un mail groupé. Néanmoins, son père lui lâchera plus tard en guise de réponse : « tu avais réussi », en référence à autrefois quand elle était un homme, hétérosexuel. « Dans les situations du quotidien, on se retrouve seul »Sauter le pas n’est pas toujours simple, même après. Le regard des autres joue un rôle majeur dans la transition et c’est notamment pourquoi ces personnes viennent se retrouver entre elles, au sein de Nosig, à la recherche de soutien.La transition passe par le regard des autres, c’est ce qu’on recherche, c’est plus important que l’aspect corporel. Si on me voyait comme une femme, je n’aurais rien changé sur mon corps. […] Mais cette reconnaissance est difficile à faire naître.GwenolaL’enseignante donne l’exemple d’un pot de départ en retraite où à un moment donné, les hommes vont se retrouver entre eux et les femmes entre elles, pendant qu’elle sera à la frontière des deux. « Dans les situations du quotidien, on se retrouve seul », commente Félix.« Il y a un trauma collectif »Ainsi, à Nosig, ces personnes créent des espaces en non-mixité, « car sinon on n’a pas de moments avec des personnes qui ont eu le même vécu que nous », poursuit Félix. C’est dans ces espaces-là qu’elles peuvent partager leur traumatisme, souvent similaire d’une histoire à une autre. « La société est violente. Il y a un trauma collectif, affirme Félix. On pense être seul, mais on a tous vécu la même chose. » Souvent ce traumatisme a eu lieu dans la rue, à travers un regard, une parole ou même un geste. L’exclusion au travail ou le rejet de sa famille et de ses amis le sont aussi. Le rôle des médias pointé du doigtTout ceci génère donc de l’anxiété. « On est tous touché par l’angoisse en fait », affirme Kévin, homosexuel, graphiste et trésorier adjoint au sein de Nosig. Certains médias participeraient d’ailleurs à développer ce ressenti, selon Félix et Gwenola. Dans une étude publiée en février 2023 par l’association des journalistes lesbiennes, gays, bi.e.s, trans et intersexes sur la façon dont les médias traitent le sujet des transidentités, 434 articles ont été recensés sur les 21 médias français en ligne dits « les plus lus ». Ainsi, 240 articles ont été jugés de bonne qualité, contre 82 à améliorer et 110 jugés de mauvaise qualité. Ça me rappelle l’époque du mariage pour tous. Je ne lis plus la presse, car tout ce que j’entends sur moi c’est trop difficile, après j’ai peur que dans la rue, les gens soient violents, il y a les propos et ceux qui passent à l’acte.GwenolaPar conséquent, en plus de les accueillir et de les accompagner dans leur transidentité, Nosig forme également les professionnels aux nouvelles questions de société, comme les médecins. L’association forme également les communautés éducatives dans les lycées. Ces dernières sont aussi concernées par une visibilité plus assumée des personnes transgenres. Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.
Par Farah Sadallah Publié le 28 Avr 23 à 7:48
Gwenola et Félix racontent leur parcours de transidentité à travers leur engagement au sein de l’association LGBTQIA+ Nosig à Nantes (Loire-Atlantique). (©Farah Sadallah / actu Nantes)
« On observe qu’il y a plus de personnes trans qui franchissent la porte de notre association », atteste Gwenola, 53 ans, une femme transgenre, enseignante et trésorière au sein de Nos orientations sexuelles et identités de genre, Nosig. Cette structure d’accompagnement LGBTQIA+ a récemment fêté ses 30 ans d’existence à Nantes (Loire-Atlantique) et, depuis le confinement, sa fréquentation s’est accélérée.
« Il y a eu beaucoup d’introspection », explique la trésorière, notamment en raison de l‘augmentation de contenus et de la visibilité des personnes transgenres. D’autant plus qu’au sein de Nosig, ces personnes peuvent être enfin elles-mêmes, sans peurs ni complexes.
L’association accueille en effet les personnes LGBTQIA+ victimes de discriminations
ou ayant des questions sur leur santé, leurs droits, leur situation familiale. Elle mène également des actions de prévention et d’information contre les infections sexuellement transmissibles, le VIH, la dépression et les risques suicidaires.
Ce sigle est utilisé pour qualifier les personnes lesbiennes, gay, bi.e.s, trans, queer, intersexes, asexuelles, aromantiques, agenres, pansexuelles, non-binaires, gender-fluid et bien plus d’où le +.
Félix, un homme trans, secrétaire général de Nosig et acheteur junior, a justement franchi pour la première fois les portes de Nosig en 2021. Le confinement et les réseaux sociaux lui ont permis de découvrir différents parcours chez les personnes transgenres. « C’est possible que ça puisse bien se passer », témoigne-t-il :
Avant je ne savais rien. Aujourd’hui, il y a Netflix, des vidéos, on voit plein de vécus et aujourd’hui plus de personnes trans vont visibiliser leur parcours pour aider les autres et montrer qu’il n’y a pas une manière de faire et ça m’a aidé à comprendre beaucoup de choses.
FélixSecrétaire général de Nosig
Félix donne aussi l’exemple du contenu de certains documentaires ou de films qui mettent en scène des personnes transgenres. Avant, l’histoire de ces dernières étaient souvent tragique. « Ça commence à changer et ça invite les personnes à en parler et à ne pas être dans le déni de leur vie », poursuit-il.
Selon le sociologue du genre Arnaud Alessendrin, dans un entretien pour Le Monde, les personnes transgenres sont en effet plus visible dans l’espace public, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont plus nombreuses.
L’histoire du centre LGBTQIA+ est d’ailleurs révélatrice de ce phénomène, observe Félix : « au début, il y avait surtout des homosexuels dans notre centre et ensuite il y a eu des femmes lesbiennes. Il y a 30 ans, la transidentité, on ne savait pas que ça existait. Pourtant, ça a toujours été là, mais c’était dissimulé. »
Vidéos : en ce moment sur Actu
Selon la fiche pratique sur le respect des droits des personnes trans rédigée par la délégation ministérielle dédiée, le terme « transsexuel » vient de transsexualisme, notion inventée par la médecine au XIXe siècle pour signifier que les personnes trans étaient atteintes d’une « maladie mentale ». Or des chercheurs ont démontré que la transidentité n’a rien de pathologique. L’Organisation mondiale de la santé l’a donc retirée des maladies mentales en 2019.
« Être trans n’est pas un fantasme ou un phénomène de mode. La transidentité s’impose à l’individu », indique le document. On parle donc de personnes « trans » ou « transgenres ».
« Il y a 20 ans, c’était un suicide social de faire sa transition »
Félix a annoncé sa transidentité à sa famille en octobre 2022 et a fait de même auprès de son entreprise dans la foulée. « Ça s’est bien passé. Ma mère avait surtout peur pour la transition hormonale. Mais j’avais déjà fait mon coming-out Bi. Ils m’ont dit qu’ils m’aimeraient quoi qu’il arrive », raconte-t-il.
Gwenola, elle, a fait son coming-out en 2012. « Une de mes collègues l’a fait en 2010. Alors je me suis dit que c’était possible dans l’enseignement catholique. C’est ça qui fait que les personnes se le permettent et ça se passe bien. (…) Il y a 20 ans, c’était un suicide social de faire sa transition. »
Gwenola a alors convoqué tout le monde pour leur annoncer, raconte-t-elle avec le sourire. Elle a aussi fait un mail groupé. Néanmoins, son père lui lâchera plus tard en guise de réponse : « tu avais réussi », en référence à autrefois quand elle était un homme, hétérosexuel.
« Dans les situations du quotidien, on se retrouve seul »
Sauter le pas n’est pas toujours simple, même après. Le regard des autres joue un rôle majeur dans la transition et c’est notamment pourquoi ces personnes viennent se retrouver entre elles, au sein de Nosig, à la recherche de soutien.
La transition passe par le regard des autres, c’est ce qu’on recherche, c’est plus important que l’aspect corporel. Si on me voyait comme une femme, je n’aurais rien changé sur mon corps. […] Mais cette reconnaissance est difficile à faire naître.
Gwenola
L’enseignante donne l’exemple d’un pot de départ en retraite où à un moment donné, les hommes vont se retrouver entre eux et les femmes entre elles, pendant qu’elle sera à la frontière des deux. « Dans les situations du quotidien, on se retrouve seul », commente Félix.
« Il y a un trauma collectif »
Ainsi, à Nosig, ces personnes créent des espaces en non-mixité, « car sinon on n’a pas de moments avec des personnes qui ont eu le même vécu que nous », poursuit Félix. C’est dans ces espaces-là qu’elles peuvent partager leur traumatisme, souvent similaire d’une histoire à une autre.
« La société est violente. Il y a un trauma collectif, affirme Félix. On pense être seul, mais on a tous vécu la même chose. » Souvent ce traumatisme a eu lieu dans la rue, à travers un regard, une parole ou même un geste. L’exclusion au travail ou le rejet de sa famille et de ses amis le sont aussi.
Le rôle des médias pointé du doigt
Tout ceci génère donc de l’anxiété. « On est tous touché par l’angoisse en fait », affirme Kévin, homosexuel, graphiste et trésorier adjoint au sein de Nosig. Certains médias participeraient d’ailleurs à développer ce ressenti, selon Félix et Gwenola.
Dans une étude publiée en février 2023 par l’association des journalistes lesbiennes, gays, bi.e.s, trans et intersexes sur la façon dont les médias traitent le sujet des transidentités, 434 articles ont été recensés sur les 21 médias français en ligne dits « les plus lus ». Ainsi, 240 articles ont été jugés de bonne qualité, contre 82 à améliorer et 110 jugés de mauvaise qualité.
Ça me rappelle l’époque du mariage pour tous. Je ne lis plus la presse, car tout ce que j’entends sur moi c’est trop difficile, après j’ai peur que dans la rue, les gens soient violents, il y a les propos et ceux qui passent à l’acte.
Gwenola
Par conséquent, en plus de les accueillir et de les accompagner dans leur transidentité, Nosig forme également les professionnels aux nouvelles questions de société, comme les médecins. L’association forme également les communautés éducatives dans les lycées. Ces dernières sont aussi concernées par une visibilité plus assumée des personnes transgenres.
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