La philo pop des séries TV avec Sandra Laugier

La philo pop des séries TV avec Sandra Laugier

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La philo pop des séries TV avec Sandra Laugier

Read More  Elles font partie de nos vies. Qui n’a pas raconté, discuté voire dévoilé la fin de sa série préférée à ses amis ou collègues ?  Baron Noir, The Crown, Game of Thrones, The Good place… Les séries nous font découvrir les rouages et coulisses de la société et de la vie politique, mais nous invitent surtout à une réflexion et un débat sur le politique lui-même, les rapports sociaux et leurs enjeux éthiques. La série est historiquement un médium mineur, pour jeunes et pour femmes, qui met d’abord en scène l’univers familial ou la sociabilité proche. C’est en passant à la description d’univers professionnels (médicaux, juridiques, policiers, politiques…) que les séries télévisées ont fini par être reconnues pour leur pertinence sociale et politique »  Selon la philosophe Sandra Laugier, les séries télévisées qu’elle analyse dans son dernier livre « Nos vies en série ; Laboratoires d’éveil politique », édité chez Flammarion, sont des outils d’éducation morale voire de pensée politique et de combat.
Elles ont permis d’ouvrir les yeux sur la société. Elles véhiculent des idées politiques, interrogent la société et ont éveillé de nombreux spectateurs et spectatrices à des sujets concernant. Les séries télévisées éduquent à la perception des façons d’être des personnes et poursuivent ainsi une tâche « pédagogique » tout en donnant voix et place depuis le XXe siècle à une plus large variété de personnages et sujets.   Ainsi, la culture « populaire » n’est plus simple divertissement mais œuvre d’éducation morale et politique. Sandra Laugier, s’appuyant sur les philosophes Stanley Cavell, John Dewey et Robert Warshow, propose une définition de la culture « populaire » : « culture démocratique partagée qui crée des valeurs communes et sert de ressource pour une forme d’éducation de soi – ou plus précisément, une forme de culture de soi, un perfectionnement subjectif ou une subjectivation qui se produit par le partage et le commentaire de matériel ordinaire et public intégré à la vie ordinaire. » Le visionnage de séries se fait sur un temps long et dans la vie quotidienne et ordinaire. Il se produit alors un attachement aux personnages que nous voyons évoluer au fil des épisodes et des saisons. C’est dans la manière d’être des personnages, leurs choix et actions que se déploient des situations éthiques qui peuvent nous éduquer voire nous transformer au fil de la série. La dimension morale des séries n’est pas celle des grands principes, mais se construit à partir de l’expérience ordinaire. Il s’agit d’inventer, personnellement et collectivement au travers des séries, de nouvelles valeurs.
Menace terroriste et espionnage (« Homeland », « The Americans », « Le Bureau des légendes »), ambition personnelle des dirigeants (« Game of Thrones », « Baron Noir »), éthique du capitalisme néolibéral (« The Good Place »), féminisme et intersectionnalité (« Orange is the New Black », « I May Destroy You », « Killing Eve »), conflit israélo-palestinien (« Fauda », « Our Boys »), racisme et antisémitisme (« Lupin », « Watchmen », « The Plot Against America »), impact de la fiction sur la réalité géopolitique (« Serviteur du peuple »), fatalité des inégalités sociales (« The Wire », « Engrenages »), menace apocalyptique (« The Walking Dead »), dérives des nouvelles technologies (« Black Mirror »), violence du système carcéral (« Orange is the New Black ») : sur tous ces éléments, les séries fournissent des référents culturels communs forts, qui peuplent conversations ordinaires et débats politiques. Leur impact sur les régimes démocratiques, conçus comme espaces de délibération, de contestation et de transformation sociale, est majeur. Dans le domaine de la série, chaque spectateur constitue une autorité critique et artistique pour construire à partir du visionnage une expérience et un savoir à la fois singuliers et partageables.
Sandra LAUGIER est professeure de philosophie de classe exceptionnelle à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2010 après avoir été professeure à l’université de Picardie Jules Verne (1998-2010). Elle est membre senior de l’institut Universitaire de France depuis 2012, chaire Ethique et pratiques de l’ordinaire (après avoir été membre junior de l’IUF de 1999 à 2004). Elle est directrice adjointe de l’UMR 8103 Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Ancienne élève de l’ENS, agrégée de philosophie, elle a été nommée Chevalière de la Légion d’honneur en 2014. 

Elles font partie de nos vies. Qui n’a pas raconté, discuté voire dévoilé la fin de sa série préférée à ses amis ou collègues ?  Baron Noir, The Crown, Game of Thrones, The Good place… Les séries nous font découvrir les rouages et coulisses de la société et de la vie politique, mais nous invitent surtout à une réflexion et un débat sur le politique lui-même, les rapports sociaux et leurs enjeux éthiques. La série est historiquement un médium mineur, pour jeunes et pour femmes, qui met d’abord en scène l’univers familial ou la sociabilité proche. C’est en passant à la description d’univers professionnels (médicaux, juridiques, policiers, politiques…) que les séries télévisées ont fini par être reconnues pour leur pertinence sociale et politique »  Selon la philosophe Sandra Laugier, les séries télévisées qu’elle analyse dans son dernier livre « Nos vies en série ; Laboratoires d’éveil politique« , édité chez Flammarion, sont des outils d’éducation morale voire de pensée politique et de combat.

Elles ont permis d’ouvrir les yeux sur la société. Elles véhiculent des idées politiques, interrogent la société et ont éveillé de nombreux spectateurs et spectatrices à des sujets concernant. Les séries télévisées éduquent à la perception des façons d’être des personnes et poursuivent ainsi une tâche « pédagogique » tout en donnant voix et place depuis le XXe siècle à une plus large variété de personnages et sujets.   Ainsi, la culture « populaire » n’est plus simple divertissement mais œuvre d’éducation morale et politique. Sandra Laugier, s’appuyant sur les philosophes Stanley Cavell, John Dewey et Robert Warshow, propose une définition de la culture « populaire » : « culture démocratique partagée qui crée des valeurs communes et sert de ressource pour une forme d’éducation de soi – ou plus précisément, une forme de culture de soi, un perfectionnement subjectif ou une subjectivation qui se produit par le partage et le commentaire de matériel ordinaire et public intégré à la vie ordinaire. » Le visionnage de séries se fait sur un temps long et dans la vie quotidienne et ordinaire. Il se produit alors un attachement aux personnages que nous voyons évoluer au fil des épisodes et des saisons. C’est dans la manière d’être des personnages, leurs choix et actions que se déploient des situations éthiques qui peuvent nous éduquer voire nous transformer au fil de la série. La dimension morale des séries n’est pas celle des grands principes, mais se construit à partir de l’expérience ordinaire. Il s’agit d’inventer, personnellement et collectivement au travers des séries, de nouvelles valeurs.

Menace terroriste et espionnage (« Homeland« , « The Americans« , « Le Bureau des légendes« ), ambition personnelle des dirigeants (« Game of Thrones« , « Baron Noir« ), éthique du capitalisme néolibéral (« The Good Place« ), féminisme et intersectionnalité (« Orange is the New Black« , « I May Destroy You« , « Killing Eve« ), conflit israélo-palestinien (« Fauda« , « Our Boys« ), racisme et antisémitisme (« Lupin« , « Watchmen« , « The Plot Against America« ), impact de la fiction sur la réalité géopolitique (« Serviteur du peuple« ), fatalité des inégalités sociales (« The Wire« , « Engrenages« ), menace apocalyptique (« The Walking Dead« ), dérives des nouvelles technologies (« Black Mirror« ), violence du système carcéral (« Orange is the New Black« ) : sur tous ces éléments, les séries fournissent des référents culturels communs forts, qui peuplent conversations ordinaires et débats politiques. Leur impact sur les régimes démocratiques, conçus comme espaces de délibération, de contestation et de transformation sociale, est majeur. Dans le domaine de la série, chaque spectateur constitue une autorité critique et artistique pour construire à partir du visionnage une expérience et un savoir à la fois singuliers et partageables.

Sandra LAUGIER est professeure de philosophie de classe exceptionnelle à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2010 après avoir été professeure à l’université de Picardie Jules Verne (1998-2010). Elle est membre senior de l’institut Universitaire de France depuis 2012, chaire Ethique et pratiques de l’ordinaire (après avoir été membre junior de l’IUF de 1999 à 2004). Elle est directrice adjointe de l’UMR 8103 Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Ancienne élève de l’ENS, agrégée de philosophie, elle a été nommée Chevalière de la Légion d’honneur en 2014.

 

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